Santé publique - Cancer du sein : dépistage organisé en hausse, mais persistance de fortes disparités territoriales
A l'heure où les pouvoirs publics lancent une nouvelle campagne d'information sur le dépistage du cancer du sein, l'Institut de veille sanitaire (InVS) publie les résultats d'une étude sur la participation des femmes au programme de dépistage organisé de cette maladie. La nouvelle campagne sera plutôt bienvenue pour susciter à nouveau l'adhésion des femmes à cette démarche de prévention, car leur mobilisation demeure insuffisante. Certes, depuis sa généralisation à l'ensemble du territoire en 2004, le dépistage organisé attire un nombre croissant de femmes. Le taux de participation est en progression constante (40% en 2004, 45% en 2005 et 49% en 2006), mais il reste nettement inférieur aux 70% fixés par l'OMS et le référentiel européen pour garantir l'efficacité sanitaire d'une campagne de dépistage de masse.
Le bénéfice en termes de santé publique est pourtant indéniable : pour la seule année 2005, le dépistage a permis la découverte de 12.413 cancers du sein, soit 42% des nouveaux cas chez les femmes de 50 à 74 ans visées par la campagne. En 2007, plus de 2,1 millions de femmes appartenant à cette tranche d'âge - soit la moitié de la population ciblée - ont bénéficié d'une mammographie dans le cadre de la campagne. Au-delà de ces données brutes, l'étude de l'InVS fait apparaître de fortes disparités régionales et départementales. Ainsi, en 2006 et 2007, plusieurs régions enregistrent des taux de participation supérieurs à 60% (Bretagne, Pays-de-la-Loire et Limousin), tandis que d'autres présentent des taux inférieurs à 40%, comme l'Ile-de-France (38,2%) et la Corse (36%). A l'échelle des départements, les écarts son encore plus significatifs. Entre la Haute-Vienne, qui obtient le meilleur taux de participation pour les deux dernières années (70%), et Paris, lanterne rouge du classement avec 26,9%, l'écart est considérable. Par ailleurs, quatre départements (Cher, Maine-et-Loire, Morbihan, Lot-et-Garonne) ont un taux compris entre 65 et 70%, et seize atteignent 60% sur la période.
Ces évolutions s'inscrivent dans un cadre institutionnel largement remanié. Depuis l'adoption de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, le dépistage organisé du cancer du sein relève en effet de la compétence de l'Etat au titre de sa mission de santé publique. Ce changement de tutelle n'a cependant pas empêché de nombreux départements de poursuivre leur action dans ce domaine, par le biais de conventions avec l'Etat prévues par cette même loi.
Jean-Noël Escudié / PCA