Emploi des jeunes - Lancement du "revenu contractualisé d'autonomie" pour les jeunes
Un an après l’annonce du plan "Agir pour la jeunesse" par Nicolas Sarkozy (voir notre article du 29 septembre 2009), l’heure est au bilan et au renforcement des mesures. S’il se félicite qu’ "en moins d’un an, plus de 80% des mesures annoncées par le président de la République [soient] mises en œuvre et que l’emploi des jeunes ait été maintenu alors qu’il aurait pu s’aggraver avec la crise", le ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives estime qu’ "une marge de progrès reste à acquérir en matière d’individualisation et de territorialisation". Marc-Philippe Daubresse souhaite en effet que les collectivités locales "soient de véritables partenaires" tant sur le plan de l’orientation et de la formation que de la recherche d’emploi. Ainsi, concernant le décrochage scolaire, le ministre prend exemple sur les expérimentations locales : "Nous avons mis au point à Nantes et à Lille un système de repérage de ces décrocheurs. Cette méthode a marché et nous allons la généraliser dans toute la France." Le déploiement nécessite une enveloppe de 26 millions d’euros supplémentaires pour la création d’une centaine de plateformes de coordination régionale et locale pérennes. Autre domaine dans lequel le ministre souhaite que les collectivités s’investissent : les huit laboratoires territoriaux pour la jeunesse dont l’objectif est de "concentrer les actions sur des territoires cohérents et pertinents". Après Marseille et Lille, ce sont les territoires de Loire-Atlantique, d’Isère, du Morbihan, de Meurthe-et-Moselle, de la Plaine-Saint-Denis et de la Réunion qui accueilleront ces laboratoires d’ici la fin de l’automne. Le dispositif concerne six millions d’habitants et coûte 25 millions d’euros à l’Etat mais il devrait, selon Marc-Philippe Daubresse, "faire levier et générer des fonds supplémentaires grâce aux collectivités locales et aux partenaires privés".
La nouveauté du gouvernement réside dans le revenu contractualisé d’autonomie (RCA) qui s’adresse aux 18-25 ans peu qualifiés ou au chômage depuis une longue durée ou aux jeunes titulaires d’une licence en recherche de leur premier emploi depuis au moins six mois. Cette allocation de 250 euros sera versée pendant deux ans, en contrepartie d’un engagement à rechercher activement un emploi ou à suivre une formation. Un dispositif qui ne doit pas être assimilé au revenu minimum d’insertion (RMI), selon le ministre de la Jeunesse "le RCA n’est pas du tout un RMI jeunes, ce n’est pas une prestation d’assistanat mais c’est la possibilité pour des jeunes qui sont dans une situation de difficulté passagère de raccrocher, avec une notion de contrat : on leur donne des droits mais en contrepartie, ils ont un devoir de parcours de formation et d’insertion". Expérimentée à partir de décembre 2010, cette mesure concernera 9.500 jeunes et mobilisera 20 millions d’euros.
RSA jeunes : 100.000 jeunes concernés
Le ministre a par ailleurs dressé le bilan des mesures prises dans le cadre du plan Agir pour la jeunesse. Le contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis) semble avoir tenu ses promesses puisque l’objectif de 200.000 jeunes en Civis en 2010 annoncé par le gouvernement (voir notre article du 27 janvier 2010) a été atteint. L’Etat aura ainsi débloqué 120 millions d’euros en 2010 afin d’augmenter le montant de l’allocation et de renforcer l’accompagnement des jeunes (voir notre article du 20 juillet 2010).
Cependant, le bilan n’est pas positif sur tous les fronts. Alors que Nicolas Sarkozy affichait un objectif de 10.000 jeunes ayant la possibilité de s’engager dès 2010 et "à terme, un service civique qui concernera 70.000 jeunes", ce sont finalement moins de 3.000 jeunes qui sont aujourd’hui en service civique et environ 5.000 jeunes en 2011. Des chiffres encore loin des 75.000 jeunes qui devaient être engagés d’ici à 2014, selon le gouvernement (voir notre article du 02 avril 2010).
Et, si 400.000 SMS ont été envoyés aux jeunes de moins de 26 ans inscrits à Pôle emploi pour les sensibiliser à la formation en alternance, les chiffres sont encore loin des ambitions du gouvernement de 800.000 jeunes en alternance en 2015 (voir notre article du 11 mai 2010) : 410.000 jeunes auraient bénéficié d’un contrat en alternance cette année. Quant à l’extension du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans elle n'est effective que depuis le 1er septembre. Alors qu'il y a un mois, les estimations tablaient sur 160.000 jeunes, le ministre a revu ce chiffre à la baisse. Selon lui, "moins de 100.000 jeunes devraient être concernés".
Muriel Weiss