La filière Chaleur renouvelable présente son "plan Marshall"
À l’approche de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) – la loi de programmation sur l’énergie et le climat qui doit en fixer les grands objectifs doit être adoptée avant le 1er juillet prochain –, plusieurs acteurs de la filière, dont l’association Amorce, réunis dans un "club de la chaleur renouvelable", ont remis le 21 avril dernier à la ministre Agnès Pannier-Runacher leur "plan Marshall" pour la chaleur renouvelable et de récupération, "grande oubliée" selon eux du débat énergétique.
Estimant que cette PPE est celle "de la dernière chance pour atteindre la neutralité carbone en 2050", les auteurs de ce plan y plaident pour un déploiement de la chaleur fatale (avec une évaluation obligatoire du potentiel des installations industrielles et data centers supérieurs à 5MW d’une part et le lancement d’un fonds de garantie pour en faciliter la récupération d’autre part), de la valorisation des déchets (en relançant et simplifiant des appels d’offres "combustibles solides de récupération" et en levant les plafonds de volumes incinérés dans les plans régionaux de prévention et gestion des déchets), du solaire thermique (avec des plans par secteur d’activité : piscines publiques, campings…), de la géothermie et de la méthanisation.
Ils préconisent entre autres mesures la définition d’une "stratégie territoriale de chauffage" dans tous les documents d’urbanisme et d’habitat (PLU/PLH), la généralisation d’études de faisabilité publiques de création de réseaux de chaleur dans toutes les collectivités de plus de 10.000 habitants, de planifier le déploiement accéléré de la chaleur renouvelable pour le patrimoine de l’État et des collectivités avec l’Agence de gestion de l’immobilier ou encore de renforcer l’animation territoriale en déployant un réseau de "générateurs chaleur renouvelable et réseaux de chaleur multi-énergies". Sans oublier une augmentation pluriannuelle du fonds Chaleur, qui devrait selon eux être doté de 750 millions d’euros dès cette année (contre 520 millions pour l’heure), pour atteindre près de 3 milliards d’euros en 2030.
Le tout devrait permettre aux sources d’énergies renouvelables et de récupération d’atteindre 54% de la consommation totale de chaleur en France en 2030, contre 23% actuellement. "Ces 300 TWh de chaleur renouvelable et de récupération éviteront l’émission de 62 millions de tonnes de CO2 tous les ans, génèreront des économies pour les finances publiques et la balance commerciale du pays en effaçant plus de 15 milliards d’euros d’importations d’énergies fossiles et profiteront directement aux ménages et aux entreprises. Ils sont également source de souveraineté énergétique pour la France et l’Europe en permettant de valoriser des ressources disponibles sur nos territoires", assurent les promoteurs du plan.