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Emploi des jeunes - Le Sénat planche à son tour sur l'insertion des jeunes

A l'heure où Martin Hirsch, haut-commissaire à la Jeunesse, finalise son livre vert sur les jeunes, les sénateurs ont décidé de se saisir à leur tour du dossier. A la suite de plus de 80 auditions et tables rondes, menées en deux mois, la mission commune d'information sur la politique en faveur des jeunes a ainsi rendu ses propositions le 27 mai 2009 dans un rapport intermédiaire. Le constat des sénateurs est, comme toutes les études actuellement publiées sur les jeunes, alarmant. Le taux de chômage des jeunes âgés de 16 à 25 ans a atteint 21,4% en mars 2009. C'est l'un des taux les plus élevés d'Europe. Il a augmenté de 34% sur une année seulement, conséquence de la crise économique "mais pas seulement", a commenté Raymonde Le Texier, sénatrice du Val-d'Oise et présidente de la mission d'information. "Il y a d'autres problèmes structurels qui favorisent son augmentation depuis quelques années." Le système éducatif est en première ligne. 150.000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ou qualification et plus d'un jeune sur cinq, soit 20,2%, vit en dessous du seuil de pauvreté, contre 13% pour l'ensemble de la population. Pour remédier à cette situation, la mission d'information avance plusieurs propositions. Particulièrement sensible aux critiques des jeunes sur l'orientation, jugée extrêmement déficiente, elle propose notamment la création d'un véritable service public de l'orientation. Un service "capable de faire tout au long de l'année une évaluation des métiers porteurs et des formations qui débouchent sur un emploi, pour informer les familles et les jeunes", a détaillé Christian Demuynck, sénateur de Seine-Saint-Denis et rapporteur. "La mise en place d'un guichet unique de l'orientation que nous imaginons au niveau régional." Mais le rapport ne précise pas qui du préfet ou du président du conseil régional, devrait prendre les rênes d'un tel service public régional. Autres propositions de la mission pour améliorer l'orientation et la formation des jeunes : dédoubler les classes de cours préparatoire (CP) pour combattre les décrochages scolaires dès le plus jeune âge, rendre les stages plus accessibles et plus formateurs, et mieux sensibiliser les professeurs aux réalités du monde de l'entreprise.

 

Allocation de formation

Dans la droite ligne du plan Jeunes présenté par Nicolas Sarkozy, le mois dernier, la mission propose de compléter les mesures de soutien à l'alternance, un sujet déjà vastement analysé par Jean-François Pillard dans son rapport publié en mai 2009. En matière d'insertion professionnelle, la mission du Sénat considère qu'il faut rénover le service public de l'emploi et notamment renforcer les moyens du réseau des missions locales. Elle propose ainsi de rapprocher les Points d'information jeunesse (PIJ) des missions locales pour permettre un suivi plus individualisé des jeunes. Quant aux moyens supplémentaires alloués aux missions locales, ils doivent dépendre de leurs résultats, assure le rapport. La question de l'évaluation, déjà soulevée par Laurent Wauquiez, et en cours d'analyse par le Conseil national des missions locales, qui vient de transmettre un questionnaire d'évaluation aux parlementaires, est donc à nouveau posée. Sur la question de l'autonomie des jeunes, le Sénat n'a en revanche pas tranché. L'idée consisterait à créer une allocation de formation pour les jeunes, leur garantissant un droit d'accès à une formation en vue d'un emploi, avec deux options : "soit un système de droits de tirage reportables dans le temps pour le financement de la formation, soit une logique de dotations en capital attribuée dès la naissance". Un capital de 500 euros à la naissance et 500 euros supplémentaires chaque année jusqu'à la majorité du jeune, soit un total de 20.000 euros. Mais les deux options n'ont pas les mêmes incidences financières. "La première coûterait 22 milliards d'euros, la dotation en capital 2 milliards d'euros", a expliqué Christian Demuynck. Le Sénat se donne encore quelques semaines pour étudier la question, en analysant notamment l'expérience des pays du nord de l'Europe où ce type de dispositif a été mis en place. En revanche, côté financement du Fonds pour l'insertion professionnelle des jeunes (FIPJ), la mission a tranché : il faudrait augmenter son budget de 50 millions d'euros pour arriver à un total de 70 millions d'euros. "Même si on a du mal à évaluer ce qui est réalisé avec ce fonds, nous savons qu'il est utile", a détaillé le sénateur de Seine-Saint-Denis. Enfin, la mission a travaillé sur le thème du logement, proposant de développer l'offre de logement adaptée aux jeunes, et sur celui de la santé, préconisant notamment d'améliorer la prévention et l'éducation à la santé. Le rapport définitif de la mission du Sénat doit être publié en juin 2009. Le livre vert de Martin Hirsch est quant à lui attendu pour mi-juin.

Emilie Zapalski