Insertion - La Fnars dresse le portrait des jeunes en difficulté
La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) publie les résultats d'une enquête sur "Les jeunes en difficultés sociales face à l'école et l'emploi, selon l'observation des travailleurs sociaux". L'étude a été réalisée auprès de 229 structures d'accueil - centre d'hébergement et de réadaptation sociale (CHRS), centres d'hébergement d'urgence, accueils de jour, structures d'insertion par l'activité économique... -, qui ont assuré l'accompagnement social de 12.665 jeunes en 2010. Parmi ces derniers, 45% avaient de 18 à 21 ans, 55% de 22 à 25 ans et 40% étaient des femmes. Comme son intitulé le laisse entendre, l'étude a été servie non pas par les jeunes eux-mêmes, mais par les travailleurs sociaux qui les accompagnent. Elle décrit la situation observée au début de l'accompagnement.
Plusieurs caractéristiques récurrentes se dégagent des résultats. Tout d'abord, près d'un tiers des jeunes accueillis (31,5%) a quitté l'école avant 16 ans et 58% sont sortis du système scolaire sans aucun diplôme. Les bacheliers et au-delà ne représentent que 10,5% des jeunes de l'échantillon, alors qu'ils constituent 71% de la tranche d'âge en population générale.
L'emploi est un autre facteur très discriminant : 56,4% des jeunes accueillis n'ont jamais travaillé, tandis que 43,6% ont déjà une expérience professionnelle. Pour ceux qui sont dans ce second cas de figure, la durée d'emploi est toutefois relativement courte : seuls 14,8% d'entre eux ont travaillé plus d'un an, tandis que 28,2% ont travaillé de 4 à 12 mois et 20,4% moins de trois mois (l'information sur la durée des périodes travaillées étant par ailleurs inconnue des travailleurs sociaux dans 36,6% des cas). Lors du déclenchement de l'accompagnement social, 39,6% de jeunes étaient demandeurs d'emploi non inscrits à Pôle emploi et 26,4% étaient demandeurs inscrits, tandis que 15% occupaient effectivement un emploi.
En termes de revenus, près des deux tiers des jeunes accueillis (63,6%) ne disposent d'aucune ressource, 12,4% disposent d'un salaire, 7,4% d'allocations chômage, 5,9% du RSA socle ou activité, 5,3% d'une allocation de formation et 5,1% d'une allocation Civis. Enfin, l'étude montre que, parmi les motifs principaux ayant déclenché l'accompagnement social, figurent la rupture familiale (30,6% des cas), l'absence d'hébergement ou de logement (21,3%), l'absence de ressources (19%), l'arrivée en France (4,2%), ainsi que le chômage et la perte d'emploi (3,7%).
La Fnars en tire la conclusion que "la trilogie 'échec scolaire - manque de soutien familial - absence de ressources' est mise en évidence par l'enquête comme un frein très fort à l'insertion". Elle estime également que "le nombre de demandeurs d'emploi non inscrits à Pôle emploi est symptomatique de la négligence dont fait preuve la société à l'égard de ses jeunes". Elle rappelle par conséquent ses propositions consistant à combler les "trous" de la prise en charge, à intensifier l'accompagnement sur mesure et à systématiser le principe de la "nouvelle chance" pour les jeunes en échec.