Emploi des jeunes - Martin Hirsch veut mettre l'accent sur l'apprentissage et l'alternance
Le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a progressé de 5,1% en février 2009 et de 32% sur un an, contre 3,3% et 17,1% pour les personnes âgées entre 25 et 49 ans. Les jeunes sont donc incontestablement les plus touchés par la montée du chômage. D'après le haut-commissariat à la Jeunesse, le nombre de jeunes chômeurs pourrait même monter jusqu'à 650.000 en 2009, contre 416.000 actuellement. Il faut remonter à 1994 pour retrouver un nombre aussi élevé. "On peut considérer qu'il y aura entre 150.000 et 250.000 jeunes au chômage de plus cette année", a estimé Martin Hirsch, le haut-commissaire à la Jeunesse, mardi 24 mars. Nicolas Sarkozy a récemment annoncé la mise en place d'un plan d'urgence pour la mi-avril avec deux axes forts, le développement de l'apprentissage et des formations en alternance. Pour élaborer ce plan, Martin Hirsch organise depuis le 9 mars 2009 une concertation sur la refondation de la politique à l'égard de la jeunesse. Une discussion qui doit aborder différents points : la formation, l'orientation, les ressources et la résidence, la citoyenneté et la culture, l'emploi, le logement et la santé. A l'occasion de la dernière réunion, le 24 mars, la commission jeunesse a émis ses premières propositions avec un objectif majeur : 200.000 jeunes en emploi ou en formation de plus. Quatre leviers principaux sont mis en avant, dont le lancement du service civique à grande échelle, les contrats aidés, le développement de l'alternance et de l'apprentissage et la formation. Le président de la République l'a dit haut et fort, il souhaite voir le nombre de jeunes en formation en alternance doubler. Ils sont actuellement 600.000. La commission, elle, réfléchit aux moyens d'atteindre ces objectifs, imaginant notamment une baisse des cotisations pour l'employeur, pour tous les jeunes, ou réservée aux jeunes les moins qualifiés et la mise en place de forfaits de prise en charge plus forts pour ces jeunes moins qualifiés.
La commission réfléchit par ailleurs à la possibilité de débloquer en urgence des places en section d'apprentissage dans les métiers porteurs et de faire évoluer les règles de financement, avec une surtaxe de 1% dans les entreprises de plus de 250 salariés, "pour aller vers une logique de bonus-malus". Elle envisage également d'autres pistes, comme rendre le statut d'apprenti plus attractif et soutenir le pouvoir d'achat des jeunes en contrat d'apprentissage. La formation est aussi considérée comme un levier pour améliorer l'emploi des jeunes. Objectif : créer 7.200 places supplémentaires en école de la deuxième chance et développer l'offre de formations pour les jeunes de niveau VI et V.
En matière de financement, la commission propose deux options. Première piste : une enveloppe du Fonds d'investissement social, spécifiquement consacrée à l'emploi des jeunes et mobilisant des crédits de l'Etat, un effort des branches dans le cadre du Fonds unique de péréquation (FUP) et du futur Fonds de sécurisation des parcours professionnels. L'autre option consiste à financer l'ensemble du dispositif dans le cadre d'un emprunt porté par le fonds d'expérimentation pour les jeunes, et garanti par l'Etat, remboursé sur une période de cinq ans. Martin Hirsch a estimé à 1,5 milliard d'euros le coût d'ensemble du dispositif.
Emilie Zapalski