Transports - La région Alsace veut booster la voiture électrique
"Comme nous l'avons fait dans le passé avec les chaufferies bois ou les dispositifs solaires, nous voulons jouer un rôle de précurseur pour la voiture électrique pour booster son usage et mettre en place une véritable filière industrielle", a expliqué Philippe Richert, président du conseil régional d'Alsace en présentant ce 5 octobre, à l'occasion du Salon mondial de l'automobile à Paris, le dispositif que la région vient d'élaborer en faveur du véhicule électrique. Deux mesures vont être proposées le 5 novembre prochain aux élus régionaux pour une application le 1er janvier 2011. Tout d'abord, une aide régionale de 5.000 euros par véhicule pourra être attribuée directement aux particuliers qui font l'acquisition d'une voiture 100% électrique. Elle viendra compléter la subvention du même montant que l'Etat verse aux constructeurs et que ces derniers répercutent aux acquéreurs. Pour les locations avec option d'achat, l'aide régionale pourra être versée au loueur qui la répercutera au locataire. En contrepartie de cette aide, l'usager devra accepter l'installation à domicile et à ses frais d'une prise de recharge du véhicule dont le coût est estimé entre 1.000 et 2.000 euros. La région compte ainsi soutenir l'achat de 500 véhicules de façon à constituer un panel significatif d'usagers privés. Ces derniers seront fédérés dans un club d'utilisateurs qui permettra d'animer le secteur et de recueillir des données à la fois techniques et comportementales. "Il est important d'atteindre rapidement un effet de seuil car si l'on n'a pas suffisamment de véhicules électriques qui fonctionnent, on n'a pas de réseau pour recharger et de services suffisants", a insisté Philippe Richert. La région propose donc une deuxième mesure qui revêt la forme d'un appel à manifestation d'intérêt "mobilité électrique" qui s'adresse aussi bien aux collectivités territoriales, aux opérateurs de transport qu'aux entreprises, associations et prestataires de services. Il s'agira ainsi de soutenir l'expérimentation de services de mobilité électrique. Chaque projet pourra être aidé par la région à hauteur de 20% des dépenses d'investissement matériel et de 50% des études, dans la limite de 200.000 euros maximum . 4 ou 5 opérations pourraient être ainsi financées en 2011.
Pour la région, qui dispose déjà de deux pôles de compétivité complémentaires (énergie et véhicule du futur, ce dernier étant commun à l'Alsace et à la Franche-Comté), le nouveau dispositif d'aide en faveur de la voiture électrique s'inscrit clairement dans une stratégie de développement économique. "Nous voulons garder une industrie automobile compétitive, avec le site PSA à Mulhouse qui a recommencé à embaucher, et marquer des points pour le futur en encourageant un nouveau virage technologique qui nous situerait parmi les régions européennes les plus en pointe pour développer le véhicule électrique", a souligné Philippe Richert. Certains projets innovants sont déjà développés par des entreprises implantées dans la région. C'est notamment le cas de SEW Usocome, à Haguenau, qui a mis au point Mobitrans, une technologie de charge par induction qui permet de recharger sa batterie en positionnant simplement sa voiture au-dessus d'une plaque de transfert placée dans le sol. Le procédé, qui a été expérimenté avec succès, est en cours d'industrialisation. Des zones de recharge, moins coûteuses que des bornes classiques, pourraient ainsi être installées sur l'espace public, les parcs de stationnement ou la voirie. L'appel à manifestation d'intérêt que la région se prépare à lancer vise à multipilier ce type d'initiative.
Anne Lenormand