Transports - Véhicules écologiques : comment accélérer leur percée en ville... et ailleurs ?
La septième édition des Rencontres internationales des véhicules écologiques (Rive) a réuni le 5 juillet à Paris une centaine d'experts, représentants d'entreprises et de collectivités. Ce rendez-vous annuel rassemble des acteurs publics et privés impliqués dans le développement de véhicules écologiques. "Véhicules écologiques" étant à comprendre au sens large du terme : un nouveau biocarburant, le biopropane, innovant parce qu'il intègre dans sa fabrication des matières premières renouvelables et qui arrivera l'an prochain sur le marché français, y est un sujet de discussion, au même titre que le rapide développement des bornes de recharge électriques ou la timide percée de l'hydrogène dans les flottes captives. "Les élus locaux sont aussi au cœur de ce rendez-vous car même s'ils n'en ont pas toujours conscience, ils ont au même titre que le gouvernement leur rôle à jouer, lequel est déterminant pour faire circuler plus de véhicules écologiques en ville", motive Marc Teyssier D'Orfeuil, le cofondateur de ces Rencontres.
Appel à projets, appel à tester
Sur l'hydrogène justement, le ministère de l'Environnement a lancé au printemps dernier un appel à projets pour développer son économie à l'échelle de plusieurs territoires (voir notre article dans l'édition du 11 mai 2016). "Cet appel à projets prend bien, une trentaine de porteurs de projets se sont manifestés", rapporte Bruno Léchevin, à la tête de l'Ademe. Laurent Michel, le directeur général de l'énergie et du climat au ministère, a évoqué le prochain lancement d'un autre appel à projets pour l'acquisition de flottes poids lourds fonctionnant au gaz naturel véhicule (GNV) et l'équipement en stations d'avitaillement. Il sera financé dans le cadre du Programme des investissements d'avenir piloté par l'Ademe. L'exemple rhônalpin a été cité. L'Ademe Rhône-Alpes a en effet conçu une expérimentation grandeur nature mobilisant des transporteurs de la vallée de l'Arve (Haute-Savoie). Or ce projet s'appuyant sur un fort partenariat public-privé et qui s'accompagne d'un fonds de soutien GNV à l'acquisition de véhicules, semble une réussite à même d'inspirer d'autres territoires.
Renforcer l'infrastructure de recharge
"Il n'y a pas une solution unique, plusieurs énergies sont possibles. Ces dernières années nous avons soutenu une dizaine d'initiatives de collectivités dans le domaine de l'électromobilité", a ajouté Bruno Léchevin. Qui dit développement du véhicule électrique dit cohérence de l'infrastructure de recharge. "Dans ce domaine 77 projets d'infrastructures ont été soutenus par l'Ademe. Soit 61 millions d'euros d'aides", poursuit-il. La constitution d'un réseau national de bornes de recharge pour voitures électriques commence donc à prendre forme. L'an dernier, la France comptait près de 13.000 points de recharge ouverts au public. "Nous en serons bientôt à 20.000", estime le président de l'Ademe. Pour autant l'objectif de 50.000 bornes visé à l'horizon 2020 ne sera pas si facile à atteindre. Autre enjeu, celui de rendre ces infrastructures de recharge visibles, accessibles mais aussi interopérables. Ces instructions officielles destinées à tous ceux qui déploient ou opèrent des bornes de recharge accessibles au public feront l'objet d'un décret, dont Laurent Michel a annoncé la publication prochaine.
Ecueils et priorités
"Il ne suffit plus d'expérimenter, il faut désormais appuyer sur l'accélérateur et généraliser des solutions qui ont fait leurs preuves dans des territoires qui en ont grandement besoin", rebondit Marie-Noëlle Lienemann. La sénatrice PS de Paris préconise d'axer les efforts sur le périurbain dense, "où des services d'autopartage électrique peuvent être développées dans les résidences de logements en lieu et place des traditionnelles places de parking". Ou encore dans les centres-bourg ruraux "en déclin et qui sont de toute urgence à revitaliser, ce type de service pouvant y contribuer". Pour Jean-François Husson, sénateur de Meurthe-et-Moselle à l'initiative du rapport sur le coût économique de la pollution de l'air publié l'été dernier (voir notre article dans l'édition du 16 juillet 2015), il faut dépasser un autre écueil, "celui qui consiste à faire croire que la recharge d'un véhicule électrique est gratuite". Une certaine "maturité" sur le sujet ayant selon lui été atteinte, il est temps de faire payer cette énergie au juste prix - "ce sera moins déresponsabilisant".