Accès aux soins - Le conseil de l'Ordre des médecins identifie les bassins de vie "en grande tension"
Après la publication de l'Atlas national 2015 en juin dernier (voir notre article ci-contre du 22 juin 2015), le conseil national de l'Ordre des médecins publie les 23 atlas régionaux. Sans surprise, ces résultats régionaux confirment les grandes tendances nationales : poursuite de l'augmentation globale du nombre de médecins (dont 281.000 en exercice) mais avec un poids croissant des retraités et une baisse du nombre de généralistes, féminisation et vieillissement des praticiens, remontée du choix de l'exercice libéral, baisse du nombre de médecins en activité régulière au profit d'autres modes d'exercice (remplacements)...
De nouveaux critères pour une approche plus fine
Outre les informations propres à chaque région, l'intérêt de cette livraison réside dans l'introduction d'un nouvel outil d'analyse de la situation des territoires. Pour la première fois en effet, l'Ordre propose "une nouvelle approche d'analyse permettant une lecture fine et évolutive des effectifs médicaux en fonction des besoins des territoires". Ce travail doit notamment servir de support statistique à la coopération avec les agences régionales de santé (ARS), en particulier autour de la permanence des soins.
En pratique, il s'agit d'introduire de nouveaux critères permettant de corréler l'offre médicale (densité pour 10.000 habitants et variation des effectifs des médecins sur la période 2007-2015) à la structure de la population générale, en s'appuyant sur plusieurs indicateurs sociodémographiques : variation de la population générale, âge moyen, catégories socioprofessionnelles...
Cette nouvelle approche "permet d'identifier des bassins de vie en grande tension dans des régions, voire des départements, apparemment sans problèmes". Les bassins de vie sont en effet classés en six catégories en termes d'offre médicale : très favorisés, favorisés, encourageants, défavorisés, très défavorisés et mixtes.
Les perceptions traditionnelles modifiées par la nouvelle approche
La carte nationale, publiée dans le communiqué de l'Ordre, montre ainsi une France très morcelée et inégalitaire et modifie les perceptions traditionnelles à l'échelon régional ou départemental. Des régions comme l'Alsace, Champagne-Ardenne, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées apparaissent nettement plus favorisées que Paca et, plus encore, que l'Ile-de-France. A l'inverse, d'autres régions comme la Bretagne et surtout la Bourgogne et le Centre n'affichent pratiquement que des bassins de vie défavorisés ou très défavorisés. Une troisième catégorie voit coexister, sur une même région, des territoires favorisés et très défavorisés, comme en Lorraine ou en Poitou-Charentes.
De façon plus large, la nouvelle approche montre l'imbrication entre les extrêmes. L'Ordre cite ainsi l'exemple de Midi-Pyrénées - région dotée "d'une démographie médicale satisfaisante (densité forte)" -, mais avec "de très grosses difficultés en matière d'accès aux soins de premier recours sur le territoire du Grand Toulouse, puisque le nombre de médecins généralistes diminue de -7,6%, sur la période 2007-2015, alors que la population générale augmente de 5,4%". Contrairement à une idée reçue, les grandes agglomérations et les régions riches n'apparaissent pas toujours les mieux loties en matière de densité médicale.
A noter : outre les atlas de chacune des 23 régions, l'Ordre propose également une synthèse des atlas régionaux (à ne pas confondre avec l'atlas national). Celle-ci met notamment l'accent sur les écarts entre territoires selon différents critères : évolution de la démographie médicale, féminisation, installation de nouveaux médecins, part des praticiens diplômés hors de France...