Transports - Salon européen de la mobilité : financement et logistique urbaine au menu
Faut-il mettre à contribution l'usager pour continuer à investir dans les transports publics ? La question a été posée le 6 juin, lors du cinquième Salon européen de la mobilité à Paris. En Europe, certaines collectivités locales explorent cette voie. C'est le cas de la ville de Turin, en Italie, où le prix du ticket moyen est passé de 1 euro à 1,5 euro. Mais dans l'Hexagone, la contribution de l'usager n'est pas la principale source de financement des transports : c'est le versement transport (VT) qui arrive en tête, à hauteur de 45% en moyenne selon les spécialistes. Recouvré par les Urssaf, qui délivrent désormais plus d'informations dès lors que son taux est modifié, cet impôt suscite des convoitises. Ainsi, Jean-Claude Gayssot, vice-président de la région Languedoc-Roussillon et ancien ministre des Transports, ne cache pas son envie de reprendre la main sur ce dispositif. Des régions qui toucheraient le VT et le redistribueraient elles-mêmes aux autorités organisatrices ? Un doux rêve, qui semble relever de la guéguerre classique entre agglomérations et régions... Yves Krattinger, sénateur et président du conseil général de Haute-Saône, en nuance d'ailleurs la portée, car les "régions et agglomérations ont chacune des périmètres de réseaux de transports et des spécificités qui leur sont propres".
Gérer les livraisons urbaines
Sur un tout autre sujet, celui du stationnement et des livraisons en ville, il fut aussi question de périmètre. "Les maires sont dans le flou sur ce qui rentre ou non dans leur périmètre d'actions. Que peuvent-ils faire pour mieux encadrer les livraisons ? Qu'est-ce qui fonctionne sur le terrain ?", s'interroge ainsi Hervé Marseille, sénateur-maire de Meudon. Et Pascale Pécheur, de la Fédération nationale des métiers du stationnement, d'ajouter : "Il manque un véritable leadership public sur le stationnement. Sa réglementation relève des pouvoirs de police du maire, mais c'est l'Etat qui collecte les amendes et redistribue une partie de leur produit aux collectivités. En dépénalisant le stationnement payant sur voirie, en s'organisant localement, à un niveau plus décentralisé, on pourrait aboutir à un service public plus souple."
Par ailleurs, pour appuyer le développement d'une logistique urbaine, les élus ont certains outils à leur disposition. "Lorsqu'ils révisent leurs plans de déplacements urbains (PDU), ils peuvent fixer quel ratio de surface est à réserver à la livraison dans tout nouveau projet de création de magasin ou de supermarché", indique Hervé Marseille. En effet, l'un des principaux obstacles au retour de la logistique en ville est le coût du foncier et le manque d'espaces disponibles. "Le secret pour en trouver, c'est de mieux mutualiser. Il y a par exemple un potentiel dans les parkings privés d'entreprises, qui sont la plupart du temps vides la nuit", a conclu Marc Teyssier d'Orfeuil, délégué général du Club du dernier kilomètre de livraison, qui s'est créé l'an dernier.