Jeunesse - Nicolas Sarkozy lance le RSA pour les jeunes
"La règle des 25 ans n'a aucun sens, elle est choquante", a affirmé Nicolas Sarkozy, lors de son discours "Agir pour la jeunesse" à Avignon ce 29 septembre. Si le chef de l'Etat a annoncé l'extension du revenu de solidarité active (RSA) aux jeunes de moins de 25 ans, il s'agit, comme attendu (lire ci-contre notre article "Le RSA pourrait être étendu sous conditions aux actifs de moins de 25 ans"), d'une ouverture très encadrée. La mesure annoncée ne concerne que les jeunes de moins de 25 ans qui ont travaillé au moins deux ans durant les trois dernières années. Jusqu'à présent, le RSA, lancé depuis le 1er juin, est réservé aux plus de 25 ans. "Mon intention n'est pas d'installer un RMI jeune, je ne veux pas de l''assistanat", a tenu à préciser le président de la République, à l'intention de ceux qui, dans la majorité, ont exprimé leurs réserves. A l'instar de Xavier Bertrand - secrétaire général de l'UMP - qui s'est prononcé la veille contre ce projet. "Les jeunes n'ont pas besoin d'un RSA-jeunes comme ils n'avaient pas besoin hier d'un RMI-jeunes ou d'un Smic-jeunes. Ils ont besoin d'un emploi et il faut mettre, avant tout, la priorité sur l'emploi des jeunes", a-t-il déclaré sur France 2.
Les mesures annoncées à Avignon sont nettement inspirées des 57 propositions du livre vert publié en juillet par la commission Jeunesse (lire ci-contre "Commission Hirsch : les collectivités mises à contribution"). Au chapitre de l'autonomie financière, le président de la République a indiqué que, dans le cadre de l'allongement de l'année universitaire à dix mois, les étudiants percevront le versement d'un dixième mois de bourse. Mais "pas de droit sans devoir" a martelé le président de la République : en contrepartie, les étudiants devront "s'engager à respecter une obligation d'assiduité". Martin Hirsch, haut-commissaire à la Jeunesse, disposera d'une enveloppe de 50 millions d'euros pour procéder aux expérimentations évoquées dans le livre vert. Ainsi, "une partie de l'aide destinée aux familles sera versée aux jeunes pour, par exemple, financer le permis de conduire", a expliqué le chef de l'Etat. Mais il ne s'agit pas de généraliser cette dotation dès maintenant, "Martin Hirsch va rencontrer les associations familiales et les parlementaires en débattront".
Le service civique "volontaire et ambitieux"
Nicolas Sarkozy a listé les réponses qu'il veut apporter "sur certains noeuds de rupture". Au sujet des apprentis, il s'est étonné qu'il y ait "moins de 6.000 apprentis dans la fonction publique" et a promis une revalorisation du statut de l'apprenti "qui bénéficiera désormais des mêmes avantages que l'étudiant". Le projet est même de créer un "Erasmus des apprentis". Sur la question des stages, "hors cursus, pas de stage", a repris le président de la République : "Les stagiaires n'ont pas un sous-statut permettant aux entreprises des recruter des employés." L'interdiction des stages hors cursus est un texte déjà examiné au Sénat. S'il a abordé la question de la santé des jeunes (l'aide versée pour bénéficier d'une assurance complémentaire sera doublée), Nicolas Sarkozy a très peu évoqué le sujet du logement étudiant, pourtant relevé comme préoccupant par le livre vert. "Nous inciterons les bailleurs privés à proposer des logements aux jeunes", a-t-il seulement assuré. Il s'est davantage exprimé sur le service civique qu'il souhaite "volontaire et ambitieux". "Le dernier pilier de l'autonomie est l'engagement", s'est-il exclamé. Dès 2010, 10.000 jeunes auront la possibilité de s'engager et "à terme le service civique concernera 70.000 jeunes". "Ce sera un instrument de cette mixité sociale dont on parle tant. [...] Les jeunes pourront s'engager dans des ONG, à l'international, pour aider les personnes âgées..." Pour autant, "il n'est pas question de rétablir le service militaire" a voulu rassurer le chef de l'Etat. Martin Hirsch est chargé de faire des propositions sur le sujet afin de le "valoriser dans les études ou dans le parcours professionnel".
Catherine Ficat
Quelques données chiffrées sur la jeunesse
On compte 8,18 millions de jeunes de 16 à 25 soit 12,7% de la population.
Emploi
Le taux de chômage des actifs de 16-25 ans est presque trois fois supérieur à celui des 25-49 ans. Il est l'un des plus élevés d'Europe. 634.000 chômeurs avaient moins de 25 ans à la mi-2009. Globalement, environ un salarié sur trois de 15 à 29 ans, du privé comme du public, avait en 2008 un contrat temporaire (intérim, contrat à durée déterminée ou emploi aidé), contre un peu plus d'un sur sept pour l'ensemble des actifs occupés. A fin 2008, on comptait 615.000 jeunes en alternance (apprentissage, professionnalisation). Près d'un quart des emplois occupés par des jeunes bénéficiait d'une aide de l'Etat, contre près d'un sur vingt-cinq pour l'ensemble des actifs occupés.
Pauvreté
La pauvreté affecte plus les jeunes : 20,2% d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté (880 euros par mois), contre 13% de l'ensemble de la population, et 15,5% sont en situation de pauvreté en termes de conditions de vie, contre 12,2% de l'ensemble de la population.
Scolarité et orientation
Il devrait y avoir cette rentrée 1,266 million d'étudiants à l'université (-1,1%), 80.003 en classes préparatoires aux grandes écoles (+2,5%), 118.132 en IUT (instituts universitaires de technologie) et 243.245 en STS (sections de techniciens supérieurs).
Logement
La part des jeunes dans le parc social et le pourcentage des jeunes propriétaires se sont réduits depuis vingt ans. Le parc social public à destination des étudiants, majoritairement géré par les Crous, loge environ 7% de l'ensemble des étudiants de France. Les Crous ne sont aujourd'hui en mesure de répondre positivement qu'à 39% des demandes reçues. Les jeunes ayant quitté le foyer familial sont généralement locataires dans de grandes villes et occupent de petits logements, plus souvent de statut atypique (meublés, sous-locations, etc.) En 2008, 1,2 million de jeunes percevaient une aide au logement à titre individuel. 57% de cette tranche d'âge vit chez ses parents.
Santé
Selon La Mutuelle des étudiants, "plus de 23% des étudiants renoncent à des soins faute de moyens et 13% d'entre eux n'ont pas de complémentaire santé".
Citoyenneté
Le service civil n'offre que 2.500 postes par an, alors que les associations spécialisées dans le volontariat affirment recevoir beaucoup plus de demandes.
Avec AFP