Transports/Environnement - Véhicules écologiques : l'Opecst promeut la règle de deux
C'est au terme d'un tour de table marathon - plus d'un an d'auditions - dont le premier mérite est d'avoir restauré le dialogue entre élus, constructeurs et experts que deux parlementaires, la sénatrice (UMP) du Bas-Rhin Fabienne Keller et le député (EELV) de Paris Denis Baupin, ont remis le 16 janvier un copieux rapport sur les véhicules écologiques. Passées les généralités, ils pointent des enjeux intéressants, notamment en termes de gouvernance. Pour le covoiturage par exemple, qui semble une cause acquise, beaucoup reste à faire pour que les collectivités ne travaillent plus chacune dans leur coin. Un constat partagé par Jean-Philippe Cali, directeur Mobilité au conseil général du Bas-Rhin, qui estime persistant ce problème de coordination entre collectivités. Appliqué à l'auto-partage de véhicules électriques, l'enjeu devient l'interopérabilité entre les bornes de recharge des collectivités. A noter : le conseil régional de Bourgogne vient de prendre ce pli en organisant intelligemment un système d'auto-partage (de voitures classiques) avec, au préalable, une étroite coordination entre collectivités et opérateurs pour qu'à cet échelon, d'abord avec le Grand Dijon puis les agglomérations de Chalon, Mâcon, Auxerre, le service proposé soit à peu près le même partout. Un exemple à suivre...
Progrès à faire : un boulevard s'ouvre
Le rôle croissant des élus locaux est mis en avant par ce rapport. "En ville, des voies sont réservée aux bus et taxis. On pourrait imaginer que certaines soient réservées aux véhicules écologiques sobres, de petite taille, partagés ou à haut taux d'occupation (au moins trois personnes)", avance Denis Baupin. Côté stationnement, une autre option, déjà testée à Bordeaux et Paris, à savoir proposer un tarif réduit en parking aux véhicules écologiques, reste à mieux explorer. Tout comme le principe du disque vert, qui permet d'accorder le bénéfice d'une heure et demie de stationnement gratuit aux conducteurs de véhicules propres. Une quinzaine de collectivités ont opté pour et, mieux, elles oeuvrent en réseau : le même disque est valable dans chacune de leurs enceintes. "Il faudrait aussi faire évoluer le dispositif des certificats d'économie d'énergie (CEE) pour qu'ils puissent bénéficier à l'achat de véhicules propres et pas seulement à la rénovation des bâtiments", ajoute le député parisien. "Et, dans les gares, voir émerger des plateformes d'écomobilité pour structurer l'offre, actuellement bien trop dispersée. Au niveau local, l'expérimentation existe : elle doit être confortée et démultipliée", poursuit Fabienne Keller. Elle préconise aussi de "mettre en réseau les pôles de compétitivité et centres de recherche travaillant sur le véhicule écologique" et a évoqué l'intérêt d'un observatoire national des mobilités.
Quel choix d'avenir ?
L'ancienne maire de Strasbourg a aussi cité des verrous réglementaires : statut juridique manquant au covoiturage, problème d'assurance posé par le partage de véhicules (c'est le véhicule qui est l'objet de l'assurance et non la personne dans tous ses déplacements)… Et la commande publique comme un levier certain : flottes professionnelles et d'administrations pourraient inclure plus de véhicules partagés. Quant aux techniques et motorisations, aucune n'a clairement la faveur des rapporteurs. Electricité, hydrogène, air comprimé, gaz, agrocarburants (controversés) : les constructeurs continuent d'explorer toutes les pistes. "Aucune ne s'impose comme la solution d'avenir", insiste Denis Baupin. Mais n'est-ce pas là le problème ? Cette porte ouverte à tous les possibles n'entretient-elle pas de fait le flou, lequel constitue un redoutable frein à l'achat pour le consommateur lambda ? "Le vélo est la solution", éludent les deux rapporteurs. Ne pas trancher plus vivement sur le sujet est le point faible du rapport.