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Création d'emplois - Reprise : le Sud-Ouest rit, le Nord-Est pleure

Le cabinet Trendeo juge les perspectives économiques pour la France "peu engageantes" en 2012. L'économie verte fait les frais de ce climat d'incertitudes : pour la première fois, la filière solaire a perdu des emplois l'an dernier. Toutefois, toutes les régions ne sont pas dans cette situation, l'Aquitaine étant la plus dynamique avec un solde positif de plus de 7.100 emplois créés l'an dernier. Les indices conjoncturels de la Banque de France pour le mois de mars semblent confirmer un climat de reprise dans le Sud-Ouest.

Le mouvement de reprise qui prévalait depuis la mi-2009 s'est interrompu fin 2011. C'est l'avis de David Cousquer, gérant du cabinet Trendeo qui vient de publier une étude réalisée à partir des données de l'Observatoire de l'investissement. Et les perspectives 2012 sont peu "engageantes"...
2011 est ainsi qualifiée d'"année blanche" par le cabinet : certes, les suppressions d'emplois ont diminué de 31%, mais les créations elles aussi ont baissé de 26%. Ce qui "reflète une sorte de ralentissement de l'activité, qui semble figée dans l'expectative", traduit le cabinet.
Le vrai basculement est celui de la filière verte, dont les créations d'emploi ont chuté de 34% en 2011, à 3.612, alors qu'elle était sur un rythme de 5.500 créations annuelles au plus fort de la crise. Premier touché : le solaire qui, pour la première fois, perd des emplois. Son poids dans l'économie verte est passé de 50% à 35% d'emplois créés. Une situation qui n'est pas propre à la France, mais qui y a été accentuée par les choix fiscaux, certaines entreprises ayant dû stopper leurs investissements, quand elles n'ont pas été placées en redressement judiciaire à l'instar de l'usine Photowatt, à Bourgoin-Jallieu.
Autre secteur en berne : l'automobile, avec plus de 43.000 suppressions nettes en trois ans. Après une reprise début 2011, l'année se termine sur une aggravation de la situation.
A l'opposé, d'autres secteurs continuent de créer de l'activité, notamment dans les services. 18.600 créations nettes en 2011 : le commerce est le secteur le plus dynamique. Viennent ensuite l'information et la communication, l'hébergement et la restauration, la santé et l'action sociale et les services à la personne. Ces derniers continuent de se développer fortement à la faveur du chèque emploi-service universel. Si l'on y ajoute les centres d'appels, ce sont 30.000 emplois créés entre 2009 et 2011. Le secteur des logiciels a pour sa part créé près de 23.000 emplois en trois ans, avec une forte concentration à Paris, Nantes, Boulogne-Billancourt, Versailles, Toulouse, Lille, Nanterre et Rennes. Au niveau de l'industrie, c'est l'aéronautique qui s'en sort le mieux, avec 3.400 emplois créés en trois ans, 5.000 si l'on y ajoute les sous-traitants et les bureaux d'ingénierie. La logistique crée aussi de l'activité, avec 12.000 nouveaux emplois en trois ans et une forte concentration autour des métropoles, le long d'un axe Paris-Lyon-Marseille et autour de Toulouse. "On observe de nombreuses fermetures en région parisienne et dans l'Est", constate cependant l'étude.

L'Aquitaine, région la plus dynamique

Ces tendances sectorielles devraient conforter les prévisions de l'économiste Laurent Davezies qui, dans son rapport de 2010 "La Crise et nos territoires : premiers impacts", soulignait la vulnérabilité des régions productives et une plus grande résistance des régions résidentielles... Toutefois, le classement régional de Trendeo réserve quelques surprises. Avec 7.106 créations nettes l'an dernier (12.340 sur trois ans), l'Aquitaine est la région la plus dynamique. Un succès qui s'explique par "la force des créations dans le secteur du commerce et ensuite le dynamisme de l'industrie manufacturière". A noter la performance du Nord-Pas-de-Calais qui se classe deuxième avec 8.865 emplois créés sur trois ans et une accélération l'an dernier avec 5.946 créations nettes. La région fait figure d'exception parmi les régions industrielles du Nord-Nord-Est qui toutes perdent de l'emploi (sur le Nord-Pas-de-Calais, voir ci-contre notre article du 10 avril 2012). La Lorraine perd ainsi 6.536 emplois en trois ans.
L'étude montre le décalage parfois saisissant entre le montant des investissements étrangers et l'activité créée. Sur les cinq régions concentrant 67% des investissements en 2011 (Ile-de-France, Rhône-Alpes, Alsace, Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte d'Azur) recensés par l'Afii (Agence française pour les investissements internationaux), seule Midi-Pyrénées figurent dans les cinq régions les plus dynamiques. Rhône-Alpes ne se classe que 12e, l'Alsace 17e et l'Ile-de-France, qui concentre à elle seule un tiers des investissements étrangers, que 21e ! En trois ans, la région capitale a perdu 7.086 emplois, les années 2010 et 2011 n'ayant toujours pas permis d'éponger la saignée de 2009. Principaux secteurs défaillants : le conseil et les services, l'administration et les centres d'appels, alors qu'en moyenne ils ont été ailleurs pourvoyeurs de nouveaux emplois.

Baisse de confiance dans l'industrie francilienne

Les prévisions pessimistes de Trendeo pour 2012 semblent confortées par les indicateurs mensuels régionaux de la Banque de France qui jaugent le climat des affaires auprès des chefs d'entreprise. Ce climat est évalué à partir d'une tendance moyenne de long terme (indice 100) : une augmentation de cet indice traduit une amélioration du climat conjoncturel, une baisse, une dégradation, explique la Banque de France. La reprise amorcée en février semble se confirmer en Aquitaine au mois de mars et pourrait se poursuivre en avril. Selon la Banque de France, elle serait "essentiellement technique" et obtenue "grâce au rebond attendu de quelques branches industrielles et de certains services aux entreprises". Midi-Pyrénées, qui est parvenue à créer 8.500 emplois en trois ans, semble aussi dans une dynamique : le moral des patrons est à un niveau élevé aussi bien dans l'industrie que dans les services. Tirée par l'aéronautique, la production industrielle se porte bien, les carnets de commandes sont remplis.
En Ile-de-France, la tendance est à une baisse de confiance dans l'industrie avec un indice qui passe de 102 à 98,8, mais aussi à une reprise dans les services marchands qui prennent le chemin inverse (101 au lieu de 98). L’activité industrielle francilienne a ralenti en mars du fait des baisses de cadences dans les secteurs des matériels de transport et de la fabrication des denrées alimentaires. Toutefois, les hauts niveaux de commandes dans l'aéronautique et les équipements électriques, électroniques et informatiques laissent présager un redressement. Les services, qui occupent plus de 66% des emplois régionaux, sont orientés à la hausse.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, le climat des affaires se stabilise dans l'industrie mais il reste très bas, à 88. La production industrielle, tirée par la fabrication de matériels de transport et les industries alimentaires, repart ainsi doucement. Les carnets de commandes restent toutefois à un bas niveau. Le moral se détériore nettement pour les services marchands avec un indice en chute de cinq points, à 91, en dépit d'une augmentation de l'activité.  

 

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