Emploi - Thierry Repentin veut créer des pactes régionaux pour les jeunes sans qualification
Thierry Repentin, ministre délégué à la Formation professionnelle et à l'Apprentissage, a proposé la mise en place de "pactes régionaux de réussite éducative et professionnelle" pour les jeunes peu ou pas qualifiés, dans le cadre d'une réunion avec les partenaires sociaux organisée le 8 octobre 2012. Cette réunion avait été prévue à l'issue de la conférence sociale des 9 et 10 juillet. Son objectif : discuter des grandes lignes d'un accord-cadre national pour la formation des jeunes et des demandeurs d'emploi. Côté jeunes, la situation ne s'est pas améliorée. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans a ainsi atteint 22,9% au premier trimestre 2012. Or la proportion est bien plus élevée chez les jeunes sans qualification. "Fin 2010, parmi les jeunes ayant terminé leurs études depuis un à quatre ans, le taux de chômage des non-diplômés ou diplômés du seul brevet des collèges est 4,5 fois plus élevé que celui des diplômés du supérieur", détaille le document-cadre du ministère.
Pour résoudre cette question de l'emploi des jeunes sans qualification, le ministre veut donc miser sur des pactes régionaux. Ceux-ci permettront d'établir des objectifs chiffrés de réduction du nombre de jeunes sortant de formation initiale, et du nombre de jeunes sur le marché du travail, sans qualification. Ils seront élaborés à l'initiative des régions "dans le cadre de concertation que constituent les comités de coordination régionaux de l'emploi et de la formation professionnelle (CCREFP)", explique le document. Les régions seront ainsi chargées de leur coordination et de leur animation. Ces pactes seront destinés à constituer une déclinaison opérationnelle des contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles (CPRDFP) et seront signés par le préfet, le recteur, le président de région, et proposés à l'approbation des partenaires sociaux. Ils seront organisés autour de deux volets principaux : "proposer à chaque jeune une solution lui permettant de réamorcer un parcours vers la qualification" et "développer les formations en alternance, notamment pour les premiers niveaux de qualification".
Le retour de l'alternance
Premier point donc : les jeunes sans qualification. Dans le cadre du pacte, le ministère préconise le partage des données disponibles sur les jeunes décrocheurs et les jeunes sans qualification, au chômage ou en situation d'emploi précaire. Un recensement des mesures accessibles, dont les futurs emplois d'avenir, devra être réalisé sur chaque territoire. Le diagnostic, accompagné des mesures accessibles, sorte de "boîte à outils disponibles", permettra de construire sur chaque territoire un plan d'actions, assorti d'objectifs quantitatifs annuels, destiné à réduire le nombre de jeunes sans qualification. "Ce plan d'actions constituera le cœur opérationnel du pacte régional pour la réussite éducative et professionnelle", assure le document-cadre. L'autre volet de ces pactes est l'alternance. Ce mode de formation, qui était un des axes privilégiés par le précédent gouvernement, revient donc sur le devant de la scène. "Les données disponibles soulignent les bons résultats en termes d'insertion professionnelle des formations par alternance, indique le document du ministre. La diversité des formes de l'alternance (apprentissage, contrats de professionnalisation mais aussi lycées professionnels) est une richesse et doit permettre au jeune de choisir une voie de formation qui lui convient."
Le ministère estime ainsi qu'il faut accroître l'offre de contrats en alternance. L'ensemble de ces initiatives et actions seront inscrites dans les nouveaux pactes régionaux de réussite éducative et professionnelle, qui ne sont pas si éloignés des propositions qu'avait faites Gérard Larcher en avril 2012 dans son rapport "Formation professionnelle : clés pour l'emploi et la compétitivité". Le sénateur (UMP) des Yvelines proposait ainsi de créer des pactes de réussite professionnelle, consistant à un recensement des outils et aides existants et au développement de l'alternance, en priorité pour les premiers niveaux de qualification.
Des plans d'actions concertés dans chaque région pour les demandeurs d'emploi
La réunion a également été l'occasion d'aborder la question de la formation des demandeurs d'emploi. Dans ce domaine, le ministère propose de développer la coopération entre les acteurs territoriaux pour mieux partager les besoins des entreprises et des demandeurs d'emploi. Des accords entre l'Etat, la région, les départements, et les partenaires sociaux pourront être ainsi adoptés pour définir des territoires communs d'intervention, mettre en œuvre sur ces territoires des diagnostics partagés et déterminer des objectifs communs d'actions. L'idée de développer un effort particulier pour la formation des moins qualifiés émerge également du document.
"Les moins qualifiés sont proportionnellement ceux qui accèdent le moins à une formation qualifiante alors que ce sont ceux qui auraient le plus besoin, au regard de leur éloignement du marché du travail (chômage de longue durée) ou de la précarité de leur situation professionnelle", détaille le document d'orientation. Et cet effort envers les moins qualifiés passerait par des plans d'actions concertés dans chaque région en direction des demandeurs d'emploi, mis en place dès début 2013, et destinés à améliorer leur accès à la formation. Ces plans pourront notamment s'appuyer sur les crédits disponibles au sein du fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP). La région Provence-Alpes-Côte d'Azur n'a pas attendu les discussions entre l'Etat et les partenaires sociaux pour lancer son propre fonds régional de continuité professionnelle. En octobre 2011, la région a ainsi voté la création d'un fonds dédié à la formation des salariés et des demandeurs d'emploi, reposant sur une gouvernance tripartite : Etat, région et partenaires sociaux. Cette idée de créer des fonds régionaux de sécurisation des transitions professionnelles coordonnant les interventions de l'Etat, des régions, de Pôle emploi et des partenaires sociaux, était aussi présente dans les pages du rapport Larcher. Un autre rendez-vous entre les partenaires sociaux et le ministre est prévu à la mi-novembre.