Culture / Emploi - Si on touche aux intermittents du spectacle, "c'est la guerre"
Dès la première journée de négociation sur la réforme de l'assurance chômage - qui doit déboucher sur un accord avant le 30 juin prochain, sous peine que l'Etat reprenne la main - le dossier des intermittents du spectacle n'a pas manqué d'occuper le devant de la scène. Et tout semble réuni pour que les débats s'annoncent tendus.
Le Medef demande 200 millions d'euros d'économies
Dès l'ouverture de la négociation, le Medef a annoncé son intention de demander la neutralisation du surcoût de ce régime (voir nos articles ci-contre), estimé à 200 millions d'euros. Le Medef n'est toutefois pas le seul à mettre la pression. Certains syndicats de salariés comme la CFDT - de façon bien sûr plus discrète - ne cachent pas vraiment leurs réticences face à un régime qui revient à faire financer le monde de la culture par les cotisations des salariés et des employeurs. Sans aller jusqu'à la position du Medef, plusieurs organisations patronales et syndicales estiment que le régime devra faire un effort, a minima au même niveau que les salariés du régime général.
Pour sa part, la Fédération des entreprises du spectacle vivant (Fesac) - qui représente les employeurs du secteur - se trouve prise entre deux feux. Dans une déclaration rapportée par les Echos, sa présidente, Claire Guillemain, estime que "les partenaires sociaux du spectacle sont prêts à prendre leurs responsabilités, mais il faut un cadrage financier réaliste et tenable. Il ne faut pas oublier que le secteur est en difficulté, a fortiori après les attentats du 13 novembre, qui ont fait chuter l'activité des salles parisiennes".
Risque de prise d'otages pour la saison des festivals
Le son de cloche est bien sûr très différent du côté des intéressés, représentés par la Coordination des intermittents et la CGT (en l'occurrence sa fédération du spectacle), la seule à siéger à la table de l'Unedic.
Denis Ravouil, le représentant de la CGT Spectacle a été particulièrement clair : "Si on nous dit que les 100.000 intermittents doivent faire un quart des économies du régime, soit 200 millions d'euros, c'est la guerre !" De son côté, la Coordination des intermittents du spectacle et des précaires d'Ile-de-France a déjà donné rendez-vous aux intéressés le 24 février, devant la gare Saint-Lazare à Paris, "pour contrer les attaques contre les chômeurs, intermittents et précaires lors des 'négociations' Unedic".
Il faudra pourtant - sauf à risquer une nouvelle crise majeure - que les partenaires arrivent à un accord. Les négociations sur le régime des intermittents - parallèles à celles sur le régime général - doivent débuter par une première séance au Conseil économique, social et environnemental, le 25 février. Elles débuteront sans la lettre de cadrage, qui ne devrait pas être prête avant le 8 mars.
Les collectivités et leurs établissements - qui emploient directement ou indirectement des intermittents - ne sont pas parties prenantes à la négociation. Elles sont pourtant concernées au premier chef par ses résultats. Si la négociation devait mal tourner, ce sont en effet les festivals du printemps et de l'été qui se retrouveraient en première ligne...