Sanitaire et médicosocial - Les régions très inégales devant la santé
Afin d'accompagner la mise en place des agences régionales de santé (ARS) - qui viennent de fêter leur premier anniversaire (voir notre article ci-contre du 30 mars 2011) -, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie un très intéressant "Recueil d'indicateurs régionaux : offre de soins et état de santé". Cette publication intervient très opportunément au moment où les ARS élaborent, en concertation avec tous les acteurs locaux, leurs projets régionaux de santé (PRS). Les chiffres présentés sont loin d'être inédits, puisqu'ils sont issus de diverses bases de données gérées par les ministères sociaux, comme Statiss, Eco-santé ou Score-santé. Mais la compilation de la Drees présente l'intérêt de rapprocher un certain nombre de ces données et de permettre à chaque région de se situer par rapport aux autres.
L'ouvrage comporte cinq parties. La première est consacrée au contexte sociodémographique : population, structure par âge, urbanisation, revenus et inégalités... La seconde s'attache à la description de l'état de santé. Elle présente notamment les indicateurs d'espérance de vie, avec des écarts conséquents entre régions : 74,2 années d'espérance de vie à la naissance pour les hommes dans le Nord-Pas-de-Calais, contre 79,0 en Ile-de-France. Elle retrace également les taux de décès par suicide et par mortalité prématurée, nettement plus élevés dans la partie Nord de la France et en Bretagne. Ce chapitre passe ensuite en revue la mortalité imputable à différentes maladies : accidents cardiovasculaires, infarctus, affections de longue durée... Autres exemples d'écarts régionaux : les addictions (tabac, alcool et cannabis) ou la prévalence de l'obésité. Non seulement les taux d'obésité les plus élevés sont concentrés au nord d'une ligne Rennes-Lyon (Ile-de-France exceptée), mais cette concentration géographique s'est fortement accrue entre 1997 et 2009. Parmi les autres données traitées dans ce chapitre figurent aussi la participation au dépistage du cancer du sein et du cancer colorectal, les IVG ou les accidents de la route (Paca, le Languedoc-Roussillon, le Centre et la Picardie étant les régions les plus touchées).
Une offre inégalitaire, pour le sanitaire comme pour le médicosocial
La troisième partie est consacrée à l'offre sanitaire. Les inégalités régionales sont tout aussi fortes en la matière, avec une surdensité de l'offre libérale dans les cinq régions du Sud et en Ile-de-France, alors que le Centre, les deux Normandie, la Picardie et la Franche-Comté sont nettement sous-dotées. Ces inégalités régionales se retrouvent également, de façon un peu moins abrupte, dans l'offre hospitalière. La quatrième partie prolonge la précédente, puisqu'elle couvre le recours et l'accès aux soins. Elle présente des comparaisons régionales sur les différentes consommations de soins et sur l'attractivité des établissements.
Enfin, la cinquième partie propose un rapide survol de l'offre médicosociale, à travers les taux d'équipements en structures d'accueil pour personnes âgées (pour lesquels la Bourgogne et le nord-ouest de la France sont privilégiés) et ceux en structures d'accueil ou de suivi pour enfants et adultes handicapés (pour lesquels les taux les plus élevés s'observent principalement dans le grand Sud-Ouest). A ces chapitres thématiques et transversaux s'ajoute une fiche descriptive synthétique pour chacune des 26 régions de métropole et d'outre-mer.