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Santé/Social - Alzheimer, "une maladie de second rang" ?

Alors que le nouveau plan Cancer vient d'être présenté, l'association France Alzheimer attend toujours que le prochain plan Alzheimer soit enfin lancé. Et craint un élargissement de périmètre à budget constant...

Il y a quelques jours, François Hollande annonçait les grandes lignes du plan Cancer, le troisième du nom (voir notre article ci-contre du 5 février 2014). Ce plan 2014-2019 prévoit notamment une enveloppe de 1,5 milliard d'euros, identique à celle de son prédécesseur. Dans un communiqué du 7 février intitulé "Un plan Cancer ambitieux : bravo ! Alzheimer : une maladie de second rang ?", l'association France Alzheimer "se réjouit et salue cet engagement responsable et indispensable, mais qui ne fait que ressortir le vide actuel des réponses politiques apportées à la maladie d'Alzheimer et aux maladies apparentées".

Le quatrième plan annoncé en septembre 2012...

Pour Marie-Odile Desana, la présidente de France Alzheimer, "la situation actuelle est source pour les familles de nombreuses interrogations, auxquelles notre association ne peut apporter de réponses concrètes à son niveau". Elle observe que "si Alzheimer a bénéficié de trois plans nationaux entre 2001 et 2012, depuis l'arrêt du dernier plan, il y a deux ans, ne se suivent qu'évaluations, concertations, réunions... sans émergence de crédits et d'actions concrètes sur le terrain. En parallèle, voilà plus de dix ans que nous sommes en attente d'une véritable réforme sur la question de la perte d'autonomie".
Le chef de l'Etat avait pourtant annoncé la préparation d'un quatrième plan Alzheimer dès le mois de septembre 2012, en clôturant une réunion du comité de suivi du plan 2008-2012, (voir notre article ci-contre du 24 septembre 2012). François Hollande avait alors indiqué que le plan précédent ferait l'objet d'une évaluation, "pour en améliorer l'efficacité". Cette évaluation s'est effectivement mise en place à la fin de novembre 2012 (voir notre article ci-contre du 30 novembre 2012). Après sept longs mois de travaux et sans grande surprise - la Cour des comptes s'étant livrée au même travail entre-temps (voir notre article ci-contre du 14 février 2013) -, ce bilan a conclu que le plan 2008-2013 "était un plan ambitieux, bien conçu, développant des actions à tous les niveaux, du médicosocial à la recherche, en passant par l'éthique, cherchant à améliorer la qualité de la prise en charge et à fédérer les efforts de recherche. Sa gouvernance au plus haut niveau permettait une action coordonnée des différents ministères évitant les obstacles liés à l'organisation en silos".

...mais qui ne concrétisera pas avant mars 2014

Pour ne pas laisser s'installer un vide dans la continuité de la démarche, le gouvernement avait décidé de prolonger le plan 2008-2012 jusqu'en juin 2013, en tirant parti des retards de consommation des crédits.
En novembre 2013, Marisol Touraine a finalement annoncé, devant la commission élargie de l'Assemblée nationale dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances, que le nouveau plan Alzheimer - "en cours d'élaboration" - "sera présenté à la fin du premier trimestre 2014" (voir notre article ci-contre du 15 novembre 2013). Il devrait donc logiquement couvrir la période 2014-2018, ce qui ferait effectivement de 2013 une année blanche.
En attendant sa présentation - et les dispositions sur la dépendance qui devraient figurer dans le projet de loi sur l'adaptation de la société au vieillissement -, France Alzheimer a une autre inquiétude, surtout en cette période de rigueur budgétaire. La ministre des Affaires sociales et de la Santé a en effet indiqué que le nouveau plan portera "sur l'ensemble des maladies neurodégénératives, et pas simplement sur la maladie d'Alzheimer" (Parkinson, sclérose en plaques, maladie de Huntington, maladie de Creutzfeldt-Jakob...). Si l'association ne conteste pas ce rapprochement, qui peut avoir du sens, elle redoute qu'il se fasse à budget constant, réduisant d'autant l'enveloppe consacrée à la maladie d'Alzheimer et aux troubles apparentés, dont la prévalence continue pourtant de progresser.

 

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