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Emploi des jeunes - Alain Joyandet dévoile ses mesures pour améliorer l'emploi des jeunes

Dans son rapport sur l'emploi des jeunes remis au président de la République le 12 janvier, Alain Joyandet propose des contrats sans charges sociales pour les jeunes dans les TPE. Il propose aussi la création d'un ministère dédié à l'emploi des jeunes et la signature de contrats territoriaux "parcours jeunes" avec les collectivités. Des mesures qui doivent permettre de créer 350.000 emplois supplémentaires en cinq ans.

Alain Joyandet, député de Haute-Saône, a remis son rapport sur l'emploi des jeunes au président de la République le 12 janvier. Un rapport rédigé à la demande de Nicolas Sarkozy et à l'issue d'une mission de dix-huit mois qui a conduit le député à auditionner des dirigeants d'entreprises, des responsables politiques, des représentants du monde syndical, des responsables associatifs, et à étudier les solutions développées outre-Rhin. Vingt propositions résultent de ce travail pour améliorer l'emploi des jeunes. Celles-ci doivent permettre de créer 350.000 emplois supplémentaires pour les moins de 25 ans dans les cinq ans à venir, dont 20.000 contrats d'apprentissage, 100.000 contrats de professionnalisation et 50.000 contrats sans charges pour les moins de 25 ans dans les très petites entreprises (TPE). Ce dernier point fait figure de mesure-phare du rapport. L'idée de cette mesure conjoncturelle d'urgence est d'exonérer de charges sociales toute embauche d'un jeune de moins de 25 ans dans une TPE. Cette aide serait ouverte pour une durée d'un semestre au minimum, renouvelable une fois. Objectif : permettre l'embauche rapide d'au minimum 50.000 jeunes.
La situation des jeunes reste le point noir de l'emploi en France, avec un taux de chômage à 21,9%. Les moins de 25 ans inscrits comme demandeurs d'emploi à Pôle emploi s'élèvent à 640.000 en novembre 2011, dont 450.000 n'ont eu aucune heure travaillée. Face à cette situation qui persiste malgré les plans successifs, Alain Joyandet avance d'autres propositions, comme "faire entrer l'entreprise à l'école". Le député préconise ainsi de créer à tous les niveaux de l'enseignement et dès le collège un module obligatoire de préparation à la vie professionnelle et de poursuivre la professionnalisation de l'orientation des jeunes, en articulant notamment le nouveau service public de l'orientation avec les acteurs du monde économique et social. Il insiste sur la nécessité de régler les problèmes d'assurance qui se posent pour les stages en entreprise durant les vacances scolaires, prévus dans le cadre de la loi du 28 juillet 2010 pour le développement de l'alternance. Une assurance qui permettrait de couvrir l'ensemble des problèmes de responsabilité et dont le coût serait porté par les chambres consulaires. Ce qui aurait aussi pour effet de faciliter les stages pour tous les jeunes, quel que soit le niveau de revenus de leurs parents.

Des CFA de la deuxième chance et des CFA d'excellence d'entreprise

Le député fixe un objectif encore plus ambitieux que celui du gouvernement en matière d'alternance puisqu'il souhaite faire passer de 600.000 à 900.000 le nombre d'alternants d'ici à 2017, contre 800.000 visés par le gouvernement d'ici 2015. Et pour ce faire, il recommande d'exonérer de charges sociales tous les contrats en alternance préparant à des diplômes ou des qualifications de niveau bac et BEP. Une exonération qui devrait permettre l'embauche de 150.000 jeunes de plus en contrat d'apprentissage et 50.000 jeunes en contrat de professionnalisation. Elle serait financée par un redéploiement des aides existantes.
Une modulation des aides publiques à l'apprentissage, en fonction de l'engagement de l'entreprise et du jeune, est également envisagée. A l'heure actuelle, les aides sont versées à toutes les entreprises, quels que soient le profil du jeune ou le taux de recrutement des apprentis formés dans l'entreprise et diplômés. La mesure "permettrait aux petites entreprises, grâce à une aide publique plus importante, de recruter davantage de jeunes puis à terme de les fidéliser", détaille le rapport.
Le député de Haute-Saône propose aussi de créer au moins un centre de formation d'apprentis (CFA) de la deuxième chance dans chaque département pour régler le problème des décrocheurs scolaires, évalués à 250.000 entre juin 2009 et mars 2010 par l'Education nationale. Des CFA permettant une remise à niveau minimum et une découverte de plusieurs types de métiers. Il avance aussi l'idée de CFA d'excellence d'entreprise qui, grâce à des conditions favorables pour les entreprises (non-paiement de la contribution au développement de l'apprentissage notamment), permettraient de développer l'intérêt des entreprises pour ce mode de formation.

"Grande cause nationale"

Le rapport s'intéresse également à la gouvernance de l'emploi des jeunes. Il propose de créer un ministère dédié à l'emploi des jeunes pour assurer une continuité entre la formation initiale et l'entrée dans la vie active et permettre à tous les acteurs concernés de travailler ensemble. "Grâce à ce rapprochement institutionnel, les structures actuelles qui visent toutes le même objectif (Pôle emploi, CIO, missions locales, CIDJ, etc.) dépendraient de la même tutelle", explique le rapport. Le ministère piloterait la politique d'emploi des jeunes et serait doté d'un budget interministériel regroupant en un programme unique les crédits budgétaires de l'emploi des jeunes, de la formation professionnelle, de l'information et de l'orientation scolaire et universitaire.
Un pôle "avenir jeunes" pourrait aussi être créé, sous la forme d'un groupement d'intérêt public, rassemblant les structures en charge des jeunes. Alain Joyandet avance aussi l'idée d'instituer un contrat territorial "parcours jeunes" qui serait conclu entre l'Etat et les collectivités territoriales. Ce contrat préciserait les moyens et les contributions apportés par chacun et s'appuierait sur les structures "avenir jeunes". Enfin, le député souhaite que l'emploi des jeunes puisse obtenir la nomination "grande cause nationale".
Coût total des mesures avancées : 1,325 milliard d'euros sur cinq ans. Autant de propositions qui serviront de base de discussion lors du sommet pour l'emploi qui aura lieu le 18 janvier 2012.