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Habitat - Logement des jeunes : pas de solution miracle...

A l'occasion de l'assemblée générale de l'Anil, les acteurs du logement se sont penchés sur la problématique du logement des jeunes. Selon eux, seul un panel diversifié de solutions sera efficace. A condition de mobiliser les collectivités, dont la posture sur cette question serait parfois "ambiguë".

A l'occasion de l'assemblée générale de l'Association nationale pour l'information sur le logement (Anil), le 29 novembre 2011, les acteurs du secteur ont fait le point sur la situation des jeunes, sous l'intitulé "Jeune cherche logement désespérément". Si les données sur le logement des jeunes ne sont pas récentes, puisqu'elles datent de 2006, elles donnent toutefois des indications utiles. Ainsi, en 2006, 46,1% des jeunes adultes âgés de 18 à 30 ans vivaient chez leurs parents. Une proportion qui diminue avec l'âge : de 95% à 18 ans, elle n'est plus que de 10% à 30 ans.
"La France figure parmi les pays européens où les jeunes accèdent le plus rapidement à l'indépendance résidentielle, devant des pays européens comme l'Espagne, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne, mais le parcours est semé d'embuches et de difficultés qui ne sont pas nouvelles", a souligné Martine Rullier, directrice de l'association départementale d'information pour le logement (Adil) de Paris. Parmi ces difficultés : la faiblesse des revenus des jeunes, leur instabilité et l'absence de garantie. Sans compter toutes les arnaques et dérives auxquelles les jeunes ont à faire face dans leur parcours pour trouver un logement, comme la mise en place par des bailleurs frauduleux de mandats, ou les abus réalisés par certains marchands de listes, une profession qui a pourtant été réglementée à nouveau en 2004…
Des solutions sont mises en place pour tenter de faciliter le parcours des jeunes. Une nouvelle taxe sur les microsurfaces dont le prix est trop élevé a ainsi été mise en place dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012. Avec ce dispositif, les bailleurs des surfaces inférieures à 13 mètres carrés dont le loyer est compris entre 35 et 45 euros par mètre carré, dans les villes en pénurie de logements, paieront une taxe de 10 à 40% en fonction du niveau de loyer pratiqué. Cette taxe "n'a pas vocation à rapporter de l'argent à l'Etat, a précisé Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement. Le but est de faire baisser les prix de ces surfaces."

Eviter de créer des ghettos étudiants

Autres outils mis en place, cette fois dans le cadre du projet de loi sur la consommation : pour une colocation, la possibilité de reprise d'un bail existant d'un colocataire par un autre, pour éviter que le colocataire sur le départ ne reste responsable de la caution collective. D'autres solutions ont été mises en avant comme la colocation intergénérationnelle, la construction de nouveaux logements moins chers, ou encore l'augmentation des capacités des résidences étudiants. Mais tous les acteurs s'accordent sur un point. "Il n'y a pas de solution miracle pour le logement des jeunes, nous devons offrir un panel de solutions", comme l'a résumé Etienne Crépon, directeur de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages au ministère de l'Ecologie, qui a également cherché à relativiser la problématique. "On a de vraies problématiques sur quelques territoires mais ce n'est pas une généralité sur l'ensemble de la France, c'est une problématique très territorialisée", a-t-il ainsi insisté.
D'où l'importance du rôle des collectivités territoriales, qui, selon certains, ont parfois une position ambiguë sur le sujet. "Certains élus ne veulent pas de logements Crous car ils ne font pas l'objet de taxe d'habitation", a affirmé Emmanuelle Cosse, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France, chargée du logement, de l'habitat, du renouvellement urbain et de l'action foncière. Une remarque partagée par Thierry Bert, délégué général de l'Union sociale pour l'habitat, qui insiste sur ce "discours pas si clair des collectivités" et qui propose de "se mettre autour d'une table pour décider enfin de qui paye quoi." Quant à l'idée de créer des logements pour des publics spécifiques, le ministre n'y est pas favorable, estimant que l'on risque de créer des "ghettos étudiants". "Je reste convaincu que la diversité est une réponse aux besoins des jeunes", a ainsi souligné Benoist Apparu. En revanche, le secrétaire d'Etat propose de lancer une réflexion autour des trois types d'aides au logement actuellement à disposition des jeunes : l'aide fiscale, l'aide personnalisée au logement (APL) et les bourses étudiantes. "Faudrait-il globaliser ces aides ou bien les garder telles quelles ? C'est un champ de réflexion à ouvrir pour les années à venir", a-t-il signalé.