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Lutte contre l'exclusion - Le pacte parisien de lutte contre la grande exclusion 2015-2020 signé

A l'initiative de la ville de Paris, le premier pacte parisien de lutte contre la grande exclusion a été signé le 18 février par des institutions, des entreprises et des associations. Les partenaires se sont engagés sur la réalisation d'ici à 2020 d'une centaine de mesures opérationnelles organisées en trois axes : prévenir, intervenir et insérer "durablement". Ils ont surtout pris l'engagement de travailler ensemble dans une approche transversale de la question. Un beau défi.

Après cinq mois de consultations auprès des acteurs parisiens concernés par la lutte contre l'exclusion, le "pacte parisien de lutte contre la grande exclusion" a été signé le 18 février par la ville de Paris, la préfecture de région, la préfecture de Paris, la préfecture de police de Paris, l'agence régionale de santé d'Ile-de-France, l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris, la Fnars, la fondation Agir contre l'exclusion, la SNCF, la RATP, EDF, Pôle Emploi (Paris), la caisse d'allocations familiales de Paris et la caisse primaire d'assurance maladie de Paris. "Issu d'une dynamique partenariale très constructive, ce pacte impulse une nouvelle manière d'agir, qui décloisonne et coordonne les approches, les réponses et les dispositifs", assure Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris en charge notamment de la solidarité et de la lutte contre l'exclusion.

Engagements de méthode, engagements opérationnels

Couvrant une période de 5 ans, de 2015 à 2020, ce programme comporte une centaine de mesures élaborées suivant une approche transversale permettant de "dépasser les cloisonnements institutionnels" et avoir une "une approche globale qui prend en compte chaque situation" des personnes en détresse. 2.000 à 3.500 personnes vivraient aujourd'hui "en situation de rue".
Le document distingue deux types d'engagements : d'une part, les engagements de méthode et de principe qui doivent guident l'action ; d'autre part des engagements opérationnels, sous forme d'actions à mettre en œuvre au cours des cinq prochaines années.
Trois axes : prévenir, intervenir et "insérer durablement". "Pour chacun de ces axes de travail se posent des questions d'accès aux droits, des questions de santé, d'hébergement et de logement, d'emploi, etc. qui ne peuvent être traitées que dans une approche globale des situations", est-il souligné dans le pacte.

Prévenir l'arrivée dans la rue

Pour prévenir l'arrivée dans la rue, les signataires du pacte estiment qu'il faut miser sur l'accès aux droits et "aller à la rencontre" des personnes vulnérables. Des engagements portent sur la prévention des expulsions locatives, la prévention des situations de surendettement, la prise en compte de la santé (notamment la santé mentale).
Des actions de prévention seront engagées en direction des publics "potentiellement concernés" par l'exclusion. Ainsi, "les femmes enceintes en situation de rue verront leur hébergement stabilisé pendant leur période pré et post-natale". De même, "les femmes victimes de violences bénéficieront d'un relogement rapide grâce à la mobilisation de 70 logements sur les contingents de la ville de Paris et de l'Etat". Des parcours d'insertion seront mis en place "pour éviter les situations de décrochage des jeunes".
A signaler également, pour renforcer l'autonomisation des jeunes accompagnés par les services de l'aide sociale à l'enfance, la constitution d'un dispositif de parrainage par des "acteurs du monde de l'entreprise". "Une attention particulière sera portée à l'anticipation des sorties d'institutions, telles que la prison ou l'hôpital", précise le pacte.

Intervenir en "allant vers"

Second axe : l'intervention. Là encore, l'amélioration de l'accès aux droits est au cœur des actions, avec l'idée de multiplier les démarches "d'aller-vers". Dans ce cadre, le pacte s'engage à réaliser 3.000 "rendez-vous des droits", à expérimenter des équipes mobiles dédiées à l'accès aux droits des personnes en situation de rue, à développer des permanences au pied des immeubles, à réduire le temps pour l'ouverture des droits à l'aide médicale d'Etat pour les personnes en situation administrative précaire.
Une série de mesures vise à "refondre l'organisation de terrain pour la rendre plus efficace" car " la grande exclusion ne prend pas les mêmes formes dans chacun des quartiers parisiens". Ce sera le cas de la coordination des maraudes, pour mettre fin aux "zones blanches" qui subsistent, améliorer leur articulation avec les structures d'accueil et d'accompagnement, et les adapter aux besoins des personnes notamment en matière de santé mentale ou de toxicomanie. Les mairies d'arrondissement, de même que les conseils de quartier, seront "pleinement associés", dit le pacte. Estimant que "certaines problématiques de l'exclusion sont communes aux collectivités de la métropole parisienne et de la région Ile-de-France", les signataires du pacte envisager d'identifier les "territoires pertinents de réflexion et d'action" dans le but de "mutualiser les ressources, les expériences et rendre aux personnes concernées le meilleur service possible".

Parce que l'insertion est durable ou n'est pas

Le pacte s'engage à doubler le nombre de restaurants solidaires, à créer 1.800 places dans les pensions de famille et les résidences sociales d'ici 2020 et à doubler les dispositifs d'intermédiation locative, pour aider les personnes à sortir des centres d'hébergement et aller vers le logement social.
Troisième étape : l'insertion. Mais l'insertion "durable", précise bien le rapport. "La mise en place de parcours d'insertion plus souples apparaît comme indispensable en vue d'une insertion efficace et d'un retour à l'emploi durable", explique le pacte. Le dispositif jusque-là expérimental "Premières heures" montera en puissance avec un objectif-cible de 300 personnes embauchées par an par les structures d'insertion par l'activité économique et de l'économie sociale et solidaire. Il est prévu de l'adapter aux spécificités du public jeunes en errance. Il est également prévu de mettre en place le nouveau dispositif national de la "Garantie jeunes" à Paris.

Valérie Liquet

Evacuation de l'hôtel Voltaire par les forces de polices : première entorse au pacte parisien ?

Au lendemain de la signature du pacte parisien de lutte contre la grande exclusion, jeudi 19 février au matin exactement, la préfecture de police a décidé de faire évacuer l'hôtel Voltaire, situé au 73 rue du Faubourg Saint-Antoine, pour des raisons liées à la dangerosité du bâtiment. Une trentaine de Chibanis (retraités algériens et marocains) y résidaient depuis plusieurs années. Quelques heures après, un communiqué de presse de Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris en charge du logement et de l'hébergement d'urgence, assurait que "dès ce soir, les Chibanis seront accueillis au centre d'hébergement de la rue du Loiret, géré par l'association Aurore. Chacun y disposera d'une studette munie de sanitaires individuels." Et que "d'ici au 30 juin, chacun - sans exception - se verra attribuer un logement dans Paris".
La préfecture de police est signataire du pacte parisien de lutte contre la grande exclusion.
V.L.

 

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