Culture - Conférence sur l'emploi dans le spectacle : pour Manuel Valls, "la crise de l'été 2014 doit être la dernière"
Ouverte par Manuel Valls et clôturée par Fleur Pellerin, la conférence pour l'emploi dans le spectacle s'est tenue les 15 et 16 octobre à la Cité des sciences et de l'industrie, à Paris. L'objectif de cette réunion était clairement affiché : "bâtir un cadre stabilisé et sécurisé pour les intermittents du spectacle", dans le prolongement du rapport au titre identique, remis au Premier ministre par Hortense Archambault, Jean-Denis Combrexelle et Jean-Patrick Gille (voir notre article ci-contre du 8 janvier 2015).
Attention à l'échéance du 30 mars 2016
Dans son allocution, le Premier ministre a d'ailleurs rappelé "le travail en profondeur que nous menons pour donner aux intermittents et à leur régime d'assurance chômage une plus grande stabilité" et affirmé que "la crise de l'été 2014 doit être la dernière". Il a également insisté sur l'échéance du 30 mars 2016 pour la conclusion d'un accord entre les partenaires sociaux sur la définition des métiers éligibles aux annexes 8 et 10 de la convention d'assurance chômage et sur "la délimitation du recours au CDD d'usage pour lutter contre les abus qui fragilisent tout le système". Manuel Valls a "appelé chacun à être au rendrez-vous", tout en soulignant que, depuis la dernière réunion des partenaires sociaux le 9 juin, "certaines organisations ont joué le jeu... d'autres moins".
Deux précautions valant mieux qu'une, le Premier ministre a demandé à Fleur Pellerin et à Myriam El Khomri, la ministre du Travail et de l'Emploi, d'organiser une nouvelle réunion des partenaires sociaux du spectacle au mois de décembre. Il a également invité les participants à travailler sur le "fonds de développement de l'emploi", qui sera alimenté par les sommes consacrées aujourd'hui à la prise en charge du différé d'indemnisation et qui n'auront plus lieu d'être avec la prochaine convention d'assurance chômage.
Un secteur qui croît deux fois plus vite que l'économie nationale
Au-delà de cette nouvelle marque d'attention en direction des intermittents du spectacle, la conférence a également été l'occasion de faire un point plus général sur la situation de l'emploi dans ce secteur. Le ministère a en effet publié à cette occasion des "Eléments de diagnostic sur la situation des entreprises et de l'emploi dans le spectacle vivant, l'audiovisuel et le cinéma", regroupant de nombreuses statistiques et informations sur la question.
Il apparaît ainsi que le secteur du spectacle croît, depuis vingt ans, deux fois plus vite que l'économie nationale et représente désormais 40,5 milliards d'euros et une valeur ajoutée de 20 milliards, "ce qui équivaut à la valeur ajoutée de la construction aéronautique, navale et ferroviaire (22,6 milliards en 2014)".
Sur l'emploi, le document montre notamment que le nombre de CDI a augmenté de 39% depuis 2000 et que ces derniers représentent dorénavant 46% de la masse salariale du secteur. Pour leur part, les intermittents ont effectué en moyenne 16,4 contrats en 2014, un chiffre quatre fois supérieur à celui de 1987, mais "avec une durée moyenne fortement réduite" (4,3 jours en 2007 contre 18,8 jours en 1986). Par ailleurs, environ 90.000 intermittents sont employés moins de 48 heures par an.
Cette hausse se retrouve également chez les non salariés : en 2011, 17.000 personnes déclaraient une activité non salariée dans le secteur du spectacle, soit 7.000 de plus qu'en 2008. Une envolée spectaculaire qui s'explique essentiellement par l'arrivée des auto-entrepreneurs, qui représentent désormais 41% des non salariés.
Enfin, côté employeurs, le document recense 30.000 entreprises de spectacle, dont 65% avec une masse salariale brute annuelle inférieure à 30.000 euros.