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Attractivité - Investissements internationaux : Paris peine devant les capitales émergentes

Paris résiste tant bien que mal à la montée en puissance des capitales des pays émergents, d'après les données de l'édition 2012 de l'Observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles mondiales. La ville se situe ainsi en sixième position et perd une place. En dehors de Londres qui caracole loin devant, Paris reste la première destination des investissements internationaux au niveau européen.

Paris tente de résister à la montée en puissance des capitales des pays émergents, déjà amorcée en 2010,  mais cède encore du terrain. D'après l'édition 2012 de l'Observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles mondiales, publiée mercredi 14 mars, la capitale française se place ainsi en sixième position au niveau mondial en termes d'investissements internationaux, avec 150 projets, alors qu'elle était classée cinquième en 2010 avec 170 projets. Selon cette étude réalisée pour la troisième année par Paris-Ile-de-France Capitale économique et KPMG, 2011 est marquée par un retour des investissements internationaux, en progression de 9% avec une forte concentration dans la "Grande Europe".
Au devant de la scène se trouve encore une fois Londres, avec 389 projets. Une métropole considérée comme un "animal à part, disposant d'une image très différente des autres", insiste Nicolas Beaudouin, directeur de pôle chez KPMG. Suivent Shanghai (309 projets), Hong-Kong (239), et Sao Paulo (195) qui poursuit sa fulgurante progression. La métropole brésilienne passe ainsi de la septième à la quatrième place en un an. Elle était classée douzième en 2009 !
Le bilan sur les années 2007-2010 fait apparaître Paris en quatrième position, derrière Londres, Shanghai et Hong-Kong, mais la diminution du nombre de projets d'investissements à Paris est significative, passant de 201 projets en 2007 à 150 en 2011... L'écart se creuse un peu plus avec Londres dont les investissements sont passés dans le même temps de 233 à 389.
En dehors de Londres classée à part, Paris reste toutefois la première destination des investissements internationaux en Europe occidentale. La région capitale demeure aussi "la locomotive de la France, avec près de 50% de l'ensemble des investissements faits en France", souligne Pierre Simon, président de Paris-Ile-de-France Capitale économique. Et parmi ses atouts : la qualité du personnel et des infrastructures, et une économie diversifiée. Ainsi, la part de l'industrie dans les investissements internationaux correspond à Paris à 5%, contre 1% à Londres et New York. "C'est l'unique métropole européenne qui a la capacité d'attirer des investissements dans l'industrie", précise Chiara Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France Capitale économique. Paris diversifie aussi ses sources d'investissements, ce qui, selon les auteurs de l'étude, constitue un "signe positif pour l'avenir". Ainsi, 38% des investissements à Paris proviennent d'Europe, 37% d'Amérique du Nord, 20% d'Asie et 5% du Moyen-Orient.

Une image de pays très réglementé

En revanche, Paris pâtit d'une image bureaucratique et sa capacité d'innovation n'est pas perçue à sa juste valeur. "Il y a deux fois plus de chercheurs à Paris qu'à Londres, et deux fois plus de brevets déposés en 2010, pourtant la ville citée comme étant la plus novatrice reste Londres", regrette Pierre Simon, estimant qu'il faut valoriser ces atouts méconnus. D'autres points comme l'instabilité fiscale et la réglementation, considérée comme trop contraignante, constituent des freins aux investissements pour la capitale française. "On a une image de pays très réglementé avec des processus très longs", assure Pierre Simon.
L'étude montre par ailleurs qu'il y a toujours une forte concentration des investissements internationaux dans les grandes métropoles. Les cinq premières métropoles concentrent ainsi 50% des investissements réalisés dans l'ensemble des 22 métropoles. "C'est une concurrence entre des grands territoires, détaille Pierre Simon. Les métropoles ont une approche totalement marketing comme pourraient l'avoir de grandes entreprises et dans cette concurrence, partout où ça fonctionne, il y a un projet ambitieux de ville avec une mobilisation collective. Pour Paris, c'est le Grand Paris qui peut jouer ce rôle, s'il est géré dans la continuité, c'est-à-dire le respect des délais, et de manière collective." Sur ce point, le président de Paris-Ile de France Capitale économique place ses espoirs dans la signature le 26 janvier 2012 d'une déclaration commune pour l'attractivité internationale et la promotion du Grand Paris.