Aide à domicile - ADMR 29 : le département reprend la main pour préserver associations et personnes âgées
Sans surprise, tant la situation était dégradée (voir notre article ci-contre du 8 février 2012), le tribunal de grande instance (TGI) de Brest a prononcé la cessation d'activité, avec effet immédiat, de l'ADMR 29 (Fédération d'aide à domicile du Finistère). La demande de mise en liquidation avait été déposée par l'administrateur judiciaire de l'ADMR dès le 1er février dernier, mais le TGI avait néanmoins décidé d'accorder trois mois d'autorisation de poursuite de l'activité qui n'ont finalement rien donné, si ce n'est d'offrir aux acteurs un délai supplémentaire pour préparer la disparition de l'organisme. Après l'échec de deux plans de sauvegarde et un déficit cumulé de trois millions d'euros, il était devenu impossible de redresser la situation. D'autant plus que le jugement du TGI ne manque pas de rappeler "que les salariés ont fait valoir leur droit de retrait, total ou partiel, au regard du danger grave et imminent auquel ils s'estiment exposés".
L'enjeu est considérable, dans la mesure où l'ADMR 29 rassemblait environ 90 associations d'aide à domicile, intervenant auprès de 28.000 personnes âgées et employant 3.500 salariés (dont 112 employés directement par la fédération). Certes, la mise en liquidation ne concerne que la fédération et non pas les associations membres. Mais nombre de ces dernières se trouvent très fragilisées par cette situation, aussi bien en termes de trésorerie que de gestion (l'ADMR assurant la plupart des fonctions supports essentielles, comme la facturation des prestations et la paye).
Conscient des dangers d'une réaction en chaîne, le président du conseil général du Finistère avait réuni, dès le 11 avril, les présidents des associations locales de l'ADMR, les présidents des groupements et la présidente de la fédération. Selon le communiqué publié par le département à l'issue de cette rencontre, Pierre Maille "a redit sa priorité : assurer la continuité d'un service de qualité auprès des personnes âgées, sur l'ensemble du Finistère". Le président du conseil général a également indiqué que ses services allaient accompagner "en direct" les associations de l'ADMR, en leur apportant notamment une aide en matière de gestion. De même, "chaque association locale bénéficiera d'une autorisation administrative de la part du conseil général nécessaire à la poursuite de ses activités".
La situation de l'ADMR 29 - qui est en grave difficulté depuis plus de deux ans - revêt sans nul doute un aspect paroxystique. Mais face à une crise de l'aide à domicile qui est encore loin de la décrue (voir nos articles ci-contre), d'autres départements pourraient bien connaître des situations similaires, contraignant les conseils généraux à intervenir.