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Médicosocial - Alzheimer : la maladie progresse, la dépendance aussi

Une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) estime entre 750.000 et 1 million le nombre de personnes atteintes en France d'Alzheimer et autres démences (Maad). La maladie, en constante progression, est expliquée en partie par le vieillissement de la population et touche essentiellement des femmes. Si le taux d'hospitalisation pour Maad ne cesse d'augmenter, avec une amélioration de la prise en charge, l'étude souligne que les dépenses de l'assurance maladie pour ces pathologies, du fait des moyens médicaux limités, restent encore modestes. Entre 1,29 et 1,40 million de personnes devraient souffrir d'une Maad à l'horizon 2030.

Si la prise en charge de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés s'est nettement améliorée depuis la mise en place des plans dédiés et la priorité qui lui a été accordée par le précédent gouvernement, le combat est encore très loin d'être gagné, notamment en termes médicaux. Une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS), publiée dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire" (BEH) du 9 septembre 2013, montre ainsi qu'entre 2007 et 2010 - et "malgré la courte période d'étude" - le nombre de personnes en ALD 15 (affection de longue durée n°15, correspondant à la maladie d'Alzheimer et aux troubles apparentés) a progressé de 14,6%. Ainsi, en 2010, 316.115 personnes étaient classées en ALD 15. Ce chiffre des ALD 15 est nettement inférieur à celui du nombre réel de malades. En extrapolant à partir d'études françaises et européennes, l'InVS estime le nombre de personnes atteintes, en France, de la maladie d'Alzheimer et autres démences (Maad) entre 750.000 et un million. Selon les hypothèses retenues, il devrait se situer entre 1,29 et 1,40 million de personnes à l'horizon 2030.

Une maladie mal surveillée

Ce flou dans les évaluations et les projections s'explique par le fait qu'"actuellement, il n'existe aucune surveillance de l'incidence et de la prévalence de ces pathologies". Néanmoins, ainsi que l'explique l'InVS, "une grande partie de cette augmentation est imputable au vieillissement de la population". Seule certitude : d'après l'Inserm, les Maad sont devenues, en 2008, la quatrième cause de décès, derrière les tumeurs, les maladies cardiovasculaires et les accidents. Cette cause de décès a progressé de 13,9% entre 2007 et 2010 (nombre de certificats de décès mentionnant l'existence d'une Maad) et de 71,8% depuis 2000. 
En termes démographiques, les femmes sont les plus touchées. Elles représentent presque les trois quarts (73%) du nombre des ALD 15 entre 2007 et 2010 et plus de 70% des nouvelles mises en ALD 15. La prévalence est de 2% chez les femmes de 75 à 79 ans, 6% entre 80 et 84 ans et plus de 12% au-delà de 90 ans. La prédominance des Maad chez les femmes résulte, pour une bonne part, de leur longévité plus importante que celle des hommes.

La prudence s'impose

L'étude de l'InVS fait également apparaître le "poids" croissant des Maad en termes de prise en charge. Si le nombre de Maad a progressé de 14,6% entre 2007 et 2010, celui du nombre de personnes hospitalisées avec une Maad a augmenté de 23,6% sur la même période. Ce chiffre doit toutefois être interprété avec prudence, dans la mesure où les causes de l'hospitalisation ne sont pas forcément liées à la Maad, mais peuvent tenir à d'autres pathologies. De même, les médecins hospitaliers ont davantage tendance à déclarer que des malades âgés hospitalisés sont atteints d'une Maad. Si l'on s'en tient aux seuls traitements directement liés à une ALD 15, les dépenses de l'assurance maladie restent encore relativement modestes, avec une dépense totale de 1,2 milliard d'euros en 2011. Mais il est vrai que les traitements de ces pathologies sont aujourd'hui des plus limités. En revanche - et bien que l'étude de l'InVS n'aborde pas ce volet -, la montée des Maad se traduit par un nombre accru de situations de dépendance, avec un impact direct sur le volume de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) à domicile et en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Il reste que ce type d'évolutions reste difficile à interpréter, pour une maladie encore mal connue et mal recensée. Difficile en effet de faire la part entre la progression effective de la maladie et l'amélioration de sa détection, permise notamment par la multiplication des consultations mémoires mises en place dans le cadre du plan Alzheimer. On notera au passage que les résultats publiés par l'InVS sont en contradiction avec ceux d'une récente étude épidémiologique anglaise, publiée dans le journal médical "The Lancet". Celle-ci montrait au contraire un net recul de 25% en vingt ans de la prévalence de la "démence sénile" chez les plus de 65 ans britanniques (voir l'encadré de notre article ci-contre du 24 juillet 2013).
 

 

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