Revitalisation des villes moyennes : une expérimentation sur vingt territoires
Le gouvernement lance une expérimentation dans vingt villes moyennes des régions Centre-Val de Loire, Grand Est et Occitanie pour analyser leurs difficultés et leurs besoins. Une démarche qui doit impliquer les associations d'élus, même si pour le moment, Villes de France n'a pas été consultée.
Dix ans après une première initiative, le gouvernement lance une nouvelle expérimentation dans vingt villes moyennes pour analyser les difficultés qu'elles rencontrent - démographie déclinante, perte d'emplois, paupérisation de la population... - et leurs besoins. L'expérimentation faisait partie des préconisations du rapport d'Yves Dauge, ancien sénateur maire socialiste de Chinon, "Plan national en faveur des nouveaux espaces protégés" remis début février 2017 au Premier ministre (lire notre article du 3 février). Dès la remise de ce rapport d'ailleurs, Bernard Cazeneuve avait fait savoir que cette expérimentation serait effectivement conduite.
Dans une communication présentée le 12 avril en conseil des ministres, le ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales a précisé les objectifs de cette démarche qui sera menée dans trois régions (Centre-Val de Loire, Grand Est et Occitanie) : identifier précisément les obstacles rencontrés par ces villes qui pourraient entraîner des modifications législatives ou réglementaires, encourager les villes à élaborer des projets transversaux de revitalisation et les accompagner par une mobilisation accrue de moyens d'ingénierie.
L'expérimentation doit aussi permettre d'améliorer les synergies entre les différents dispositifs d'intervention, qui souffrent souvent d'un manque de pilotage global et de créer une dynamique collective grâce à la mise en réseau des villes retenues. "Certaines d’entre elles pourront bénéficier d’un appui spécifique en ingénierie pour élaborer leur projet de revitalisation : lancement d’un appel à candidature pour des ateliers des territoires, nouvelles missions Aider (appui interministériel au développement et à l’ingénierie en milieu rural)", a précisé le ministre. Le Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) est chargé de la coordination interministérielle du dispositif. Il doit aussi animer le comité de pilotage national.
Une extension du dispositif dès le 1er janvier 2018
Ce comité de pilotage "sera ouvert aux associations d'élus concernées", a précisé le ministre dans sa communication. Toutefois, pour le moment, Villes de France, l'association d'élus la plus concernée car représentant les villes et agglomérations de taille infra-métropolitaine, n'a pas été associée au dispositif, contrairement à la première expérimentation.
Le lancement de cette dernière, en 2007 (voir notre article du 26 septembre 2007), correspondait à un travail de diagnostic important alors conduit par la Diact - redevenue ensuite la Datar avant de devenir le CGET - avec la Fédération des maires des villes moyennes (FMVM), renommée depuis Villes de France. L'appel à expérimentations avait été logiquement conduit en collaboration avec l'association d'élus. Il portait sur quatre thématiques structurantes : l'enseignement supérieur, avec les villes Albi, Auch, Bourges, Mâcon, Montbéliard, Roanne, Saint-Brieuc, Tarbes et Troyes, la santé et l'offre de soins (Boulogne-sur-Mer et Castres Mazamet), l'accessibilité et les transports (Brive-Tulle, Montauban et Le Puy-en Velay) et le logement et le renouvellement urbain (Béthune, Châlons-en Champagne, Creil, Lens-Liévin, Saint-Omer et Saumur).
"Pour cette nouvelle expérimentation, nous ne connaissons même pas les villes concernées ; nous n'avons pas été associés, cela s'est fait sans concertation", assure-t-on à Villes de France. L'association d'élus s'interroge aussi sur l'impact d'une expérimentation lancée quelques semaines avant le début d'un nouveau quinquennat. "Cela paraît un peu absurde."
Le projet du gouvernement est de permettre, à partir des résultats de l'expérimentation, une extension du dispositif aux autres régions dès le 1er janvier 2018 et d'engager les adaptations législatives nécessaires.
La France compte 197 villes moyennes représentant 15 millions de personnes, soit près d'un quart de la population.