Accès aux soins - Paris touché à son tour par la désertification médicale ?
En termes de densité médicale et d'accès aux soins, Paris n'est certes pas la Lozère. Mais la capitale n'est cependant pas à l'abri d'une dégradation de sa couverture médicale. C'est en tout cas ce que montre l'étude "Demomed", réalisée par des internes des trois départements de médecine générale des facultés de médecine parisiennes, avec le concours de la caisse primaire d'assurance maladie.
L'étude a été menée auprès d'un échantillon représentatif des 2.273 généralistes parisiens, ainsi que des 543 gynécologues et des 220 pédiatres. Elle inclut ainsi tous les praticiens de premiers recours, à l'exception de ceux exerçant dans les centres de santé, à SOS-médecins et dans les hôpitaux.
De forts écarts entre arrondissements
Présentée le 28 janvier lors d'une réunion à l'hôtel de ville de Paris, l'étude apporte plusieurs informations, dont la plupart sont également valables pour d'autres grandes villes. Elle met notamment en évidence des écarts importants à l'intérieur des limites de la capitale. Le nombre d'omnipraticiens pour 10.000 habitants va ainsi de 31,3 dans le 8e arrondissement à 6,5 dans le 18e et le 20e (pour une moyenne France entière de 9,7 et de 10,2 ou 11,2 - selon les sources - pour l'ensemble de la capitale).
Malgré le contraste évident entre ces trois arrondissements, les écarts se font toutefois moins entre l'ouest et l'est de la capitale qu'entre les arrondissements centraux et les arrondissements périphériques. Le 15e (200.000 habitants) ne compte ainsi que 9,4 généralistes pour 10.000 habitants. Ces écarts de densité se retrouvent aussi chez les gynécologues et, dans une moindre mesure, chez les pédiatres.
830 médecins de premier recours à remplacer en cinq ans
Un autre enseignement important concerne les perspectives de la démographie médicale parisienne, du moins en termes de praticiens de premier recours. Les éléments recueillis auprès des répondants à l'enquête montrent qu'environ 830 médecins parisiens devraient cesser leur activité dans les deux à cinq ans à venir. Leur remplacement suppose l'installation de 166 nouveaux médecins par an sur la période considérée. Or ces remplacements sont loin d'être évidents : 79% des omnipraticiens déclarant envisager de confier leur patientèle à un successeur avant cinq ans disent ne pas encore avoir trouvé ce dernier, tandis que 12% pensent l'avoir trouvé mais avec une marge d'incertitude. En outre, la proportion des généralistes qui annoncent leur intention de cesser leur activité dans les deux à cinq ans varie - elle aussi - selon les arrondissements : de 15% dans le 8e à 51% dans le 17e, deux arrondissements pourtant contigus.
Une part élevée d'exercice groupé
L'étude Demomed apporte également d'autres enseignements plus ponctuels sur les praticiens de premier recours parisiens. Ainsi, contrairement à une idée reçue, la pratique groupée n'est pas l'apanage des médecins des zones rurales ou des quartiers sensibles : entre 55% et 65% des médecins parisiens de premier recours - selon les spécialités - pratiquent un exercice groupé, dont 80% de petits groupes (deux ou trois professionnels de santé). En outre, 32% des généralistes parisiens sont membres d'un réseau de santé, de même que 58% des gynécologues et 29% des pédiatres.