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Santé - Plan Cancer 2014-2019 : vers une reprise en main des cancéropôles par l'Inca

François Hollande a présenté, le 4 février, le plan Cancer 2014-2019, troisième du nom. Doté de 1,5 milliard d'euros - une enveloppe équivalente à celle de son prédécesseur - le nouveau plan Cancer comporte un certain nombre d'axes forts, comme le renforcement de la lutte contre le tabac, la réduction des inégalités face à la maladie, la lutte contre les cancers évitables, la généralisation de l'accès à l'IRM (imagerie par résonance magnétique) ou encore le doublement des essais cliniques.
Mais les régions, qui ont très fortement investi dans la création et le fonctionnement des cancéropôles, retiendront surtout que le plan prévoit un recentrage de ces structures sur des champs non déjà couverts par d'autres organisations et un retour en force de l'Inca (Institut national du cancer) dans leur coordination.

Un recentrage sur des champs non couverts par d'autres

Créés en 2003 et au nombre de sept, les cancéropôles "contribuent à structurer la recherche au plan régional (Ile-de-France, Paca) ou interrégional, en accord avec la politique de soutien à la recherche de l'Inca. Ils ont ainsi pour objectif de stimuler la recherche et de favoriser le transfert des résultats aux patients". Sur chacun des sept territoires couvrant l'ensemble de l'Hexagone, les cancéropôles associent des équipes des organismes publics de recherche (Inserm, CNRS, CEA, universités...), les CHU, les centres de lutte contre le cancer (CLCC) et les industriels de la santé. Ils regroupent aujourd'hui environ 2.000 équipes de recherche, 32 universités et plus d'une centaine de partenaires industriels. Si l'Inca leur apporte une dotation annuelle, leur financement est assuré principalement par les régions, pour lesquelles les cancéropôles constituent aussi une vitrine en matière de soutien à la recherche.
Le recentrage des cancéropôles prévu par le nouveau plan Cancer doit conduire ces derniers à intervenir en priorité sur des champs non couverts par d'autres institutions : émergence de projets dans des thématiques et technologies innovantes et de jeunes équipes, priorités régionales ou interrégionales de recherche incluant sa valorisation... Le plan prévoit aussi de mieux articuler les actions des sept cancéropôles avec celles des huit Siric (sites de recherches intégrées sur le cancer), créés par le plan précédent. Financés par l'Inca, le ministère de la Santé et l'Inserm, les Siric ont en effet des missions assez voisines de celles des cancéropôles.

Exit les ARS, place à l'Inca...

Le principal changement réside toutefois dans le très net renforcement du rôle de l'Inca dans le pilotage des cancéropôles, afin de lutter contre les disparités territoriales. Ce retour de l'Inca se fait clairement au détriment des agences régionales de santé (ARS), dont le rôle dans les orientations des cancéropôles est remis en cause. Le professeur Agnès Buzyn, présidente de l'Inca et pilote du plan Cancer, n'a pas mâché ses mots : "Nous voulons sortir du malaise par rapport aux structures dédiées aux cancers qui avaient plus ou moins pris leur autonomie, qu'il s'agisse des cancéropôles, des réseaux régionaux, des structures de gestion dans lesquelles l'Inca n'avait plus son rôle depuis l'arrivée des agences régionales de santé". Pour lever toute ambiguïté, elle a ajouté que "la façon dont les ARS se sont emparées de la coordination de la prise en charge des cancers conduit à l'hétérogénéité aujourd'hui constatée". Une reprise en main, qui pourrait bien conduire à revoir le rôle des régions au sein des cancéropôles, même si leur participation décisive au financement leur offre un argument de poids.