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Emploi - Coup d'envoi du "plan jeunes"

Le plan pour l'emploi des jeunes présenté par Nicolas Sarkozy, le 24 avril, sera doté d'1,3 milliard d'euros. Objectif : permettre à 500.000 jeunes de trouver une formation ou un emploi. Le chef de l'Etat assure "beaucoup compter sur les régions".

Ce "plan jeunes" était annoncé pour l'automne dernier ; la France était déjà la lanterne rouge en matière d'emploi des jeunes en Europe. Mais la crise est passée par là et la situation a empiré. 23% des moins de 25 ans pointent aujourd'hui à Pôle emploi, sans compter qu'environ un million de jeunes sont exclus des statistiques du chômage, selon l'ANDML (Association nationale des directeurs de missions locales). Les perspectives ne sont pas reluisantes : Martin Hirsch, le haut-commissaire à la Jeunesse, estime qu'il y aura entre 150.000 et 250.000 jeunes au chômage de plus cette année. Ils seraient alors 650.000.
Le chef de l'Etat ne s'en cache pas. "Le chômage des jeunes n'est pas une fatalité. Même si les jeunes ont moins d'emploi chez nous que chez les autres", a déclaré Nicolas Sarkozy en présentant son plan d'urgence, vendredi 24 avril,  à Jouy-le-Moutier (Val-d'Oise), dans un centre de formation de la société Veolia. L'Etat compte débloquer 1,3 milliard d'euros, essentiellement sous forme d'aides aux entreprises, pour permettre à 500.000 jeunes de trouver un emploi ou une formation. Argent qui sera pris sur le Fonds d'investissement social (Fiso) dont Nicolas Sarkozy avait annoncé la création en février dernier (ce fonds sera doté de 2 milliards d'euros, dont 500.000 en provenance des partenaires sociaux).

 

Zéro charges

Le plan concocté par le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, et Martin Hirsch mise avant tout sur "la formation, l'apprentissage et la professionnalisation des jeunes" et non pour "l'assistanat", a déclaré le président. Alors que les plans jeunes se succèdent sans résultats depuis les années 1970, avec le premier Pacte pour les jeunes de Raymond Barre en 1977, le président de la République s'est défendu de vouloir créer une nouvelle "usine à gaz". Pas de nouvelles recettes donc. "Il y a deux choses qui marchent et en quoi je crois, c'est la formation en alternance et l'apprentissage. 70% des jeunes qui suivent ces cursus trouvent un emploi", a-t-il ajouté.
Concrètement, le plan mise sur deux leviers : les contrats d'apprentissage et les contrats de professionnalisation qui étaient en net recul ces derniers mois du fait de la crise.
Le gouvernement souhaite ainsi porter à 320.000 le nombre d'apprentis, soit 35.000 de plus qu'en 2008. Nicolas Sarkozy a promis le "zéro charges" pour toute entreprise qui recrutera en apprentissage entre juin 2009 et juin 2010. Les entreprises de moins de 50 salariés qui embaucheront des apprentis supplémentaires recevront une prime de 1.800 euros. Autre priorité : "lutter contre les sorties précoces d'apprentissage". "Je propose aux conseils régionaux que les contrats d'objectifs et de moyens sur l'apprentissage fassent l'objet d'un avenant négocié d'ici le 30 juin 2009 pour financer 20.000 places dans les secteurs en tension", a déclaré Nicolas Sarkozy.
S'agissant des contrats de professionnalisation, l'objectif est ici de 170.000 jeunes, soit une augmentation de 30%. La prime sera de 1.000 euros, voire 2.000 euros si le jeune n'est pas bachelier.
Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il avait confié au président de Veolia, Henri Proglio, une "mission de mobilisation" des grandes entreprises afin qu'elles s'inspirent de son exemple.


 

50.000 contrats d'accompagnement formation

En matière de formation hors alternance, le chef de l'Etat a dit attendre beaucoup des régions pour qu'elles participent au financement des contrats d'accompagnement formation pour 50.000 jeunes jusqu'à bac +3 inscrits à Pôle emploi ou dans les missions locales.
Le plan devrait aussi sécuriser le statut des stagiaires. Ces derniers seront obligatoirement rémunérés après deux mois de stage, quel que soit l'employeur, public ou privé. Ce qui se traduira par "une modification de loi avant l'été", a indiqué le président, précisant que les mesures devaient pouvoir s'appliquer "sans délai dans la fonction publique". Par ailleurs, les entreprises qui transformeront un stage en CDI recevront une prime de 3.000 euros.
Avec "150.000 jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification", les écoles de la deuxième chance sont elles aussi à l'honneur. L'objectif : porter le nombre d'élèves à 12.000 d'ici à 2010 et généraliser la couverture du territoire, alors qu'un quart des départements en accueillent. "Je  le dis aux régions : l'Etat va s'engager à leurs côtés en assurant un tiers du financement", a précisé Nicolas Sarkozy.
Enfin dernier point : les contrats aidés, réservés aux chômeurs de longue durée. Les arbitrages entre Laurent Wauquiez et Martin Hirsch, sceptique quant à l'efficacité de ces contrats dans le secteur non-marchand, semblent avoir donné raison à ce dernier. Le nombre de "contrats initiative emploi" proposés dans le secteur marchand doublera (50.000 supplémentaires). S'agissant du secteur non-marchand, les contrats proposés (contrats d'accompagnement dans l'emploi) ne s'adresseront qu'aux jeunes n'ayant trouvé aucune solution. La priorité sera donnée aux collectivités locales mais avec une nouvelle contrainte : il s'agira d'offrir une "passerelle" avec le privé grâce à un accompagnement renforcé de Pôle emploi. L'Etat a récemment porté son financement à 90%.
Le patronat s'est montré très satisfait de ces annonces. Quant aux syndicats, c'est la question du financement du Fiso qui semble soulever le plus de scepticisme. A une semaine du 1er mai, le chef de l'Etat a voulu se démarquer des "contrats truqués" de ses prédécesseurs, des "contrats avec moins de droits sociaux" pour les jeunes, allusion marquée au CPE.

 

Michel Tendil

 

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