Emploi des jeunes - Le gouvernement souhaite qu'un jeune sur cinq soit formé en alternance
Faire de l'alternance une voie d'excellence et développer ce mode de formation pour toutes les filières et pas seulement pour les métiers manuels. C'est ce que propose Henri Proglio, le nouveau président directeur général d'EDF, dans son rapport "Promouvoir et développer l'alternance", remis le 10 décembre 2009 à Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi. L'homme, qui était auparavant PDG de Véolia Environnement, avait été chargé en avril par le président de la République de mobiliser les grandes entreprises pour trouver ensemble les moyens de développer l'alternance. Un mode de formation que le gouvernement souhaite booster. "Nous souhaitons que d'ici à 2015, un jeune sur cinq soit formé en alternance", a affirmé Laurent Wauquiez lors de la présentation du rapport. Il faut dire que la France a du chemin à faire pour rattraper ses voisins européens. "En France, nous avons entre 500.000 et 600.000 jeunes formés en alternance, alors qu'en Allemagne, ils sont 1,8 million !", a souligné le secrétaire d'Etat, insistant sur les délais, deux fois moins longs en Allemagne (2 à 3 ans contre 4 à 6 ans en France), entre la fin des études des jeunes et l'obtention d'un contrat à durée indéterminée… "Le parcours d'un jeune est chaotique, il est difficile et prend du temps en France, et l'alternance est la meilleure réponse pour un jeune", a encore insisté Laurent Wauquiez.
En juillet 2009, les grandes entreprises s'étaient déjà engagées à recruter 24.000 jeunes supplémentaires en formation en alternance, portant ce nombre à plus de 100.000 en 2009-2010. "Ces engagements, bien qu'ambitieux, ont été tenus", s'est félicité Henri Proglio. Ce rapport doit maintenant permettre de "sortir l'alternance du bricolage", d'après Laurent Wauquiez, et cela de manière durable. Il avance plusieurs pistes d'amélioration : définir un cadre de référence de la formation en alternance, créer un réflexe durable en faveur de l'alternance en incitant les entreprises à recourir à l'alternance et en facilitant le recours à ce mode de formation, avec notamment la création d'un guichet alternance à Pôle Emploi et simplifier et rationaliser les dispositifs. Le rapport propose aussi de dynamiser la gouvernance régionale de l'alternance, en créant une "commission alternance" adossée au comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle (CCREFP). "Il conviendrait que ces CCREFP puissent devenir de véritables lieux de concertation, de coordination et de régulation de l'alternance", peut-on lire dans le rapport, un nouveau rôle "initié par une politique ambitieuse associant Etat, régions et partenaires sociaux". Dans cette optique, les contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles contiendraient des objectifs chiffrés de développement de l'alternance et des critères de qualité et de quantité seraient mis en place pour réguler et contrôler l'offre de formation publique et privée.
Le rapport considère aussi que les contrats d'objectifs territoriaux sont les outils à privilégier et à promouvoir pour "passer à la co-construction d'actions au niveau régional, sous l'impulsion du conseil régional". Le rapport insiste enfin sur la nécessité de donner des informations précises et techniques sur l'alternance. Un grand portail internet sera créé, qui devra notamment permettre aux employeurs potentiels de faire des télédéclarations. A la suite de ce rapport, des ateliers de l'apprentissage et de l'alternance vont être mis en place avec trois thèmes principaux : les apprentis dans leur vie (logement, transport, achat de matériel), l'alternance tous azimuts, pour un développement de ce mode de formation dans d'autres filières que le BTP et la restauration, et les moyens d'inciter les entreprises à recourir à l'alternance. Les participants aux ateliers devront donner leurs conclusions fin janvier 2010 pour une mise en œuvre de leurs préconisations dès la rentrée scolaire 2010.
Emilie Zapalski