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Emploi des jeunes - Laurent Wauquiez rassure les missions locales

Le chômage des jeunes est la priorité de rentrée du secrétaire d'Etat chargé de l'emploi qui a annoncé, jeudi, un "plan de relance" pour octobre. Il a également donné sa confiance aux missions locales en attendant les conclusions du CNML, fin septembre.

"Le nouvel opérateur (né de la fusion ANPE-Unedic, ndlr) n'est pas là pour manger les missions locales. Elles ont des outils particuliers, on a besoin d'elles." En visite à la mission locale de Franconville, jeudi 4 septembre, le secrétaire d'Etat chargé de l'emploi, Laurent Wauquiez, s'est voulu rassurant et a souhaité effacer la polémique née du lancement du contrat d'autonomie au printemps dernier, dans le cadre du plan Banlieues. Des contrats confiés à des opérateurs privés, sur appels d'offres. "Les missions locales ont manifesté des inquiétudes. Le choix de ma visite ici, le jour où sont divulgués les chiffres du chômage, est de montrer que je crois à cet outil", a déclaré le secrétaire d'Etat. D'ailleurs, pour le secrétaire général du CNML (Conseil national des missions locales), Jean-Jacques Giannesini, la polémique n'a plus lieu d'être. Selon lui, "l'effet d'annonce du contrat d'autonomie est en train de retomber". L'une des craintes des syndicats était la mise en concurrence de ce nouveau contrat avec le Civis (contrat d'insertion dans la vie sociale) dont les missions locales ont la charge depuis 2005. "Le Civis concerne beaucoup plus de jeunes. Avec le contrat d'autonomie, il s'agit plutôt de tester de nouvelles solutions. Mais il n'y a pas de risque de 'privatisation' du service de l'emploi comme cela a pu être dit", a-t-il affirmé.

 

Un "plan de relance"

Fin de la polémique donc. Reste que le chômage des jeunes est la lanterne rouge de l'emploi en France, avec une progression de 0,9% au deuxième trimestre 2008, à 18,3%. Ce qui fait de l'Hexagone l'un des plus mauvais élèves en Europe. Le secrétaire d'Etat a déclaré vouloir en faire sa priorité de rentrée au côté de l'emploi des seniors. "On a aujourd'hui 20% des jeunes qui quittent le système éducatif et qu'on laisse sur le carreau (...). Il faut s'en occuper d'urgence, sinon, on court au massacre", a-t-il martelé, annonçant pour octobre "un plan de relance". Il pourrait notamment prévoir une augmentation des crédits d'aide à la mobilité. Autre idée : développer les passerelles entre l'Education nationale, les missions locales et les filières en apprentissage. Le secrétaire d'Etat s'est également montré très séduit par une initiative mise en place depuis un an par la mission locale de Franconville : le CV vidéo. "Très utilisé en Allemagne, il faut voir s'il n'y a pas quelque chose à faire pour le développer en France, l'expérimenter en Ile-de-France par exemple."
S'il a réitéré sa confiance aux missions locales dans la lutte contre le chômage des jeunes, Laurent Wauquiez a émis des conditions. "Les missions locales auront deux orientations claires : elles ne sont pas là pour occuper les jeunes de stages en stages et doivent être orientées vers le retour à l'emploi et, par ailleurs, il faut les évaluer." "On ne peut pas continuer à les subventionner sans s'y intéresser. La contrepartie, ce sont les résultats."

 

La spécificité des missions locales maintenue

Des résultats, c'est justement ce que la mission locale de Franconville, qui couvre un bassin d'emplois de huit communes, affiche fièrement : 2.000 jeunes accueillis en 2007, près des deux tiers ayant trouvé une formation ou un contrat de travail. Sur un an, le chômage des jeunes a reculé de 19,7%. La clé de cette réussite réside dans un partenariat fort avec les chefs d'entreprises, comme Ikéa qui a récemment recruté cent jeunes par le biais de la mission locale. "Il faut des entreprises qui se sentent concernées, au bout de quelques années, elles nous font confiance", a témoigné le maire de Franconville, Francis Delattre, également président de la mission locale.
Mais la question qui se pose est celle de la place des missions locales dans le cadre de la fusion ANPE-Unedic. Le CNML doit remettre ses conclusions d'ici la fin du mois de septembre après avoir mené une série d'auditions au cours de l'été. Ensuite, le gouvernement délimitera l'offre de services du nouvel opérateur dont le nom devrait enfin être dévoilé dans les tous prochains jours. L'idée un temps formulée de fusionner les missions locales avec les maisons de l'emploi a été rangée au placard. "Les missions locales doivent participer aux maisons de l'emploi, soit comme partenaires, soit comme fondateurs, mais il n'est pas question de fusion", assure Jean-Jacques Giannesini. S'agissant de l'articulation entre les 489 missions locales et leurs 3.000 points de contacts avec les 1.500 antennes locales du nouvel opérateur, "elles ont un rôle spécifique pour les jeunes, je veillerai à ce que ce rôle soit maintenu", s'est engagé Laurent Wauquiez. Mais le mythe du "guichet unique", qui avait présidé à la création des maisons de l'emploi en 2005 puis au chantier de la fusion ANPE-Unedic, n'est pas pour demain.

 

Michel Tendil