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Accès aux soins - Un Français sur deux hospitalisé à moins de 20 minutes de chez lui

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude originale sur l'accès aux soins et la couverture sanitaire du territoire. Intitulée "A quelle distance de chez soi se fait-on hospitaliser ?", elle s'efforce de mesurer la proximité des hôpitaux de court séjour. L'étude - qui porte sur 16 millions de séjours réalisés en 2008 par 10,3 millions de patients - montre ainsi que la moitié des patients hospitalisés en court séjour (médecine, chirurgie et obstétrique) le sont à moins de 21 minutes de trajet de leur domicile, tandis que les deux tiers des patients le sont à moins de 30 minutes de trajet. Au sein des activités de court séjour, c'est l'obstétrique qui présente le temps de trajet médian le plus faible (17 minutes) - ce qui s'explique par le nombre élevé d'hôpitaux et de cliniques possédant une maternité -, suivie par la médecine (21 minutes) et la chirurgie (24 minutes). La Drees en tire la conclusion que "ces distances apparaissent plutôt faibles au regard de la rareté de l'événement que constitue une hospitalisation". De façon générale, la prise en charge des pathologies courantes se fait à proximité du domicile - donc avec des temps de trajet courts -, tandis que les pathologies rares, prises en charge par un nombre plus restreint d'établissements, engendrent des temps de trajets supérieurs. En termes géographiques, 20% des hospitalisations de courte durée - toutes pathologies confondues - ont lieu dans la commune de résidence. Cette proportion est, par exemple, de 24% pour les accouchements, de 19% pour les cataractes, mais seulement de 6% pour les transplantations.

De fortes disparités infrarégionales

Ces moyennes recouvrent toutefois de fortes disparités territoriales. Les écarts entre régions apparaissent, certes, relativement limitées, 17 des 21 régions étudiées (hors Corse) présentant une durée de trajet médiane comprise entre 20 et 26 minutes. Les temps de trajet les plus courts s'observent en Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Alsace et Paca, tandis que la Franche-Comté et Midi-Pyrénées affichent les temps de trajet les plus longs. Mais les vrais écarts se situent au niveau infrarégional, autrement dit au sein d'une même région. Trois départements dépassent ainsi 40 minutes de temps de trajet médian, soit le double de la moyenne nationale : les Alpes-de-Haute-Provence, le Gers et la Lozère. A l'inverse, les Alpes-Maritimes, Paris et les trois départements de la petite couronne, la Marne et le Territoire de Belfort (favorisé par sa petite taille) affichent des temps de trajet médians inférieurs à 15 minutes. La Drees relève que "les départements les plus peuplés sont souvent les mieux desservis", mais cette variable n'explique pas tout. Ainsi, les départements limitrophes des Hautes-Pyrénées et du Gers totalisent pratiquement le même nombre de séjours hospitaliers, mais leurs temps médians de trajet sont respectivement de 21 et 42 minutes, soit un ratio du simple au double. Les véritables critères discriminants en termes de temps de trajet vers l'hôpital le plus proche sont en réalité le taux de population urbaine et la densité de population, qui lui est liée. Le Gers et la Lozère présentent ainsi les taux de population urbaine les plus faibles, tandis que la Lozère et les Alpes-de-Haute-Provence connaissent les plus faibles taux de densité. Il existe néanmoins quelques contre-exemples, comme les Hautes-Alpes, qui affichent un temps de trajet médian de 23 minutes, alors que le département présente à la fois une très faible densité de population et un très faible taux de population urbaine.