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Habitat - Comment aider les apprentis à se loger dans le monde rural ?

Les apprentis n'ont pas seulement besoin d'une entreprise et d'un centre de formation : il leur faut aussi trouver un (et parfois deux) logement à proximité de leurs lieux de travail et d'étude. Tel est le constat qu'ont fait conjointement l'Association des maires ruraux de France (AMRF) et l'Assemblée permanente des chambres des métiers (APCM). Ces deux structures viennent de signer un accord-cadre afin de faciliter l'accès au logement des apprentis en zone rurale.

 

Une accumulation de difficultés qui peut conduire à des ruptures de contrat

Le problème est en effet de taille : les apprentis en zone rurale sont souvent jeunes (beaucoup de 16-20 ans), ont des revenus modestes (de l'ordre de 500 ou 600 euros) et doivent se loger à la fois à proximité de lieu de formation et de leur lieu de travail. Donc avoir au moins un logement si ce n'est deux. De plus, certains secteurs ont des contraintes bien spécifiques : les entreprises loin des villes peinent à recruter des apprentis, notamment lorsque le travail se fait en horaires décalés (boulangerie, restauration, par exemple). Même problème pour les exploitations agricoles, pour lesquelles les difficultés d'accès en transport en commun imposent des trajets en deux-roues longs et dangereux.
Sans oublier que ces jeunes, qui quittent tout juste le monde scolaire et souvent pour la première fois le domicile familial, sont plus isolés que ceux qui ont des places en internat ou en foyer de jeunes travailleurs. Ces difficultés, combinées, rendent difficile non seulement la signature de contrats d'apprentissage mais surtout leur poursuite jusqu'à leur terme.

 

Deux priorités : connaître l'offre de logement mobilisable et accompagner les jeunes

Pour apporter des solutions à ce problème, les acteurs locaux se mobilisent. Ainsi, en Meurthe-et-Moselle, les chambres des métiers, d'agriculture et de commerce ont signé en décembre dernier une convention avec l'association départementale pour l'habitat des jeunes (Adhaj). Première étape : faire l'inventaire des solutions de logement disponibles sur les 600 communes du département. Ensuite, aider les jeunes dans leur recherche de logements : à la chambre des métiers, on oriente les jeunes - y compris sur cette question du logement - et on les aide à monter leurs dossiers administratifs. Améliorer les conditions de logement, explique Chantal Chauvy, responsable de ce dossier, "c'est élargir les périmètres de recherche tant des jeunes que des employeurs"... et éviter que les choix des employeurs comme des apprentis soient dictés d'abord par des questions de localisation.
Les foyers de jeunes travailleurs du département se sont également mobilisés : avant de trouver de l'argent pour construire ou réhabiliter des logements en zones rurales (sur les maisons d'apprentis, voir encadré ci-dessous), Sabine Lemaire qui dirige le foyer des jeunes travailleurs Les Abeilles à Nancy, espère d'abord pouvoir recruter un travailleur social qui se consacrerait essentiellement à ces jeunes apprentis en zone rurale. Ses missions ? Faciliter la recherche du logement, gérer les relations avec les propriétaires, et apporter un accompagnement social global pour éviter que la démarche d'apprentissage tourne court. Mais comment financer ce type de poste ? Une demande a été faite auprès du conseil général dans le cadre du fonds d'expérimentation pour la jeunesse, dispositif initié par Martin Hirsch.

 

Mobiliser les maires… et prêter des mobylettes

Dans l'Indre, l'association des maires ruraux du département, la communauté d'agglomération de Châteauroux, l'agence départementale pour l'information et le logement travaillent également avec les chambres consulaires sur ce sujet. Communauté d'agglomération et Adil alimentent une base informatique commune qui recense les offres et les demande de (petits) logements accessibles aux jeunes (voir le site internet). Une entrée spécifique sur ce site va être créée pour les apprentis. Sur l'espace rural, les maires qui sont les meilleurs connaisseurs des possibilités en termes de logement de leur commune seront mobilisés. Conjointement avec les chambres consulaires, ils contacteront les propriétaires qui pourraient être susceptibles de louer un bien. De plus, sur ce même territoire, une association, "Mob d'emploi", propose des aides à la mobilité (cours de code, aide au permis de conduire, prêt de mobylettes).

 

Hélène Lemesle

 

Deux réalisations de maisons d'apprentis
 

On dénombre plusieurs réalisations de maisons d'apprentis, souvent sous la forme de foyers-soleils - c'est-à-dire de foyers de jeunes travailleurs "en diffus" - ces dernières années : ainsi à Villedieu-les-Poeles, dans la Manche, un collège désaffecté a été transformé en dix logements et F1 pour les apprentis de la région, principalement spécialisés dans le travail des métaux (voir sur le site de Mairie Conseils le détail de cette expérience).
Dans l'Orne, à Courtomer, la maison des apprentis-stagiaires regroupe cinq logements et un bâtiment "activités" composé d'un espace de vie, d'un espace internet et d'un bureau pour les permanences des services publics (voir ce site internet et la présentation de la structure en téléchargement ci-contre). La réhabilitation et l'aménagement de cette maison de village ont été financés par des crédits européens (Leader Plus), des subventions d'Etat, du conseil général, du conseil régional. La communauté de communes a contracté un prêt PLAI et a monté son dossier en collaboration avec les DDE et Ddass du département.


 

 

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