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Emploi et insertion - "L'avenir des Plie est parfaitement assuré"

Une circulaire proposera aux plans locaux pour l'insertion et l'emploi (Plie) de mutualiser leur gestion. Mais de fusion, il n'est pas question. Les Plie, qui fêtaient leurs vingt ans à Lille les 2 et 3 avril, ont obtenu les engagements qu'ils exigeaient de l'Etat et de Pôle emploi.

Il n'y aura pas de "big bang" chez les acteurs de l'emploi. La mise en place de Pôle emploi en début d'année a pu donner libre court à toutes les supputations au rythme de nouveaux rapports. Mais, pas plus que celui des maisons de l'emploi, l'avenir des plans locaux pour l'insertion et l'emploi (Plie) ne semble vraiement menacé. Nés il y a vingt ans à l'initiative des élus locaux pour répondre à des situations de crise particulières, dans des bassins d'emploi sinistrés comme ceux de Lille et Chanteloup-les-Vignes, les Plie se sont spécialisés dans la prise en charge des publics éloignés du marché de l'emploi pour pallier les insuffisances de l'ANPE : chômeurs de longue durée, rmistes, handicapés... Réunis à Lille les 2 et 3 avril pour fêter leurs vingt ans d'existence, les représentants des Plie avaient pourtant de bonnes raisons de s'inquiéter : effet de la crise économique sur l'emploi, fin annoncée des crédits du Fonds social européen, recours accru de Pôle emploi aux cabinets privé... Mais l'Etat est venu leur apporter toutes les garanties qu'ils attendaient. Ou presque. "L'avenir des Plie est parfaitement assuré, vous n'avez pas à avoir d'inquiétudes existentielles", a d'emblée affirmé Bertrand Martinot, le délégué général à l'emploi et à  la formation professionnelle, avant de conforter les Plie dans leur rôle spécifique. "Dans tous les pays d'Europe, les collectivités sont impliquées, il n'y a jamais un service public de l'emploi [SPE] qui fait tout : il y aura toujours des publics qui ne seront pas bien traités par le SPE." Un rôle spécifique qui devra être défini dans la convention que Pôle emploi est en train de négocier avec l'Alliance villes emploi, l'association représentative des Plie et des maisons de l'emploi. Selon le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, cette convention devrait être signée d'ici le mois de juin. Elle sera ensuite déclinée localement par des conventions entre les directions régionales de Pôle emploi et les Plie. "Il n'y a pas de concurrence entre Pôle emploi et les Plie, mais il faut que les maisons de l'emploi, les Plie et les missions locales fonctionnent de façon plus harmonieuse", a-t-il insisté, alors que Pôle emploi vient de lancer un appel d'offres ouvert au privé pour l'accompagnement de 150.000 licenciés économiques et de 170.000 chômeurs en difficulté.
Si Pôle emploi veut conforter son partenariat avec les Plie, pas question pour ses derniers d'empiéter sur ses plates-bandes. La semaine dernière, lors des débats à l'Assemblée sur l'avenir des maisons de l'emploi, le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, s'en était pris à la maison de l'emploi de Dijon qui s'occupe de placement. "La maison de l'emploi fait exactement le même travail que les trois agences Pôle emploi de Dijon", avait-il tancé, épinglant au passage un personnel trop nombreux. Les conventions devront par ailleurs éclairer la question du revenu de solidarité active, puisque la loi ayant institué le RSA prévoit que le département oriente, si nécessaire, ses bénéficiaires vers les Plie ou les maisons de l'emploi.

 

Mutualiser la gestion des Plie

Les Plie se plaignent aussi de la lourdeur des dossiers de subventions du Fonds social européen (FSE). Pour eux, c'est une perte de temps qui pourrait être consacré à l'insertion. Une circulaire FSE en cours de finalisation à la DGEFP permettra de sécuriser les Plie au regard du droit européen et d'alléger les procédures. Tout d'abord, la circulaire devra régler un point de droit essentiel, à savoir la nature juridique des prestations des Plie : subvention ou marché public. Elle devrait également inviter les Plie à "mutualiser leur gestion". Car avec le système de "subventions globales", l'Etat délègue la gestion des enveloppes FSE aux 330 organismes intermédiaires recensés en France que sont notamment les 170 Plie conventionnés. Ce qui constitue autant de dossiers à contrôler et multiplie les risques de redressement : la France s'est ainsi vu infliger une correction financière de 118 millions d'euros en 2006 pour mauvaise gestion du FSE. Corinne Vaillant, sous-directrice en  charge du FSE à la DGEFP, a tenu à préciser qu'il n'était pas question de "fusionner les Plie" mais de "déporter la gestion du FSE sur des structures tierces", comme une banque qui gérerait  plusieurs comptes à la fois. Les Plie seront donc invités à se regrouper au moment du renouvellement des conventions de subvention globale début 2010. Par ailleurs, la DGEFP devrait faire la chasse aux "crédits dormants" afin de prévenir les risques de dégagement d'office : tous les crédits non consommés seront redistribués aux Plie qui en auront besoin.
Mais une question reste en suspens : l'après-2013, ou plutôt 2015 (puisque les déclarations de dépenses se prolongent jusque-là), avec une disparition probable des crédits FSE. Bertrand Martinot s'est voulu confiant : "On ne peut connaître à l'avance l'état des fonds structurels. En revanche, on peut être sûrs qu'ils seront remplacés par quelque chose, on saura s'organiser pour trouver 80 millions d'euros."

 

Michel Tendil

Les élus demandent une généralisation des maisons de l'emploi

En vingt ans, les collectivités ont su s'imposer comme des acteurs "de fait" de l'emploi, un champ théoriquement réservé à l'Etat. Elles ont acquis une véritable légitimité pour traiter les publics spécifiques (les personnes éloignées du marché de l'emploi), en tant que partenaire du service public de l'emploi, l'ANPE et aujourd'hui Pôle emploi. C'est pour conforter ce rôle dans le contexte de profonde mutation du service public de l'emploi que les associations d'élus (AMF, ADF et ARF) ont signé un manifeste jeudi 2 avril à Lille, à l'occasion des vingt ans des Plie. Elles y demandent notamment "la généralisation des maisons de l'emploi sur tout le territoire national", alors que leur labellisation a été suspendue en 2007. "Nous entrons dans une période que personne ne peut avoir la prétention de maîtriser, mais nous avons deux certitudes : il y a des parcours qui doivent relever d'un traitement spécifique et, par ailleurs, les grandes structures créatrices d'emploi ne le seront plus à l'avenir", a expliqué Jean Le Garrec, président de l'Alliance villes emploi, en présentant ce manifeste. "Il faut inventer de nouveaux emplois, ce qui ne peut se faire que par une approche territoriale, que par la mobilisation des élus", a-t-il ajouté.

M.T.


 

 

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