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Logement des jeunes - De la génération "Tanguy" à la génération "Boomerang"

L'émancipation sera le thème des 3es assises nationales pour l'habitat des jeunes organisées le 16 novembre, à Toulouse, par l'Unhaj (Union nationale pour l'habitat des jeunes). Son président, Patrick Quinqueton, invite à "se départir de l'effet Tanguy". Il lui préfère le concept d' "effet boomerang", "moins sympathique" mais davantage conforme à "la réalité des jeunes de plus de 25 ans qui retournent chez leurs parents après une première expérience professionnelle". Une situation qui "pose de vrais problèmes, notamment sur la question du lien familial et de l'indépendance" et qui n'est que le symptôme des difficultés d'accès au marché de l'emploi et du logement, accompagné du "sentiment que l'avenir ne sera pas forcément rose".

Solidarités intrafamiliales : en avoir ou pas

Par exemple, fait nouveau, "les retraites sont un sujet d'inquiétude pour un jeune de 20 ans !", se désole Patrick Quinqueton. "L'appréciation par rapport au travail évolue : le jeune cherche un revenu mais aussi un rôle dans la société", observe Salim Didane. Le directeur prospective et développement de l'Unhaj remarque également un bouleversement du rapport à l'argent dans les solidarités intrafamiliales. "A revenu équivalent, un jeune qui ne bénéficie pas du soutien potentiel de ses parents est beaucoup plus stressé que celui qui sait qu'il peut compter sur eux", précise-t-il, déflorant les résultats d'une enquête de l'Unhaj à paraître à l'occasion du congrès. "Il y a 30 ans, un étudiant logé dans un gourbi savait que cela était provisoire. Aujourd'hui, il craint d'y rester toute sa vie", ajoute Nadine Dussert, directrice générale de l'Union.

Changer de grille de lecture

Il n'est pourtant pas question, pour ces permanents et militants se revendiquant du mouvement d'éducation populaire (et "non pas de la culture de l'intervention sociale", précise Nadine Dussert), de faire dans le misérabilisme. L'idée est plutôt de modifier leur grille de lecture de la jeunesse en prenant en compte ce que produit de nouveau la précarité contemporaine. Leur objectif est de continuer à proposer aux jeunes que l'Unhaj accueille via ses 330 adhérents (associations, fondations et de plus en plus de CCAS), les conditions "pour qu'ils puissent construire leurs parcours de vie". Considérant le logement comme "un processus vers l'autonomie", les adhérents proposent 42.000 logements sous forme de résidences sociales (type foyers de jeunes travailleurs) et/ou d'appartements dans le parc public et privé, systématiquement accompagnés d'un ensemble de services (accès à l'emploi, aide à la mobilité, aux transports, santé, restauration, culture, sports, citoyenneté...). Par le biais de leurs services logement et CLLAJ (comité local pour le logement autonome des jeunes), ils accompagnent aussi parfois les résidents dans leur accès à un logement autonome.

"Situation incertaine recherche logement stable"

Lors des prochaines Assises nationales pour l'habitat des jeunes, une table ronde sera consacrée à la question "Quand l'incertitude et l'instabilité deviennent la norme : quel sens donner à l'émancipation ?", avec une première séquence sur le thème "Situation incertaine recherche logement stable" dans laquelle interviendront notamment Thierry Bert, délégué général de l'USH, Stéphane Carassou, vice-président en charge de l'habitat au Grand Toulouse et Jean Brosset directeur d'Habitat Jeunes Montluçon. 
Acteurs associatifs, sociologues, chercheurs, économistes et élus viendront s'exprimer et débattre du sujet avec en toile de fond les résultats de l'enquête "Emancipation: les jeunes ont la parole" effectuée par l'Unhaj auprès de jeunes de 16 à 30 ans, répartis sur tout le territoire, qui se sont exprimés sur la notion de l'émancipation et la façon dont ils appréhendent leurs contraintes affectives, financières ou matérielles. L'Unhaj souhaite que cette journée soit l'occasion d'initier un débat national sur la difficulté de la jeunesse d'aujourd'hui de s'émanciper face au difficile marché de l'emploi, de l'immoblier et ainsi permettre de faire avancer la question de la place des jeunes dans notre société et ce qui pourrait faciliter justement leur émancipation.