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Education - "Refondation de l'école" : quatre groupes de travail, des enjeux pour les collectivités

Le ministre de l'Education nationale et le Premier ministre ont lancé de concert jeudi 5 juillet à la Sorbonne la concertation pour la refondation de l'école. Une concertation que Vincent Peillon a qualifiée de "démarche totalement inédite" à l'issue de laquelle un rapport sera présenté début octobre, servant ensuite de base à un projet de loi d'orientation et de programmation pour l'automne. "Cette loi sera la colonne vertébrale (…). D'autres engagements du gouvernement, ne relevant pas du domaine législatif, accompagneront cette démarche", précise le ministère. "Après le moment de la loi, viendra aussi le moment de la négociation", notamment avec les organisations syndicales, a ajouté le ministre.
"Il ne s'agit pas de faire un énième débat sur l'école qui commencerait par un état des lieux. L'état des lieux de l'école, il est connu, globalement il est même plutôt partagé", a assuré Bruno Julliard, conseiller de Vincent Peillon. Le comité de pilotage est composé de Nathalie Mons, spécialiste des politiques publiques d'éducation, Christian Forestier, ancien recteur, Marie-Françoise Colombani, journaliste, et François Bonneau, vice-président délégué de l'Association des régions de France (ARF), où il préside la commission éducation. "Vingt-deux ministères vont être impliqués", a ajouté Vincent Peillon, en présence de la ministre déléguée à la Réussite éducative, George Pau-Langevin, et de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso.
Plus de 400 personnes sont invitées à prendre part aux travaux, parmi lesquelles les syndicats d'enseignants, les fédérations de parents d'élèves, des chercheurs, les organisations de lycéens et d'étudiants, des représentants du monde économique... et les associations d'élus locaux. La liste diffusée par le ministère mentionne ainsi l'AMF, l'ADF, l'ARF, l'ADCF, l'AMGVF, l'Association des maires ruraux, les élus de la montagne et les élus du littoral. L'Association nationale des directeurs de l'éducation des villes (Andev) est également de la partie, de même l'Observatoire des ZEP ou de grands acteurs de l'éducation populaire et du périscolaire tels que La Ligue de l'Enseignement, les Francs ou la Fédération Léo Lagrange.

"Prendre en compte les liens de plus en plus étroits" avec les collectivités

Le tout doit être organisé en quatre groupes de travail autour de quatre intitulés : "la réussite scolaire pour tous" (du primaire au lycée et à la formation professionnelle initiale), "les élèves au cœur de la refondation", "un système éducatif juste et efficace", "des personnels formés et reconnus". Si les trois premiers intitulés semblent un peu "fourre-tout", la liste des questions devant y être abordées permet d'en savoir un peu plus.
Le troisième groupe de travail est sans doute celui qui intéressera le plus les collectivités. Il y sera notamment question de la carte scolaire et donc de "la manière de réduire les disparités et de mieux cibler l'action sur les établissements en difficulté", entre autres les établissements d'éducation prioritaire.
Il y sera aussi question de "gouvernance" : "L'autonomie des établissements doit-elle s'accroître, sur quels aspects, pour quels objectifs et à quelles conditions ?", interroge le ministère, qui juge que les propositions en termes de rénovation de la gouvernance du système éducatif "devraient prendre en compte les liens de plus en plus étroits tissés au cours du temps entre l'éducation nationale et des acteurs institutionnels - notamment les collectivités territoriales - ou associatifs de types multiples et aux activités très variées". "C'est donc l'ensemble des instruments de pilotage du système éducatif, aux différents niveaux d'intervention (ministère, rectorat, établissement), dans une logique d'école ouverte à tous ses partenaires, qu'il conviendrait de réexaminer", est-il indiqué. Ce même groupe de travail s'intéressera par ailleurs au numérique.
La fameuse question des rythmes scolaires fera quant à elle partie du champ du deuxième groupe de travail ("Les élèves au cœur de la refondation"). La feuille de route explique qu'il s'agira de "s'interroger sur les modalités les mieux à même de créer un nouvel équilibre des temps de l'enfant, scolaire, périscolaire, familial" et, notamment, de "tenir compte de l'impact en termes financiers des différentes options et proposer des modalités de répartition des charges entre les différentes parties prenantes". "Il ne s'agit cependant pas d'une simple question d'horaires scolaires ou d'emploi du temps, mais bien de concevoir en s'appuyant sur cet aménagement un projet éducatif global, avec l'ensemble des partenaires locaux et des associations", assure le ministère.
Chacun des groupes de travail est invité à se réunir une à deux fois par semaine jusqu'en septembre. Parallèlement, des "initiatives décentralisées" seront organisées sous forme "de forums et de débats ouverts, co-organisés avec des partenaires". Le ministère précise les choses en ces termes : la concertation "fera également partie d'une mobilisation territoriale conduite par les autorités académiques, en partenariat étroit avec les collectivités territoriales, de façon notamment à mettre en lumière les initiatives et les propositions de tous les acteurs qui (…) conduisent de longue date des actions innovantes et efficaces".