Habitat - Logement des jeunes : génération galère
La CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) publie, en partenariat avec Studyrama, les résultats d'une enquête sur le logement des jeunes, réalisée auprès d'un échantillon de 648 personnes de 18 à 27 ans. Même si l'échantillon sur-pondère fortement les étudiants - 72% des répondants, contre 11,8% de salariés et 10% en recherche d'emploi -, les résultats n'en sont pas moins représentatifs des difficultés des jeunes dans l'accès au logement, qui ne sont pas loin de valoir celles de l'accès à l'emploi.
Parcours du combattant et dérives en tout genre
La difficulté réside d'ailleurs moins dans l'obtention proprement dite d'un logement - 49,6% l'ont trouvé en moins d'un mois et seuls 2,4% ont mis plus de six mois - que dans les conditions imposées et dans la qualité des logements trouvés. Ainsi, 80% des répondants disent avoir rencontré des difficultés dans leur accès à un logement : en majorité à cause de loyers trop élevés (43,7%), du peu d'offres disponibles (23,9%) et en raison du mauvais état des logements proposés (22,9%). Les documents demandés sont également jugés trop nombreux et intrusifs (16,5%) et la difficulté pour présenter une caution - donnée par les parents dans 81% des cas - est également citée (14,6%). Dans 10,4% des cas, le bailleur a demandé des garanties financières (sommes bloquées...) ou, dans 2,6% des cas, a refusé la GRL (garantie des risques locatifs). L'enquête fait même apparaître quelques demandes inhabituelles ou illégales, même si elles ne sont pas majoritaires : un an de loyer d'avance, le numéro de sécurité sociale, les résultats de l'entreprise des parents, le certificat de naissance, l'avis de taxe foncière des parents... De même, le chèque de réservation, interdit par la réglementation, a pourtant été réclamé à un tiers de l'échantillon (et 90% l'ont versé). En revanche, des mécanismes mutualisés comme la GRL ou Locapass restent très marginaux, puisqu'ils ne représentent respectivement que 0,7% et 2% des cautions. Comme s'interroge suavement la CLCV, "les propriétaires bailleurs qui louent des petites surfaces n'auraient-ils pas tendance à profiter de la population à laquelle ils s'adressent ?".
L'encadrement des loyers plébiscité
Au final, 67% des répondants vivent dans le parc privé, 28% en résidence étudiante ou universitaire et seulement 5% dans le parc social. En termes de statut, 48% sont en location, 23,5% en colocation, 13,2% en résidence universitaire, 7,8% en "chambre d'étudiant", 2,5% en foyer de jeunes travailleurs, 2,3% en chambre chez l'habitant... Près de la moitié de ces logements comportent une pièce et 27% deux pièces. Le logement était vide à l'entrée dans 54% des cas et meublé dans 46% des cas.
Côté finances, la part du loyer dans les dépenses des jeunes reste considérable : un tiers des répondants y consacre entre 30 et 50% de ses ressources et un tiers plus de 50%. L'aide au logement est toutefois perçue dans 75% des cas.
Enfin, confrontés à une liste de propositions pour améliorer le logement des jeunes, les 18-27 ans plébiscitent le renforcement de l'encadrement des loyers (33,4% de citations). Viennent ensuite l'augmentation des aides au logement (26,4%), l'aide dans les démarches à entreprendre (25%), l'augmentation du nombre de logements construits (21,3%), la création d'un système de cautionnement pour les jeunes (20%), la réservation accrue de logement pour les étudiants (18,7%), un meilleur accès au logement social (18,3%)...