Archives

Concertation sur l'école - Lutter contre l'échec scolaire dès le berceau

L'institut Montaigne suggère de créer, en trois ans, 15.000 places en crèches dans les zones urbaines sensibles (ZUS), dans une note destinée à alimenter la concertation sur l'école lancée par Vincent Peillon (voir notre article du 4 juillet ci-contre). Si le document est intitulé "Contribution à la concertation sur l'école : priorité au primaire", l'institut ne s'interdit pas de proposer des pistes de changement avant même la vie scolaire, estimant que "l'acquisition des connaissances se fait dès les premiers mois de la vie" et que "le développement de structures d'accueil des enfants centrées sur l'acquisition des premières connaissances cognitives et langagières est essentiel à leur éveil", explique le groupe de réflexion.

15.000 places en crèches, 690 millions d'euros

Le coût de ces 15.000 places supplémentaires dans les ZUS en trois ans est estimé à 690 millions d'euros, dont 330 millions de frais de construction et 360 millions d'euros de fonctionnement. "Une fois l'ensemble de ces places disponibles, seules les dépenses de fonctionnement demeureraient, à hauteur de 180 millions d'euros pas an", tempère l'institut. Il compte pour cela sur "une partie des 60.000 emplois publics que le gouvernement souhaite dédier à l'éducation".
Dans sa simulation, l'institut n'oublie pas de mentionner les "gains économiques et sociaux probables" en termes de créations d'emploi directes (80% des dépenses d'accueil correspondent à des dépenses de personnel) et indirectes, prévoyant que "les places d'accueil ainsi créées permettraient de donner aux mères de famille la possibilité de travailler".
L'institut Montaigne encourage également à engager des démarches expérimentales sur "les ponts à construire entre le secteur de la petite enfance et les apprentissages de l'école primaire". Ce qui permettrait de "faire progresser notre savoir sur les gestes pédagogiques qui contribuent au meilleur développement possible des compétences prédictives de la lecture".

L'école primaire, le maillon faible

Car "l'école primaire reste le maillon faible du système éducatif français où s'aggravent les inégalités et se forment les difficultés qui perdurent tout au long de la scolarité". Se référant à une étude de l'OCDE menée en 1996, l'institut Montaigne rappelle que le coût d'un élève français de primaire est plus faible que celui de ses voisins européens (en raison des moindres coûts d'encadrement) alors que la situation est inverse au lycée du fait du développement des options : "Le lycée bénéficie d'un investissement plus grand alors qu'une grande partie de la génération s'est déjà évaporée", résume le groupe de réflexion, estimant que "les possibilités de réallocation devraient être engagées du secondaire supérieur (le lycée) vers l'école primaire et la maternelle".
Concernant le débat sur les rythmes scolaires en primaire, l'institut Montaigne milite pour "une année scolaire plus ample et moins dense" : semaine de cinq jours incluant le mercredi ; 20 heures hebdomadaires maximum au moins jusqu'au CE2 ; deux semaines de plus dans l'année scolaire, avec un calendrier de sept à huit semaines de cours suivies de deux semaines de vacances, ce qui impliquerait de passer de trois à deux zones. Des propositions déjà exprimées dans une contribution publiée en avril 2010 intitulée "Vaincre l'échec à l'école primaire".

Une promesse d'ascension sociale non tenue

Inscrit dans la continuité d'une enquête réalisée sur le territoire de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil, publiée en octobre dernier (voir notre article du 5 octobre 2011 ci-contre), la contribution de l'institut Montaigne revient sur un des enseignements des émeutes de l'automne 2005 : "L'école perçue comme le lieu de promesse d'ascension sociale non tenue, faisait l'objet d'une haine particulière de la part de certains jeunes galériens" exprimée par le nombre d'établissements scolaires pris pour cibles et un rejet (toujours vivace au moment de l'enquête) contre la personne du conseiller d'orientation, "loin devant les policiers".
En 2009, seuls 50,6% des collégiens scolarisés dans l'un des 254 "réseaux d'ambition réussite" maîtrisaient les compétences requises en français, contre 81,1% dans les autres collèges. Autre indicateur de cette "école à deux vitesses" : 29% des élèves de ZUS sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification, contre 20% pour l'ensemble des élèves français. Un coût pour la société : "Délitement de la cohésion sociale, hausse des allocations chômage et des minima sociaux, délinquance, etc.", égrène l'institut.

 

Téléchargements

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis