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Accès aux soins - Le Sénat cherche des solutions sur l'offre de soins dans les territoires ruraux

Attentif depuis longtemps à la question de l'accès aux soins sur le territoire, le Sénat organisait, le 7 avril - sur la demande du groupe RDSE (Radical) - un débat en séance publique consacré à l'offre de soins dans les territoires ruraux. Ouvrant le débat au nom de son groupe, Raymond Vall a commencé par rappeler que "la France n'a jamais compté autant de médecins, mais 83% des départements manquent de praticiens". Le sénateur du Gers a également indiqué que 26% des médecins, soit quelque 52.000 praticiens, ont plus de 60 ans et partiront en retraite bientôt. Face à cette situation, "les élus sont désarçonnés, voire désespérés. Leurs efforts pour les maisons de santé ne suffisent pas à attirer des praticiens, même si la commune se charge de trouver un emploi à leurs conjoints".

Déséquilibre croissant entre le nombre de médecins et leur répartition

Dès lors, le ton du débat est donné et les interventions successives ne vont pas en dévier, avec un rappel constant du déséquilibre entre le nombre de médecins et leur mauvaise répartition territoriale. Selon Françoise Laborde, "les jeunes médecins hésitent à s'installer dans des zones où la poste et l'école ont disparu". Néanmoins, pour la sénatrice (RDSE) de Haute-Garonne, les groupements hospitaliers de territoire sont "une bonne chose, sauf la trop faible place que leur gouvernance réserve aux élus". Sénateur (Les Républicains) de l'Isère, Michel Savin s'inquiète pour sa part "des inégalités croissantes en zone de montagne", tandis que Françoise Gatel, sénatrice (UDI) d'Ille-et-Vilaine, rappelle que, pour les patients, "les délais se comptent en mois" pour l'accès aux spécialistes, jusqu'à 18 mois à Châteauroux pour un rendez-vous avec un ophtalmologiste...
Aux yeux de Laurence Cohen, sénatrice (CRC, Communiste) du Val-de-Marne, une partie de la réponse à la diminution du nombre de généralistes libéraux passe par la création de 400 centres de santé, ce qui ferait plus que doubler leur nombre actuel. Pour Jean-Yves Roux, sénateur (Socialiste) des Alpes-de-Haute-Provence, la solution passe plutôt par la reconnaissance d'une véritable filière médicale et d'un véritable statut de généraliste en milieu rural.

"Nous devrons aussi toucher, un jour, à la liberté d'installation"

Hervé Poher, sénateur (rattaché au groupe Ecologiste) et médecin généraliste, pointe plusieurs explications aux difficultés actuelles : le numerus clausus instauré en 1971, la spécialisation, la focalisation sur l'hôpital... Il estime donc qu'il faut "des mesures profondes, sans crainte de bousculer les corporatismes". Il n'hésite d'ailleurs pas à prononcer la phrase taboue : "Nous devrons aussi toucher, un jour, à la liberté d'installation"...
Vision plus optimiste pour Yves Daudigny, sénateur (Socialiste) de l'Aisne, estimant que la stratégie nationale de santé a su développer une approche transversale et multiple, qui apporte déjà des résultats. Une vision que n'est pas loin de partager Alain Milon, sénateur (Les Républicains) du Vaucluse. Il estime en effet que "plutôt que la coercition, mieux vaut réguler et inciter davantage, encourager les regroupements, en laissant les professionnels en débattre, se décider".

"Une politique volontariste et incitative"

En l'absence de Marisol Touraine, le mot de la fin est revenu à Ségolène Neuville. La secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion - également médecin - a rappelé que le gouvernement mène, sur la question de l'accès à des professionnels de santé de proximité, "une politique volontariste et incitative, avec notamment le Pacte territoire santé".
Elle a ensuite listé les principales mesures prises depuis quatre ans : contrat d'engagement de service public, contrat de praticien territorial de médecine générale, développement des maisons de santé (en principe mille en 2017), relèvement du numerus clausus dans dix régions à faible densité médicale, facilitation de l'installation des médecins libéraux, financement des hôpitaux de proximité...
Seul absent de ce débat, pourtant tout entier tourné vers la question des territoires : le rôle que jouent déjà et pourraient jouer davantage les collectivités territoriales dans la lutte contre les déserts médicaux.

 

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