Habitat - Cécile Duflot se saisit de l'avis du Cese et présente sa politique pour le logement des jeunes
Le 23 janvier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) adoptait son avis sur "Le logement autonome des jeunes". L'occasion pour Cécile Duflot de présenter, devant les membres de cette assemblée, sa politique en faveur du logement des jeunes. Un exposé qui intervient dans le cadre d'une journée consacrée aux jeunes, avec la tenue d'un séminaire sur la jeunesse organisée le matin même à l'Elysée et la présentation, l'après-midi, des vœux de François Hollande à la jeunesse.
Félicitant le Cese pour son "constat lucide sur les graves difficultés que connaissent les jeunes, premières victimes de la crise de l'emploi, premières victimes de la crise du logement", la ministre a annoncé ou confirmé une série de mesures, reprenant l'essentiel des conclusions de l'avis. Classiquement, celles-ci visent en premier lieu une meilleure connaissance des besoins. Ceci passe par une intégration plus poussée de la question des jeunes dans les documents stratégiques (plan local de l'habitat, PDALPD...), une meilleure prise en compte dans le cadre des comités régionaux de l'habitat (CRH) et une plus grande association des organisations de jeunes à la définition des politiques.
Développer la colocation
L'essentiel de la réponse est toutefois ailleurs, notamment dans l'augmentation de l'offre de logements disponibles pour l'ensemble de la population, en veillant à son adaptation aux besoins spécifiques des jeunes. Pour cela, Cécile Duflot compte sur plusieurs éléments : la loi sur la mobilisation du foncier public (et l'objectif de construction de 8.000 logements étudiants par an), un programme de logements adaptés et de logements accompagnés (foyers de jeunes travailleurs et résidences sociales), la mobilisation du parc privé qui loge aujourd'hui l'essentiel des jeunes (taxe sur les logements vacants et réquisition) ou le développement de l'intermédiation locative. Reprenant une préconisation du Cese, la ministre du Logement entend également développer la colocation, avec en particulier l'élaboration d'un cadre juridique et la mise en place d'une offre en cœur de ville destinée en priorité aux jeunes salariés et portée par l'UESL (Union des entreprises et des salariés pour le logement).
Un autre axe évoqué par Cécile Duflot consiste à maîtriser le coût du logement et à améliorer sa "solvabilisation". Deux mesures emblématiques sont engagées ou prévues à ce titre. La première concerne l'encadrement des loyers. Celle-ci doit notamment bénéficier aux jeunes, qui supportent des "loyers indécents" et consacrent au logement une part de leurs revenus double de celle de la population générale (18,7% contre 10%). La seconde réside dans l'engagement pris par le chef de l'Etat de mettre en place une "garantie universelle et solidaire des risques locatifs" (Gurl). Le rapport définitif de l'Inspection générale des finances et du Conseil général de l'environnement et du développement durable sera remis à la fin du mois de janvier et Cécile Duflot "réfléchira alors aux dispositions que nous introduirons dans ce sens dans le projet de loi cadre".
Des mesures pour les jeunes de l'ASE
La ministre a également listé d'autres mesures de portée plus générale, mais qui devraient trouver pleinement à s'appliquer dans le cas du logement des jeunes : clarification et harmonisation de la législation sur la location de meublés, encadrement renforcé pour la constitution du dossier du bail, réglementation plus stricte des pratiques des agences immobilières, refonte de la politique d'attribution des logements sociaux, lutte contre la précarité énergétique... Une mesure répond toutefois à une demande spécifique et pressante des syndicats étudiants, reprise également par le Cese : l'interdiction des "vendeurs de listes", qui se contentent de monnayer des listes de petites annonces déjà publiées par ailleurs et le plus souvent dépassées.
Enfin, Cécile Duflot a insisté sur un objectif "pour elle fondamental" : la reconduite des jeunes en situation d'exclusion vers le droit commun. Les moins de 25 ans sont en effet la catégorie la plus touchée par la pauvreté. La réponse passe - entre autres - par des mesures favorisant l'accès au logement des jeunes en difficulté et par le lancement - dès cette année - d'un appel à projets innovant visant à favoriser l'accès au logement et la prise en charge adaptée des personnes en situation de rupture. Le gouvernement entend également porter une attention particulière aux jeunes pris en charge au titre de l'aide sociale à l'enfance (ASE) avec, dès mars 2013, le lancement d'une expérimentation dans cinq départements pour mobiliser les emplois d'avenir et l'accès au logement adapté. Cette expérimentation servira de base à de futurs accords-cadres nationaux de partenariat.