Offre de soins - Paris, un désert médical ?
La ville de Paris a présenté, le 30 novembre, son dispositif Paris Santé, élaboré notamment avec la caisse primaire d'assurance maladie. La mise en œuvre de ce programme résulte d'un constat : "La désertification médicale touche l'ensemble de la France, y compris la capitale qui s'est longtemps crue à l'abri de ce phénomène." Certes, la situation de la capitale n'est pas vraiment celle de la Lozère, mais la ville pointe néanmoins un certain nombre de difficultés. Certaines sont propres à Paris : déséquilibre entre généralistes et spécialistes, fréquence des dépassements d'honoraires, mauvaise répartition géographique des médecins et "désertification" dans les arrondissements du nord-est. D'autres revêtent un caractère plus général : nombreux départs en retraite programmés (15% des médecins d'ici à 2015), fuite des jeunes médecins devant l'exercice libéral...
Pour autant, l'allusion à la "désertification" paraît assez audacieuse et pourrait faire grincer quelques dents, pas seulement du côté des départements ruraux. La présentation du dispositif Paris Santé ne donne en effet pas de chiffres, mais ceux-ci figurent dans l'Atlas régional de la démographie médicale, publié, il y a quelques jours, par le conseil national de l'Ordre des médecins (voir notre article ci-contre du 18 novembre 2011). Paris compte ainsi 222 médecins généralistes en activité régulière pour 100.000 habitants, quand ce ratio est de 147 pour la France entière, de 123 en Essonne, 119 dans les Yvelines, 116 en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d'Oise et 109 en Seine-et-Marne (dont certains territoires s'apparentent effectivement, compte tenu de l'étendue du département, à des déserts médicaux au sens strict). Pour les médecins spécialistes, l'écart est plus important encore avec 498 spécialistes en activité régulière pour 100.000 habitants, contre une moyenne nationale de 137 (soit près de quatre fois moins) et un ratio de 130 en Essonne, 131 dans le Val-d'Oise et 109 en Seine-et-Marne. Sans compter un réseau d'établissements de soins sans équivalent dans aucun autre département.
Un outil de géolocalisation de l'offre des centres de santé
La capitale n'a donc pas de problème de démographie médicale, ni même vraiment de répartition géographique, compte tenu de la densité du réseau de transports. La ville ne propose d'ailleurs pas de dispositif d'incitation à l'installation des médecins libéraux, ce qui n'aurait pas manqué de faire sursauter.
Le dispositif Paris Santé entend plutôt répondre à une problématique sociale et vise l'accès aux soins des personnes les plus modestes, non couvertes par une assurance complémentaire ou par la CMU-C, et effectivement confrontées à un taux élevé de médecins exerçant en secteur 2. L'approche en termes de "désert médical" a cependant permis à la ville de bénéficier des crédits du fonds de modernisation de l'offre de soins. Ceux-ci ont déjà permis de monter plusieurs opérations : la création d'un centre de santé dans le 18e arrondissement et d'une maison de santé dans le 19e, la restructuration de trois autres centres dans les quartiers Est de la capitale ou encore des projets - en cours de réalisation - d'un centre de santé dans le 11e arrondissement et de maisons de santé dans sept arrondissements. La ville a également mis en ligne un "outil de géolocalisation de l'offre de soins dans les centres de santé" - dénommé "Votre santé en un clic" -, dont la présentation et l'ergonomie restent toutefois perfectibles. Enfin, un logo spécifique identifiera désormais toutes les structures entrant dans le cadre du plan Paris Santé.