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Culture - La culture est aussi une industrie (et dynamique en plus !)

"Le cinéma est aussi une industrie", disait Malraux. Pour ouvrir son étude sur le premier panorama des industries culturelles et créatives en France, Ernst & Young aurait pu paraphraser la célèbre formule. La société conseil a préféré l'intituler "Au cœur du rayonnement et de la compétitivité de la France". Placé sous le haut patronage du chef de l'Etat, ce document de 80 pages a été présenté, le 8 novembre, dans les locaux de la Sacem. Il a été réalisé à l'initiative de France Créative, qui regroupe les principales fédérations et organisations professionnelles du secteur. Et il montre surtout que la culture et la création ne sont pas seulement des gouffres à subventions, mais aussi une industrie dynamique et porteuse d'avenir.

74,6 milliards d'euros de CA et 1,2 million d'emplois

On retiendra d'abord le chiffre qui frappe : les industries culturelles et créatives (ICC) représentent un chiffre d'affaires de 74,6 milliards d'euros (chiffres 2011). Même si ces comparaisons n'ont pas toujours beaucoup de sens du fait de l'intégration des activités indirectes, c'est plus que le luxe (52 milliards d'euros), l'automobile (59 milliards), la chimie (62 milliards) ou les télécommunications (67 milliards). Et c'est presque autant que l'immobilier (75 milliards d'euros) ou l'hébergement et la restauration (77 milliards).
En termes de main d'œuvre, le secteur emploie environ 1,2 million de personnes, soit 5% de l'emploi intérieur total (92% d'emplois directs et 8% d'emplois indirects). Des emplois qui ne sont que faiblement délocalisables et une activité qui progresse, depuis 2000, deux à trois fois plus vite que le PIB. Ainsi que l'explique Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, dans sa préface à l'étude, "la culture est un espace d'émotion individuelle et d'émancipation collective mais c'est aussi pour la France un atout majeur car c'est un formidable vecteur de croissance générant des retombées économiques infiniment supérieures aux investissements mobilisés".

Les arts graphiques et plastiques en tête

Cet ensemble de 74,6 milliards d'euros regroupe neuf composantes assez disparates, qui font chacune l'objet d'une monographie dans le rapport. La plus importante ne laisse pas de surprendre, puisqu'il s'agit des arts graphiques et plastiques, avec une activité de 19,8 milliards d'euros - 26,5% du total - et 307.716 emplois. Ce secteur recouvre notamment l'activité des architectes (6,6 milliards), les revenus des artistes (5 milliards, avec en particulier six plasticiens français dans le Top 100 mondial), les marchands d'art, les activités photographiques et de design, les recettes des musées (456 millions d'euros), mais aussi les subventions de l'Etat et des collectivités aux arts visuels et à l'achat d'œuvres (1,19 milliard).
De façon moins surprenante, la télévision constitue le second secteur des ICC, avec 14,9 milliards d'euros et 176.467 emplois. Outre les revenus des chaînes de télévision, ce secteur inclut les ventes de matériels vidéos et tablettes tactiles, ainsi que la production de films institutionnels et publicitaires.
Troisième composante : l'édition presse et magazine, avec 10,7 milliards d'euros et 101.933 emplois. Un secteur "qui subit durement les effets de la crise, mais relève activement le défi du numérique". La musique se classe au quatrième rang, avec 8,6 milliards d'euros (y compris la vente de matériel audio) et 240.874 emplois (parmi lesquels 187.756 auteurs, compositeurs, artistes, interprètes et techniciens hors emplois permanents, dont ce n'est sans doute pas la seule source de revenus).

Le spectacle vivant fortement soutenu par les collectivités

Juste derrière vient le spectacle vivant, avec 8,4 milliards d'euros et 267.713 emplois. Ses 5,99 milliards de chiffre d'affaires direct viennent, pour 2,34 milliards, des subventions des collectivités locales et, pour 663 millions d'euros, de celles de l'Etat. Les recettes de billetterie représentent, pour leur part, 2,98 milliards. Les 2,39 milliards de CA connexe correspondent aux retombées indirectes sur les hébergements, les consommations...
Le livre se classe au sixième rang avec 5,6 milliards d'euros - dont les 129 millions d'euros d'achats des bibliothèques de collectivités - et 79.613 emplois. "Champion à l'exportation", le jeu vidéo est la septième composante, avec 4,99 milliards d'euros de CA et 23.635 emplois (ce qui en fait aussi le secteur affichant la plus forte productivité).
Le cinéma n'occupe que le huitième rang, avec 4,38 milliards d'euros et 105.890 emplois. Un secteur qui peut compter sur "des spectateurs toujours assidus en France", mais qui "doit conforter son rayonnement international). Enfin, la radio ferme la marche, avec 1,59 milliard d'euros de CA et 17.450 emplois.

Champions du monde

Sans atteindre la puissance du "soft power" américain, la France occupe quelques positions fortes sur le plan international. Elle compte ainsi la première entreprise mondiale de production et d'édition musicale (Universal), le deuxième groupe d'édition (Hachette) et le troisième groupe de jeux vidéos (Ubisoft). Elle est aussi le deuxième exportateur de films (derrière les Etats-Unis), le troisième producteur mondial de cinéma et de films d'animation, le quatrième marché de l'art dans le monde et compte le premier télédiffuseur européen (TF1).
Enfin la France possède le deuxième répertoire musical le plus diffusé au monde après le répertoire anglo-saxon (mais très, très loin derrière...). 

 

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