Accès aux soins - Dans cinq ans, le nombre de spécialistes pourrait dépasser celui des généralistes
Le conseil national de l'Ordre des médecins publie l'édition 2014 de son "Atlas de la démographie médicale en France". Cette huitième édition d'une véritable "Bible" sans équivalent - qui devrait être bientôt suivie par la publication des atlas régionaux - retrace la situation au 1er janvier 2014. Elle s'enrichit cette année d'un outil nouveau et très efficace, mis à jour en continu : une cartographie interactive de la démographie médicale, qui permet de zoomer du niveau régional jusqu'à celui des bassins de vie.
Un nombre de médecins en activité régulière globalement stable
Comme chaque année, l'Atlas apporte son lot d'informations. Les lois de la démographie veulent qu'il ne faut pas s'attendre à des bouleversements d'une année sur l'autre, mais plutôt à des confirmations d'évolutions ou à l'émergence de nouvelles tendances.
On retiendra ainsi qu'avec 198.760 médecins en activité régulière au 1er janvier 2014, la population est restée globalement stable. En revanche, le nombre total de médecins (276.354) progresse de 1,6% en un an, sous l'effet conjugué du relèvement du numerus clausus, de l'arrivée de médecins formés à l'étranger et de "la croissance exponentielle des médecins retraités" actifs (+18,2% en 2013, pour atteindre un total de 12.946 praticiens). Les retraités actifs représentent ainsi, aujourd'hui, 5% des médecins en activité.
Une profession plus âgée et plus féminisée
Cette stabilité des médecins en exercice régulier cache elle-même des évolutions divergentes. Celles-ci confirment que les territoires en tension démographique ne sont pas forcément des zones rurales à faible densité. Ainsi, l'étude observe qu'entre 2007 et 2014, le nombre de médecins actifs réguliers a diminué de 5,6% en Ile-de-France, alors que la population régionale progressait de 4%. A l'inverse, les Pays de la Loire ont vu le nombre de médecins progresser au même rythme que celui de la population (respectivement +5,7% et +5,9%).
Des évolutions de fond sont également à l'œuvre en termes sociologiques. Par exemple, la population de médecins se féminise, avec aujourd'hui 56% d'hommes et 44% de femmes. La tendance va se poursuivre, puisque les femmes représentent désormais 58% des nouveaux inscrits à l'Ordre. Le vieillissement est également un autre mouvement de fond. La moyenne d'âge est "relativement élevée" : 53 ans pour les hommes et 49 ans pour les femmes. Les nouveaux inscrits affichent, pour leur part, un âge moyen de 34,2 ans.
Un nombre de généralistes toujours à la baisse
L'une des principales informations de l'Atlas concerne toutefois les choix de spécialités et les modes de pratique. Le nombre de généralistes a en effet diminué de 6,5% entre 2007 et 2013 et la baisse atteint même un niveau spectaculaire à Paris (-21,4% sur la période). Cette baisse devrait se prolonger au moins jusqu'en 2020. A l'inverse, les autres spécialités médicales et chirurgicales progressent respectivement de 6,1% et 6,7%. Une tendance qui devrait, elle aussi, se poursuivre au moins jusqu'en 2020. Le nombre de spécialistes pourrait alors dépasser celui des généralistes.
Par ailleurs, l'Atlas 2014 confirme la "fuite" des étudiants et des jeunes médecins devant l'exercice libéral, qui ne concerne que 10,7% des nouveaux inscrits à l'Ordre en 2013. La situation s'améliore toutefois avec l'avancée en âge, puisque la proportion de libéraux monte à environ 40% après quelques années d'exercice. Enfin, l'Ordre constate que l'exercice de groupe se développe, avec 34% de médecins exerçant en cabinet de groupe monodisciplinaire. En revanche, les regroupements pluridisciplinaires - comme les maisons de santé - "sont encore très marginaux".
Tous ces phénomènes - vieillissement, recul des généralistes, fuite devant l'exercice libéral, caractère marginal des maisons de santé... - sont autant de sujets d'inquiétude, dans les prochaines années, pour les territoires les plus fragiles.
