Personnes âgées - Un coût de 19,3 milliards d'euros pour la maladie d'Alzheimer, dont 14 milliards pour les aidants
A l'occasion de la Journée mondiale sur la maladie d'Alzheimer, la fondation Médéric-Alzheimer publie une étude sur le coût de cette maladie et des troubles apparentés. Réalisée par une équipe de cinq personnes, ce travail apporte un éclairage inédit sur la question de la prise en charge de cet enjeu majeur de santé publique, avec environ 850.000 malades en France et 225.000 nouveaux cas annuels.
Un peu plus de cinq milliards pour le volet sanitaire
L'enseignement le plus immédiat de l'étude est l'estimation du coût global, chiffré à 19,3 milliards par an. Ce chiffre recouvre deux catégories de dépenses : les coûts médicaux et paramédicaux relevant du secteur sanitaire (dépenses hospitalières et dépenses ambulatoires médicales et paramédicales) et le coût de "l'aide informelle". Ce dernier correspond à la valorisation de la prise en charge assurée par les "aidants naturels" (familles et proches du malade).
Le premier poste - correspondant à l'aspect directement médical de la maladie - s'élève à 5,3 milliards. L'essentiel correspond aux dépenses d'hospitalisation (53%). Viennent ensuite 27% de soins paramédicaux libéraux - infirmiers, orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues, masseurs-kinésithérapeutes... -, 13% pour les médicaments "anti-Alzheimer" et 6% pour l'établissement du diagnostic (en libéral et en hospitalier).
Ce coût strictement médical de la maladie d'Alzheimer peut sembler relativement "modeste", par exemple si on le compare à celui du cancer, évalué à 17 milliards d'euros. Il l'est d'autant plus que l'essentiel de cette enveloppe de 5,3 milliards d'euros couvre non pas la prise en charge de la maladie (diagnostic, traitement...) - qui offre d'ailleurs peu de débouchés thérapeutiques pour l'instant -, mais celle des complications qu'elle suscite chez nombre de malades : chutes, troubles du comportement, malnutrition, dépression...
L'apport décisif des aidants familiaux
Le second élément du total de 19,3 milliards d'euros correspond à l'estimation - à partir de plusieurs études menées entre 1993 et 2007 - du coût de l'aide informelle, soit 14 milliards d'euros. L'association France Alzheimer - autre intervenant du secteur - a déjà eu l'occasion de se pencher sur ce sujet (voir nos articles ci-contre du 21 décembre 2010 et du 14 janvier 2011). Les dépenses prises en compte correspondent à la valorisation de l'aide apportée par l'entourage : soins d'hygiène corporelle, aide à l'habillage ou à la marche, aide pour le ménage, gestion du budget... Selon la méthode retenue (coût de remplacement ou coût d'opportunité) et le stade de la maladie (léger, modéré ou sévère), le coût mensuel varie ainsi de 939 à 3.321 euros.
La principale limite de ce travail très éclairant - d'ailleurs reconnue par l'étude elle-même - réside dans son caractère partiel. En effet, dès lors qu'on dépasse le cadre strictement sanitaire pour intégrer la valorisation de la prise en charge par les aidants, largement médicosociale, il aurait été logique d'étendre le champ à l'ensemble de la prise en charge médicosociale (APA, hébergement en Ehpad, dispositif des Maia et des Pasa...), afin d'avoir une vision globale du coût de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés.
Mais l'étude considère que les chiffres en circulation sur ce point - et notamment les 9 milliards d'euros estimés en 2004 par l'Observatoire parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps) - sont très largement dépassés, compte tenu de la montée de la maladie et des nombreux dispositifs nouveaux mis en place depuis cette date. Elle estime donc qu'une étude économique spécifique de ces coûts reste à réaliser".