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Sport - Sport et développement durable : Chantal Jouanno prône le réalisme

260.000 équipements sportifs, dont la moitié a plus de 24 ans ; 2,5 millions de compétitions organisées chaque année ; 12 millions de balles de tennis qui, pour la plupart, finissent dans nos poubelles… En quelques exemples précis, Chantal Jouanno, ministre des Sports, a défini l'enjeu "immense" de la stratégie nationale de développement durable du sport 2011-2013 (SNDDS), présentée mardi 3 mai au musée du Quai Branly, à Paris.
La SNDDS est le fruit de neuf mois de concertation entre le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), des fédérations sportives, des associations d'élus (AMF, ADCF, ADF, ARF), l'Ademe, des services déconcentrés du ministère, le ministère de l'Ecologie et le Centre national de développement du sport (CNDS). Une concertation qui a abouti à la définition de 234 leviers d'action et 12 priorités. "J'ai voulu que soient identifiées les actions les plus efficaces et les plus réalistes. Nous avons un devoir de crédibilité", a déclaré la ministre.

Quatre valeurs cardinales

Les priorités ont été élaborées selon deux niveaux : l'impact sur l'environnement et/ou le champ social des mesures, et la faisabilité de l'action (durée de mise en oeuvre, coût, etc.). Elles se déclinent en quatre valeurs : l'exemplarité, le respect de la planète et des territoires, le respect des personnes dans leur diversité, le respect des acteurs.
Si la première valeur ne concerne que l'action propre du ministère, la deuxième englobe plusieurs objectifs : poursuivre les efforts d'optimisation de la demande en transport en modifiant l'organisation de la pratique sportive ; favoriser l'utilisation de modes de transports à moindre impact ; accompagner les acteurs à consommer et produire durablement ; contribuer à l'amélioration de la qualité environnementale des infrastructures ; engager le monde sportif dans la préservation et la gestion durable de la biodiversité.
La troisième valeur va s'attacher à promouvoir l'activité physique et sportive comme facteur de santé et de bien-être, promouvoir un sport pour le plus grand nombre basé sur l'équité et le respect de la personne et favoriser l'utilisation du sport comme source de cohésion sociale, d'éducation et de développement personnel. Quant à la dernière valeur, elle visera à sensibiliser, éduquer et former l'ensemble des acteurs du sport au développement durable et faciliter le partage des bonnes pratiques ; favoriser la mise en oeuvre de démarches de développement durable par les organisations sportives dans une dynamique de gouvernance partagée ; enfin, concevoir les événements sportifs de manière responsable et utiliser les grands événements internationaux comme moteur d'innovation et vitrine du savoir-faire français.

De la stratégie à l'action

Au-delà du cadre stratégique, Chantal Jouanno a annoncé des actions précises. Tout d'abord le lancement de l'évaluation de la performance énergétique du parc des équipements sportifs. Un ensemble qui, avec les équipements culturels et de loisirs, produit chaque année l'équivalent des émissions de CO2 de 300.000 Français. Les exigences pour l'organisation des événements sportifs, et en particulier les grands événements, vont être renforcées. Pour Chantal Jouanno, la candidature d'Annecy aux Jeux olympiques de 2018, qui ambitionne de proposer les Jeux les plus écologiques possibles, "est un bon exemple de ce vers quoi nous devons tendre". Et la ministre de préciser que la Caisse des Dépôts, partenaire de la candidature, s'est notamment engagée, à travers sa filiale CDC Biodiversité, à élaborer un plan d'actions permettant de réduire au maximum l'empreinte sur le milieu naturel et de compenser les impacts résiduels
Dans le secteur des entreprises sportives, des modes de production et de consommation plus économes en ressources et en énergie vont encore être encouragés. Et un accompagnement des entreprises pour qu'elles mettent en place des analyses de cycles de vie et développent des méthodes d'écoconception sera mis sur pied.

"Accompagner les élus locaux"

Chantal Jouanno est encore revenue sur la civiconditionnalité des aides aux clubs dont les projets doivent désormais comprendre un volet éthique et des actions destinées à ramener vers la pratique les personnes les plus éloignées : jeunes filles "des quartiers", personnes âgées, personnes handicapées, etc. L'ensemble des diplômes délivrés par le ministère des Sports intégreront en outre l'éducation à l'environnement et au développement durable dans les certifications. Par ailleurs, après l'édition de 2010, les secondes Assises nationales du sport et du développement durable seront organisées en 2012 pour faire un bilan intermédiaire sur l'avancement de la mise en oeuvre de la SNDDS.
Pour Localtis, la ministre a enfin évoqué le rôle des collectivités locales dans la SNDDS : "Les élus sont des éléments-clés dans ce dispositif. Nous allons mener avec eux, qui sont les décideurs en matière d'équipements, des diagnostics énergétiques, par exemple sur les piscines à rénover ou à construire. Nous allons aussi les accompagner dans l'organisation d'événements verts, comme les courses sur la voie publique."
1,5 million d'euros seront mobilisés sur trois ans pour mettre en oeuvre la SNDDS 2011-2013. Le ministère des Sports participera à hauteur de 50%. Les autres financeurs seront notamment l'Ademe, l'Afnor et la Fédération des professionnels des entreprises du sport et des loisirs.

Jean Damien Lesay

Une préoccupation planétaire

Alors que la France lançait sa stratégie nationale de développement durable du sport, la 9e Conférence mondiale sur le sport et l'environnement se tenait au Qatar du 30 avril au 2 mai 2011. Organisée par le Comité international olympique (CIO) en partenariat avec le comité olympique du Qatar et le programme des Nations unies pour l'environnement, elle a réuni plus de 650 participants.
Cette conférence a abouti à l'adoption de la Déclaration de Doha, laquelle met en avant trois domaines d'action principaux en relation avec les trois piliers du développement durable :
- le lien entre la conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement et le mouvement olympique : le sommet Rio +20 de 2012 sera l'occasion de mettre en valeur la contribution du sport au développement durable en le présentant comme un catalyseur de changement et comme un moyen d'atteindre l'objectif 7 des Objectifs du millénaire pour le développement (préserver l'environnement) ;
- l'engagement des jeunes, notamment à travers des Jeux olympiques de la Jeunesse ;
- les partenariats, en optimisant le rôle d'observateur à l'ONU et en coopérant avec UN-habitat, la PNUD, l'Unesco et les ONG.
Il a également été rappelé que la collaboration avec les gouvernements et collectivités locales était indispensable pour conduire un agenda durable.

J.D.L.

 

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