Transports - Du ferroviaire au maritime, le ministre des Transports développe ses priorités
L'été se prête-il particulièrement bien à l'exercice des auditions parlementaires ? Les 24 et 25 juillet, le ministre délégué aux Transports, Frédéric Cuvillier, a été successivement entendu par la commission du développement durable au Sénat, puis par celle des affaires économiques à l'Assemblée nationale. Rassurant les élus, il a souligné que pour lutter contre la fracture territoriale, le transport reste la voie royale. La remise à niveau du réseau ferroviaire figure au rang des priorités du gouvernement. Le renouvellement du matériel roulant, également, qui deviendra urgent "d'ici deux à trois ans". Pour supporter le coût de l'ensemble, le recours à des financements "éventuellement croisés" a été évoqué, sans plus de précisions.
Cohérence, remise en ordre, ambition
Louis Nègre, sénateur des Alpes-Maritimes, a suggéré que le rôle de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) soit renforcé. Une piste pour laquelle le ministre s'est dit intéressé. Plus globalement, pour que le secteur "regagne en cohérence", il faut selon Frédéric Cuvillier sortir du modèle d'extrême segmentation et de sectorisation des transports "qui aboutit à une illisibilité et à une perte d'efficacité dès qu'il s'agit de rendre les modes de transport complémentaires entre eux. Sur ce point, certaines collectivités ont des initiatives pertinentes. Mais c'est insuffisant : sans empiéter sur les compétences des unes ou des autres, il est temps de renforcer la coordination et d'écrire ensemble une nouvelle page de la décentralisation". Une grande concertation sera ouverte à la rentrée sur cette question. Concernant la complémentarité rail et route, une mission nationale d'étude du ferroutage pourrait être créée. Et au sujet du Schéma national des infrastructures de transport (Snit), Frédéric Cuvillier a réaffirmé sa volonté d'y "mettre de l'ordre". Pour ce faire, une commission va être créée, qui sera chargée de "hiérarchiser les projets" et de trouver de nouvelles sources de financement. Cette hiérarchisation se fera selon des critères qui restent à peaufiner mais tiendront à coup sûr compte du rapport coûts-avantages et de la complémentarité des projets avec les réseaux existants.
Autre dossier prioritaire, la réforme du système ferroviaire et l'ouverture à la concurrence de son marché. "Elle sera mise en œuvre mais sans précipiter les choses. Dans ce système à terme réformé, la concurrence ne s'imposera ni comme l'alpha ni comme l'oméga. Le but est qu'elle redonne de l'autonomie, de la lisibilité. Il faut réinjecter de l'ambition dans la politique ferroviaire française", motive le ministre, qui a d'ores et déjà pris de premiers contacts avec les syndicats du secteur. Ecueil à éviter : le manque d'anticipation et de préparation qui, comme l'a pointé le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans un récent avis sur l'ouverture à la concurrence des trains régionaux, a précipité l'échec de la précédente réforme du fret ferroviaire.
Vers une politique maritime intégrée
Autres enjeux, la compétitivité portuaire et l'intégration des politiques maritimes. "Une dizaine de ministères intervenaient auparavant sur ces enjeux, qui passent désormais sous la coupe d'une politique unifiée". Selon le ministre, ancien maire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), les interfaces terre-mer ne sont pas des territoires comme les autres. "Les élus du littoral rencontrent des difficultés qui leur sont propres, notamment en matière de gestion des risques et du trait de côte. Il faut mieux les accompagner et créer des outils pour les aider. Cela pourrait prendre la forme d'un fonds d'aménagement du littoral." Le ministre a aussi été longuement interrogé au sujet de la réforme de la politique commune des pêches, qui repose essentiellement sur le constat de la surpêche et passera cet automne devant le conseil des ministres européens. "Il est temps que l'environnement et la pêche ne se tournent plus le dos et que les pêcheurs soient réellement parties prenantes des progrès environnementaux", a-t-il déclaré. Conscient que ce métier souffre d'un déficit d'image et d'attractivité auprès des jeunes, son ministère va entreprendre un état des lieux des filières et des écoles de formation qui y mènent. Quant aux "contrats bleus", un dispositif de préservation de la ressource et de l'environnement marin, il a été confirmé qu'ils seront maintenus au même niveau (enveloppe moyenne de 12 millions d'euros par an). Pour finir, le ministre est revenu sur la crise de l'ostréiculture et a évoqué la création d'une "stratégie d'aquaculture propre".