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Culture - Intermittents : le gouvernement va signer la convention Unedic et le bras de fer se prépare

Il ne fait plus guère de doute qu'une sérieuse menace pèse sur la saison des festivals, dix ans après le conflit qui avait paralysé tout l'été 2003. Jusqu'à présent, la signature de l'accord sur la réforme de l'assurance chômage et de l'intermittence, en mars dernier, par une partie des partenaires sociaux - CFDT, FO, CFTC et Medef, CGPME et UPA - (voir notre article ci-contre du 25 mars 2014) avait surtout suscité des tensions au sein même de la majorité.
Une partie du groupe socialiste à l'Assemblée - à commencer par Patrick Bloche, président de la commission des affaires culturelles - s'oppose à la ligne du gouvernement et demande au ministre de Travail de ne pas agréer l'accord (voir notre article ci-contre du 25 mars 2014).

Une fin de non recevoir

Mais, alors que les intermittents entament leur mobilisation, François Rebsamen vient d'apporter une fin de non recevoir à cette demande. A l'occasion de la séance de questions au gouvernement du 4 juin 2014, Noël Mamère, député (Ecologiste) de Gironde, s'était étonné de l'absence de prise en compte des rapports sur la question, rédigés par des sénateurs ou des députés. S'adressant au ministre du Travail, le député-maire de Bègles affirmait : " Vous avez signé avec nous un certain nombre de publications et appuyé un certain nombre de manifestations pour soutenir le statut des intermittents : ces derniers ont aujourd'hui le sentiment d'être trahis". Comme une partie du groupe socialiste, il lui demande surtout de ne pas agréer les dispositions de l'accord relatives aux intermittents.
Dans sa réponse, François Rebsamen se félicite d'une question qui "va [lui] permettre de dire les choses le plus clairement possible devant la représentation nationale". Promesse tenue avec une réponse sans aucune ambiguïté : le ministre du Travail va bien agréer la totalité de la convention. Il s'en explique en avançant plusieurs arguments. D'une part, l'accord "sauvegarde [...] le régime d'indemnisation des intermittents, dont [...] l'existence même était gravement menacée par le Medef depuis 2003".
D'autre part, cet accord "garantit l'essentiel des droits à l'indemnisation des intermittents et protège notamment les plus précaires d'entre eux", le ministre affirmant que les trois quarts des artistes et la moitié des techniciens ne sont pas concernés par l'effort demandé. Enfin, l'accord a été signé "par une large majorité de partenaires sociaux" et "il s'agit donc d'un accord majoritaire".

Dernier avertissement avant le conflit

François Rebsamen a beau préciser, dans sa réponse, qu'il va prendre "dans les jours qui viennent" - avec Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture - "des initiatives pour renouer le dialogue avec les intermittents", cette annonce officielle de l'agrément de l'accord passera inévitablement pour une provocation aux yeux des intermittents.
Ceux-ci n'ont d'ailleurs pas attendu cette déclaration pour commencer à se mobiliser. A l'origine, ils menaçaient d'intervenir uniquement dans les manifestations culturelles se déroulant en présence d'un membre du gouvernement. Mais le champ de leur intervention a vite été élargi.
Outre la perturbation de l'inauguration du musée Soulages à Rodez par le chef de l'Etat, le Printemps des comédiens de Montpellier, qui devait s'ouvrir le 3 juin, a ainsi été le premier festival à faire les frais de la résurgence du conflit des intermittents du spectacle. Il ne devrait pas être le dernier...
La pression monte également du côté des politiques - Martine Aubry, Anne Hidalgo et Cécile Helle, la nouvelle maire d'Avignon, font partie des signataires de la lettre à Manuel Valls -, mais aussi du côté du monde de la culture : une soixantaine de directeurs de théâtres et de festivals viennent ainsi de publier une tribune libre dans le quotidien Libération. L'inquiétude commence aussi à monter du côté des élus locaux qui n'ont pas oublié que le conflit de 2003 avait conduit à l'annulation - entre autres - des festivals d'Avignon, d'Aix-en-Provence et des Francofolies de La Rochelle...

 

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