Énergie : le gouvernement table sur une poussée des renouvelables d'ici 2030
La France compte accélérer sur la production d'électricité d'origine solaire et éolienne, jusqu'ici en retard, dans son prochain projet de loi de programmation sur l'énergie et le climat, indique un document de travail gouvernemental rendu public ce 14 juin.
En attendant le prochain projet de loi de programmation sur l'énergie et le climat, dont le gouvernement doit présenter les grands contours début juillet, un document de travail de 62 pages, intitulé "la planification écologique dans l'énergie" , produit par le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) qui dépend de Matignon, et dévoilé par le Monde ce 14 juin, livre de premières pistes. Il met en rapport la réduction prévue des émissions de gaz à effet de serre de la France, les besoins énergétiques du pays, la consommation d'énergie prévue d'ici 2030, et les moyens d'atteindre ces objectifs.
Nette accélération pour le photovoltaïque et l'éolien terrestre
Dans ce cadre, au vu de la sortie progressive des énergies fossiles et de l'électrification du pays, il prévoit un "doublement du rythme annuel de développement" des capacités de production photovoltaïque, pour parvenir à une capacité de production de 128 à 160 gigawatts en 2050. Cela signifie que la production d'énergie solaire doit croître de 3,7 à 5,5 GW par an, alors que le rythme actuel est "d'environ 2 GW" par an, indique le rapport.
Même chose pour l'éolien terrestre, dont la production devra croître "jusqu'à 2,5 GW par an" après 2035, contre 1,2 GW par an actuellement. Dans son discours de référence sur l'énergie à Belfort le 10 février 2022 (voir notre article du 11 février 2022), Emmanuel Macron avait au contraire évoqué un "étalement dans le temps" des objectifs de développement de ce secteur pour ne pas heurter les opposants.
La biomasse (bois, matières et déchets agricoles pour biocarburants et biogaz...) aura son rôle, mais le projet propose des priorités d'usage (alimentation humaine et animale, puits de carbone, industries sans alternatives décarbonées...).
Du côté du nouveau nucléaire, le gouvernement vise toujours six EPR2, avec une option pour huit supplémentaires, d'ici 2050. Sur les 56 existants, "entre 0 réacteur (l'objectif) et 9 réacteurs (cas défavorables)" seront fermés avant leurs 60 ans "pour raisons de sûreté".
La sobriété plus que jamais de mise
Dans l'équation, le premier élément reste la sobriété : d'ici 2030, le gouvernement table sur une baisse de 17% de la consommation finale d'énergie du pays par rapport à celle de 2021, via notamment la baisse des énergies fossiles, la rénovation des bâtiments, les efforts sur le chauffage en hiver etc...
En matière d'hydrogène vert, le document souligne le besoin de développer la production à 10 GW d'électrolyseurs installés en 2035 contre 6,5 GW prévus en 2030, mais surtout "d'atteindre" un coût de revient "d'environ 2,5 euros par kg en moyenne" pour que le secteur reste compétitif. Le coût actuel de l'hydrogène fossile est de 2,8 euros par kilo.
Les enjeux dans les territoires
Outre l'adaptation des infrastructures pétrolières et gazières et la planification des emplois et compétences nécessaires à la nouvelle donne énergétique, le document évoque le déploiement de la stratégie dans les territoires. Il rappelle les enjeux à cette échelle - déclinaison territoriale de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), orientations des projets d'énergies renouvelables (ENR) vers les zones les plus pertinentes en concertation avec les élus locaux, planification de façade maritime, développement de la géothermie et des réseaux utilisant la chaleur fatale, suivi des usages prioritaires de la biomasse. Pour cela, une animation et une coordination sont prévues ou en cours d’organisation (établissement des comités régionaux de l’énergie (CRE) et début des travaux dès cette année, renforcement de l’animation et de l’appui national et local avec le déploiement des référents préfectoraux et le renforcement des Dreal, revue de projets trimestrielles sur les projets photovoltaïques, éolien, méthanisation, mise en place des zones d’accélération pour le développement des ENR à partir de cette année.