Education - Rythmes scolaires : "surprises", les villes demandent une approche "globale"
"Il est proposé de rallonger de deux jours et demi les vacances de la Toussaint et de répartir ces journées sur le reste de l’année scolaire", indiquait le ministère de l'Education nationale le 14 juin (voir notre article ci-contre). Sauf qu'un peu plus tard dans la journée, le Premier ministre nuançait sensiblement les choses : l'allongement des vacances de la Toussaint n'est que l'une "des pistes", la concertation va "commencer", a déclaré Jean-Marc Ayrault à Angers, disant "espérer qu'elle pourra se conclure positivement". "Quand on dit qu'on va se concerter, il faut aussi annoncer quelques orientations", a-t-il poursuivi. Dans l'entourage du Premier ministre, on assure qu'il ne s'agissait "pas d'un recadrage" de Vincent Peillon.
On sait que le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) opte très majoritairement pour un allongement des vacances de la Toussaint… mais que des voix divergentes s'élèvent, y compris au sein même du CSE, où certains estiment que le problème des rythmes scolaires doit être pris dans sa "globalité".
"Il est indispensable que l’organisation des rythmes de vie de l’enfant soit réfléchie dans sa globalité et non pas de façon partielle, permettant un réel rééquilibrage des temps et une véritable cohérence dans les actions menées, en faveur d’une continuité éducative porteuse de réussite scolaire et éducative", explique de même l'Association nationale des directeurs de l'éducation des villes (Andev) qui, dans un communiqué diffusé le 14 juin au soir, ne peut que "s'interroger" sur la méthode choisie…
L'Andev avait en effet été invitée au ministère la veille, le 13 juin, pour présenter sa position sur l'aménagement des rythmes scolaires. Une entrevue au cours de laquelle l'association a fait valoir la vision des collectivités locales qu’elle représente à travers leurs directeurs de l’éducation. Elle indique ainsi avoir insisté sur la nécessité d’un engagement de l’Etat "respectueux des territoires", plaidant pour "la mise en place d’un cadre national et sa déclinaison concertée à l’échelon local, la prise en compte du temps de l’enfant dans sa globalité - bannissant de ce fait la segmentation des décisions -, un temps de service public national d’éducation augmenté et articulé - Etat et collectivités - et, enfin, la reconnaissance du savoir-faire des territoires".
Sur le fond, l'Andev se dit favorable au cadencement basé sur le principe "sept semaines de classe, deux semaines de vacances". Mais quid des conséquences pratiques si un changement devait intervenir dès la Toussaint 2012 ? Car tout le monde n'y pense pas forcément, mais de nombreuses communes "ont déjà organisé leur calendrier et leurs prévisions budgétaires et d’effectifs pour ces congés de novembre 2012". On sait en effet notamment que la gestion des emplois temporaires pour les centres de loisirs se fait très en amont…
Même chose – et même "surprise" de la part de l'Andev – lorsque le ministre évoque une pause méridienne d'une heure trente au minimum. L'impact sur l'organisation de la restauration scolaire est évident. Les directeurs de l'éducation, qui se disent favorables à ce que la pause méridienne "devienne un temps éducatif plein et entier", se posent aussi des questions quant aux conséquences sur l'aide personnalisée : "S’agit-il de reporter l’aide personnalisée le matin ou le soir, ou bien encore d’obliger les communes à élargir la pause méridienne à deux heures, sans autre considération, ou bien enfin de supprimer cette aide personnalisée, par ailleurs décriée par certains ?" Pour l'Andev, aucune de ces trois hypothèses ne semble satisfaisante, "que ce soit du point de vue du respect dû aux collectivités territoriales ou de celui dû à cette aide personnalisée qui semblait prometteuse pour la réussite des enfants, à condition qu’elle soit réinscrite dans le temps scolaire".