Social/santé - Alzheimer, dépendance : des associations s'inquiètent
Dans une période de coupes claires budgétaires, des associations commencent à s'inquiéter du devenir de certaines réformes annoncées. Le cas de l'association France Alzheimer est particulièrement emblématique. Celle-ci vient en effet de s'exprimer coup sur coup sur deux chantiers importants. Dans un communiqué du 26 mars 2013, l'association s'inquiète à nouveau - comme elle l'a déjà fait, il y a un an (voir notre article ci-contre du 27 mars 2012) - des retards dans la consommation des crédits du plan 2008-2012, prolongé jusqu'en juin 2013 dans l'attente des résultats de son évaluation (voir notre article ci-contre du 30 novembre 2012).
L'association se montre nettement moins optimiste que le récent rapport de la Cour des comptes sur le sujet (voir notre article ci-contre du 14 février 2013). Cette inquiétude tient, selon elle, aux chiffres présentés lors du comité de suivi du plan Alzheimer, qui s'est réuni le 26 mars : "Alors que le plan a été doté d'un budget dédié de 1,6 milliard d'euros, France Alzheimer regrette que seuls 41% de celui-ci aient été réellement dépensés à ce jour". Aussi l'association exprime-t-elle "son inquiétude concernant l'actuelle période de transition et de latence, qui met en péril la dynamique du plan, mais aussi l'engagement des acteurs de terrain, et demande aux pouvoirs publics de rester mobilisés". L'inquiétude porte plus particulièrement sur les mesures relatives aux personnes malades et à leur famille. La mesure n°1 du plan - relative à la diversification et au développement des formules de répit - serait ainsi "loin d'atteindre les objectifs fixés". Plus largement, à la fin de 2012, seuls 35% des crédits affectés à l'amélioration de la qualité de vie des personnes malades et des aidants auraient été réellement dépensés. Une situation qui expliquerait que "le plan Alzheimer reste très abstrait pour les familles, [...] nombreuses à nous rapporter qu'elles n'en voient pas les effets concrets dans leur vie quotidienne".
Dans un communiqué du même jour, l'association s'inquiète également d'un autre chantier, qui intéresse très directement les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer : la réforme de la prise en charge de la perte d'autonomie. "Toujours pas lancée", celle-ci "a fait l'objet de multiples reports successifs qui ont transformé progressivement l'espoir des familles en immense déception et incompréhension". L'association rappelle que si les frais médicaux de la maladie d'Alzheimer sont pris en charge à 100% par l'assurance maladie en qualité d'affection de longue durée, " les frais médico-sociaux sont assumés en grande partie par les familles". Selon France Alzheimer, "le coût de la prise en charge médico-sociale représente 90% du coût total de la maladie" : emploi d'une auxiliaire de vie, d'une aide-ménagère, frais d'accueil de jour, équipements permettant d'adapter le logement, protections pour incontinence... Selon plusieurs études, le reste à charge reste de l'ordre de 1.000 euros nets et l'intervention d'un aidant familial équivaut à un apport de 3.000 euros par mois (voir notre article ci-contre du 21 décembre 2010). France Alzheimer demande donc notamment un financement de la perte d'autonomie assuré intégralement au titre de la solidarité nationale.