Industrie - Christian Estrosi installe les onze comités de filière stratégique
La politique en faveur du "renouveau industriel" se met en marche. Après le lancement de l’Observatoire du "fabriqué en France" (voir notre article du 31 août 2010) et la nomination d’Yvon Jacob comme ambassadeur de l’industrie, Christian Estrosi, ministre chargé de l’Industrie, a installé le 8 septembre les onze comités stratégiques de filière annoncés lors des états généraux de l’industrie (voir notre article du 4 mars 2010). Une "véritable révolution" pour Christian Estrosi, qui regrette que "d’autres aient su la faire avant nous", visant implicitement l'Allemagne. Malgré des indicateurs alarmants (la part des composants français dans les produits fabriqués en France est passée de 75 à 69% en dix ans), le ministre se veut optimiste : "Jusqu’à aujourd’hui, notre système industriel était morcelé en différents secteurs. Désormais, tous les secteurs d’une filière définiront une stratégie commune." Christian Estrosi veut "se battre contre une vision court-termiste financière. Il faut y substituer une vision industrielle à long terme". Les onze comités concernent l'automobile, l'aéronautique, le ferroviaire, la construction navale, les technologies de l’information et de la communication, la mode et le luxe, la santé, les biens de consommation et d'équipement de la maison, la chimie et les matériaux, l'agroalimentaire et, enfin, les éco-industries.
Les vice-présidents des comités, fraîchement nommés, proposeront une liste d’une trentaine de personnes par comité. Parmi elles, des représentants industriels et syndicaux, mais aussi les régions, qui participeront aux travaux car, comme le souligne Christian Estrosi, "il y a une culture de bassin d’emploi, une culture industrielle, une histoire dans chaque territoire".
Comités régionaux de filière
Il est en outre prévu que les travaux nationaux s’appuient sur des comités régionaux de filière proches du terrain. Une fois installés (avant la fin de l’année), ces comités devront présenter une feuille de route et mobiliser les acteurs des filières pour répondre à l’appel à projets qui sera lancé début octobre et doté de 60 millions d’euros de l’Etat (300 millions d'euros avec l'effet de levier attendu). Une opération qui devrait permettre aux entreprises sélectionnées, porteuses de projets structurants, de percevoir une partie de cette manne financière au plus tard au 1er semestre 2012. Les onze comités stratégiques participeront d’ailleurs à la labellisation des projets. Ils contribueront également à la définition d’un étiquetage "fabriqué en France", comme le souhaite Yves Jégo (voir notre article du 7 mai 2010). Car l’objectif essentiel des vingt-trois mesures-phares issues des états généraux de l’industrie est bien de "donner tout son sens au fabriqué en France". Christian Estrosi entend porter le sujet au niveau européen : "Nous avons lancé à Bruxelles le débat sur l’imposition obligatoire d’un 'fabriqué hors d’Europe'."
Mais pour le ministre, ces mesures ne s'apparentent pas à du protectionnisme. Selon lui, "il ne faut pas faire trop d’interventionnisme mais nous devons être un Etat protecteur et accompagnateur tout en laissant le soin aux industriels de définir leur stratégie". C’est en ce sens que Christian Estrosi présidera les onze comités, dont le premier sera mis en place le 16 septembre à Bordeaux lors du salon international des drones : il s’agit du comité stratégique de l’aéronautique.
Muriel Weiss